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Voici pourquoi la Chambre de commerce du Portugal s'offre une délégation régionale à Tanger (Entretien)

La Chambre de commerce, d’industrie et de services du Portugal au Maroc (CCISPM) inaugure ce mercredi sa première délégation régionale au Royaume, dans la ville de Tanger. Objectifs : accompagner les communautés d’affaires situées dans la région du nord du Maroc en matière d’échanges commerciaux et de co-investissement avec le Portugal. Le choix de Tanger n’est pas fortuit. La ville du Détroit incarne l’essor économique de toute la zone nord du Royaume. Et la CCISPM ne veut surtout pas rester à l’écart de cette dynamique. Il était donc indispensable pour nous d'être présents pour faire connaître encore plus les avantages et les atouts de cette région. Et parallèlement, faire découvrir aux entrepreneurs de la région les réalités économiques du Portugal», explique José Maria Teixeira, le président de la CCISPM, dans un entretien accordé au «Matin». M. Teixeira revient par ailleurs sur les relations commerciales entre le Maroc et le Portugal et les moyens de les renforcer, ainsi que sur les enjeux de la coopération entre les entreprises des deux pays en Afrique francophone et lusophone.

Voici pourquoi la Chambre de commerce du Portugal s'offre une délégation régionale à Tanger (Entretien)
José Maria Teixeira.

Le Matin : La Chambre de commerce, d’industrie et de services du Portugal au Maroc inaugure ce mercredi à Tanger une délégation régionale. Quelle est l’importance de cet événement pour les relations économiques entre les deux pays ?
José Maria Teixeira : La CCISPM existe depuis 7 ans maintenant et a pris le relais de l’Association d’affaires du Portugal au Maroc (AMPA) qui a vu le jour en 2007. Elle a pour vocation de créer des ponts entre les entrepreneurs portugais et marocains afin de leur faire connaître les réalités des deux pays et les opportunités d'investissement qui y sont offertes. La région du Nord, et en particulier la région de Tanger, s'est énormément développée et on peut dire qu'une grande partie des entreprises qui sont installées au Maroc ont pris leurs quartiers dans cette région. Il était donc indispensable pour nous, au niveau de la CCISPM, d'être présents pour faire connaître encore plus les avantages et les atouts de cette région. Et parallèlement, faire découvrir aux entrepreneurs de la région les réalités économiques du Portugal. Nous avons donc décidé de nous installer à Tanger pour favoriser ces échanges dans un sens comme dans l'autre.

Le nord du Maroc est en plein essor économique. Comment la CCISPM compte-t-elle en tirer profit ?

Notre objectif principal est de faire découvrir aux entrepreneurs portugais les atouts de la région. Notre intention primaire est de jeter la lumière sur le potentiel de cette région et sur les moyens à mettre en œuvre pour que les entreprises portugaises et marocaines coopèrent afin de saisir les opportunités offertes par la région.

Les relations commerciales entre le Portugal et le Maroc ont connu entre 2019 et 2021 une évolution notable, en dépit du contexte de la pandémie. Comment expliquez-vous cela ?

S'il y a une chose que nous avons apprise de cette pandémie, c'est que bien que la mondialisation ait des effets positifs pour les pays et les entreprises, elle présente néanmoins des limites. Lorsque les chaînes d'approvisionnement sont perturbées, comme ce fut le cas lors de la pandémie, d'autres facteurs favorisant les pays voisins entrent en jeu. La proximité géographique du Maroc a donc été déterminante dans cette augmentation des échanges entre les deux pays comptabilisée dans les deux sens. Cette augmentation est également le fruit de la mobilisation et du travail de longue durée de l'ambassade du Portugal à Rabat. Et nous-mêmes sommes contributeurs, à notre niveau, au développement des relations économiques entre les deux pays d'année en année.

Outre les atouts économiques, quels sont les autres facteurs susceptibles d’attirer les investisseurs portugais ?

En plus des excellentes relations liant le Maroc et le Portugal sur tous les plans, la stabilité politique du Maroc reste un atout majeur pour attirer les investissements portugais. De même, le développement des infrastructures au Maroc et la proximité géographique comptent pour beaucoup. En outre, il faut toujours tenir compte du fait qu'il existe entre les économies des deux pays beaucoup de complémentarités.

Combien d’entreprises portugaises sont-elles implantées au Maroc et quels sont leurs secteurs d’activité ?

Nous avons près de 180 entreprises installées ici au Maroc dans tous les secteurs : pharmaceutique, industries mécaniques, services, technologies de l'information, construction, logistique et transport, industrie automobile, énergie, etc. Et il y a encore plus d'entreprises qui mettent le cap sur le Maroc.

Y a-t-il des entreprises marocaines implantées au Portugal ? Dans quels secteurs opèrent-elles ?

En effet, il y en a, et de plus en plus. Dernièrement, les sociétés marocaines sont de plus en plus nombreuses à vouloir investir sur le marché portugais dans le secteur des services, des énergies, et même le secteur de la santé et les activités qui y sont rattachées. Nous portons un regard intéressé sur cette vitalité des entrepreneurs marocains qui, outre la particularité du marché portugais pour eux, considèrent celui-ci comme une porte d'entrée vers le marché européen, mais aussi vers les marchés des pays lusophones.

Qu’est-ce qui manque selon vous pour renforcer davantage les relations commerciales entre les deux pays ?

Je pense que ce qui fait défaut aujourd'hui, c'est de mener des actions d'information sur les réalités économiques des deux pays. Marocains et Portugais ont une très bonne connaissance du potentiel touristique de chacun des deux pays. Néanmoins, et à mon avis, il y a un déficit de connaissances en termes des réalités économiques et industrielles des deux pays. Je pense qu'à ce niveau, il y a un grand travail à faire par les institutions portugaises et marocaines pour faire connaître la réalité exacte des deux pays. Je prends part à de nombreuses sessions pour inciter les entrepreneurs portugais à venir au Maroc, et lorsque je leur expose la réalité du Maroc d'aujourd'hui, la surprise est le plus souvent au rendez-vous. Ils ne savent pas à quel point le Maroc est bien développé par rapport à leurs idées préétablies. Je pense donc que c'est là où il faut porter l'attention. Pour le reste, les relations institutionnelles entre les deux pays sont excellentes, à la hauteur des liens historiques, culturels et civilisationnels qui nous rassemblent.

Dans quelle mesure une implantation au Maroc pourrait-elle être bénéfique pour les entreprises portugaises souhaitant renforcer leur présence en Afrique subsaharienne ?

Le Maroc a opéré un saut considérable en ce qui concerne l'implantation de ses entreprises sur les marchés subsahariens, notamment ceux des pays francophones. Personnellement, je crois fermement au potentiel des partenariats entre les entreprises marocaines et portugaises. C'est ce que je préconise à mes compatriotes entrepreneurs. Il va sans dire aujourd'hui que l'investissement au Maroc ouvre également la porte à l'investissement en Afrique, notamment francophone. De même, les entreprises marocaines qui investissent au Portugal peuvent étendre leurs activités aux marchés lusophones où les entreprises portugaises sont bien implantées et sont en mesure de collaborer avec leurs consœurs marocaines dans cette optique. La coopération entre les acteurs économiques des deux pays est de nature à se déployer au-delà des frontières de chaque pays pour s'étendre aux marchés où tant le Maroc que le Portugal ont leurs atouts.

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