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Isidore Biyiha : «Nous devons parler d’une seule voix. Personne ne parlera de l’Afrique à notre place»

Isidore Biyiha, DG du Guichet unique du Cameroun et ancien président de l’Alliance africaine du commerce électronique, était l’invité de «L’Info en Face» du Groupe «Le Matin», à l’occasion de la Conférence internationale des guichets uniques organisée du 26 au 28 septembre à Marrakech. Une occasion pour partager son analyse sur l’état actuel du continent africain qui est malmené notamment par la guerre en Ukraine et sur ce qu’il faut faire pour permettre à l’Afrique de se prendre en charge et de faire partie du nouvel ordre mondial.

Isidore Biyiha :  «Nous devons parler d’une seule voix. Personne ne parlera de l’Afrique à notre place»

Le continent africain est bien impacté par la guerre en Ukraine, au même titre que le reste du monde. Une donne dont il faut tirer des leçons pour permettre à l’Afrique de se prendre en charge et de faire partie du nouvel ordre mondial. C’est ce qu’a souligné Isidore Biyiha, le directeur général du Guichet Unique du Cameroun et ancien président de l’Alliance africaine du commerce électronique, qui était l’invité de «L’Info en Face» du Groupe «Le Matin», en marge de la Conférence internationale des guichets uniques tenue du 26 au 28 septembre à Marrakech. «Il y a une réelle menace pour l’Afrique. Je pense qu’il est temps pour les pays de la région de mettre en œuvre ce qu’ils ont en leur pouvoir pour limiter le choc», a déclaré Isidore Biyiha. Il affirme qu’avec «les crises de matières premières, énergétiques et alimentaires, nous nous sommes rendu compte à quel point nous étions dépendants du blé russe, ce qui a induit des conséquences très graves». Le spécialise pense «qu’aujourd’hui, il y a cette prise de conscience de faire partie de ce nouvel ordre mondial dont les enjeux sont énormes». Selon lui, relever le niveau des pays de la région devient désormais primordial pour leur développement et pour le développement du commerce.

Une Afrique unie pour aller de l’avant

Pour s’en sortir, il appelle à une réelle remise en cause pour atteindre une auto-suffisance. «La réserve foncière en Afrique est la plus importante du monde. Sur le plan agricole, pourquoi ne pas avoir, par exemple, des cultures qui permettent au continent de se nourrir ?»
Selon lui, l’Afrique peut s’auto-suffire sur plusieurs plans puisque le continent regorge de ressources naturelles. «Il est temps d’avoir une réelle conscience des enjeux et de parler d’une seule voix. Personne ne parlera de l’Afrique à notre place».

Si l’attractivité du continent est désormais reconnue «par les experts internationaux», la Zlecaf pourrait mettre en avant tout son potentiel. «C’est une initiative extrêmement importante qui va contribuer à améliorer la situation économique et sociale de la région. Aujourd’hui, tous les pays africains sont d’accord et en harmonie par rapport à cette initiative», indique l’invité de Rachid Hallaouy. «Je pense que sa mise en œuvre est une des réponses à la situation actuelle». Avec toutes les ressources dont regorge le continent, la zone de libre-échange continentale africaine pourrait «résoudre beaucoup de problématiques liées aux crises comme celle que nous subissons actuellement». 
Il affirme, par ailleurs, que la Zlecaf se doit de réussir. Et pour ce faire, «il faut que tous les acteurs concernés participent activement à ce projet, en commençant par les pays de l’Union africaine qui ont adhéré et validé cette initiative».

Face à la hausse des coûts du fret, Isidore Biyiha insiste sur l’importance de renforcer le volet maritime sur le continent pour plus de compétitivité. «Avoir une compagnie maritime africaine forte serait l’idéal pour faire face aux géants internationaux du secteur qui sont très puissants». Selon lui, pour y parvenir, il faudrait que l’Afrique se parle. «Créer cette compagnie maritime doit se discuter au niveau de la concertation entre les différents États. Il faut qu’ils réfléchissent au niveau continental aux mesures à prendre pour coexister tout simplement».
Toutefois, l’ancien président de l’Alliance africaine du commerce électronique explique que ce n’est pas le seul enjeu pour renforcer l’attractivité et la compétitivité de la région. «Il faut que nos ports soient actifs pour pouvoir mener des négociations avec les compagnies maritimes. Parce qu’in fine, c’est nous qui consommons et donc nous avons notre mot à dire», développe l’expert. Et d’ajouter qu’«il faut également que nos capacités de négociation soient suffisamment importantes pour qu’au final nous ne subissions pas, comme c’est le cas aujourd’hui».

Transformation digitale du continent

Si le continent est considéré à la traîne en ce qui concerne la transformation digitale, le DG de Guichet Unique du Cameroun n’est pas exactement de cet avis. «Il ne faut pas considérer que tout est perdu ou que nous n’allons pas nous mettre à niveau de cette modernisation. Je pense que des efforts sont faits dans ce sens et nous ne pouvons que les encourager». Et pour illustrer ses propos, l’expert rappelle les «immenses efforts» initiés par le Cameroun pour la modernisation de ses ports ou encore les ports «modernes et connectés» du Congo.
Le spécialiste affirme également l’importance d’accélérer la transition digitale. «L’Afrique est en train de se connecter. De toutes les façons, il faut se mettre à l’évidence que nous ne pouvons pas retourner en arrière.

Et la digitalisation permet aujourd’hui de réduire toutes les failles que nous avions pu constater notamment au niveau du commerce international».
Isidore Biyiha développe que la digitalisation permettra de réduire les circuits entre importateurs et fournisseurs, «puisque tout se passerait de manière digitale en temps réel», drainant d’énormes économies. Citant l’exemple marocain, l’expert affirme que c’est un modèle à suivre. «Nous avons la capacité d’évoluer avec nos moyens et à un rythme précis», conclut-il. 

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