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Les jeunes de plus en plus accros aux jeux vidéo, quel impact sur leur santé ?

La dépendance aux jeux vidéo est reconnue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme une maladie depuis 2019. Mais au lieu de décélérer, le phénomène a pris de l'ampleur chez les jeunes et les enfants, en particulier après la pandémie de la Covid-19. Les spécialistes soulignent que le rôle des parents est important pour lutter contre cette addiction et son impact sur la santé physique et mentale.

Les jeunes de plus en plus accros aux jeux vidéo, quel impact sur leur santé ?
Le CESE propose de définir, dans le cadre d’un Plan national d’urgence contre les addictions, les mesures permettant de prévenir l’utilisation précoce ou de retarder l’âge d’utilisation d’internet et des jeux vidéo.

Les jeux vidéo sont clairement une addiction chez bon nombre de jeunes et d’enfants. Dans son dernier rapport, le Conseil économique social et environnemental (CESE) a révélé que parmi les adolescents âgés de 13 à 19 ans, 40% ont un usage problématique à Internet, notamment les jeux en ligne qui représentent 43% des activités des internautes, et environ 8% sont en situation d’addiction. Docteure Imane Kendili, addictologue et psychiatre, qui a été auditionnée par la Commission permanente du CESE en charge des Affaires sociales et de la solidarité, a souligné que le phénomène de l’addiction aux jeux vidéo a pris de l’ampleur avec la crise sanitaire de la Covid-19.

«Depuis le début de la pandémie, il ne se passe pas une journée sans que l’on ait des consultations pour des addictions liées aux jeux vidéo. C’était moins fréquent avant. C’est surtout le confinement avec l’enseignement à distance qui a accru les addictions. Cela s’est caractérisé par un accès aux écrans plus important qu’en temps normal. Mais de nombreux élèves se sont détournés des cours en ligne au profit des jeux vidéo», témoignage Dr Kendili. Cette dernière affirme qu’on se retrouve non seulement face à une multiplication des situations de dépendance aux jeux vidéo au Maroc, mais aussi à la difficulté pour les familles d’y faire face. «Sachant que peu de familles disposent de l’information et des moyens suffisants pour en identifier le besoin et s’adresser à des praticiens spécialisés, on ne peut que deviner l’ampleur de ce nouveau phénomène de dépendance», indique l’addictologue.

Ce que beaucoup de personnes ignorent est que cette addiction est loin d’être sans conséquence sur la santé. D’ailleurs, en dépit des pressions exercées par les industriels et certains pays tirant des revenus importants de ce secteur d’activité, la dépendance aux jeux vidéo est reconnue par l’Organisation mondiale de la santé comme une maladie depuis 2019. L’OMS définit ainsi l'addiction aux jeux vidéo comme un comportement qui se caractérise par une perte de contrôle sur le jeu, au point que celui-ci prend le pas sur d’autres centres d’intérêt et activités quotidiennes, et par la poursuite ou la pratique croissante du jeu en dépit de répercussions dommageables. «Les risques pour la santé physique et psychologique de l’enfant ou du jeune liés à une dépendance aux jeux sont bien réels. Le premier risque, physique, est dû à l’immobilité pendant un grand nombre d’heures réparties dans la journée ou dans la semaine. Et pourtant, on connaît déjà les dangers et les risques de développer des maladies liées à la sédentarité qui jusque-là touchaient principalement les gens qui passent leur vie assis dans un bureau... Désormais place aux jeunes. L’absence de mouvements physiques et de synchronisation de ses mouvements et de ses mimiques avec un entourage risque d’engendrer des problèmes vraiment sérieux», nous explique Dr Bernard Corbel, psychologue. «L’autre grande catégorie de risques est constituée par les risques psychologiques, lesquels sont particulièrement sérieux, car nombre de jeux proposés diffusent des messages négatifs qui laissent généralement penser que les hommes y sont le plus souvent représentés comme violents et les filles comme objets sexuels. Ces jeux sont susceptibles de modifier le cerveau en produisant de véritables réflexes conditionnés. Certaines recherches viseraient à établir des liens entre l’excès de consommation de jeux et l'internet par rapport à des troubles schizophréniques, des syndromes de stress post-traumatique et plus souvent de dépression», développe-t-il.

Le rôle des parents déterminant
Le psychologue recommande aux parents de ne pas s’opposer globalement aux jeux vidéo, mais d'apprendre plutôt à «entrer» dans ces jeux pour les connaître et les comprendre et pour pouvoir en partager quelque chose avec leurs enfants. «Dans certains cas, ceci leur permettrait de vérifier que ces jeux respectent les valeurs souhaitées en famille. Les parents devraient de plus éviter d’être critiques envers les jeux vidéo, car ces derniers sont très plaisants pour les enfants et ces critiques s’avéreraient blessantes et humiliantes. Ils peuvent, en revanche, les orienter doucement vers d’autres activités et leur proposer des jeux qui font appel à plusieurs joueurs avec le sens de l’équipe et de la coopération. En quelques mots, plutôt que d’empêcher de faire, faire avec les jeunes», résume Dr Corbel.

Quel rôle pour l'Etat ?
Le CESE a recommandé dans son dernier rapport sur les conduites addictives d’allouer des budgets appropriés et développer entre les ministères de la Santé, de l’Enseignement supérieur, de l’Education nationale et de l’Emploi et des affaires sociales des programmes de recherche et de prévention sur les risques liés à l’usage abusif d’internet et de dépendance aux jeux vidéo. Le Conseil a aussi appelé à développer une action de communication et de sensibilisation à destination des parents pour mieux encadrer leurs enfants lorsque ceux-ci commencent à utiliser Internet et les jeux vidéo. L'institution a également proposé de définir, dans le cadre d’un Plan national d’urgence contre les addictions, les mesures permettant de prévenir l’utilisation précoce ou de retarder l’âge d’utilisation d’internet et des jeux vidéo, d’éviter les usages réguliers, de repérer au plus tôt les usages immodérés précoces et réguliers et de favoriser une prise en charge rapide et adaptée des troubles sanitaires qui pourraient y être associés.

 

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