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Jouahri : si les cultures printanières sont sauvées, la croissance 2022 sera révisée à 2 voire 2,5%

Le wali de la Banque centrale confirme : les données de la loi de Finances permettent au gouvernement de faire face à l’évolution de la conjoncture, aussi bien du côté des dépenses que des recettes. L'Exécutif dispose aussi de leviers pour mobiliser des ressources additionnelles et pourrait même recourir à une nouvelle ligne de précaution et de liquidité. Ce tirage permettrait ainsi de limiter les répercussions sociales et économiques de la conjoncture actuelle et de maintenir un niveau adéquat des réserves officielles pour atténuer les tensions sur la balance des paiements.

Jouahri : si les cultures printanières sont sauvées, la croissance 2022 sera révisée à 2 voire 2,5%
Pour le Wali de BAM, avec le choc actuel, une nouvelle ligne de précaution et de liquidité est possible

La croissance sera révisée suite aux pluies de mars

Pour le wali de Bank Al-Maghrib, les prévisions sont entourées d’incertitudes à un niveau encore plus élevé que lors de la pandémie. En conséquence, la Banque centrale envisage de suivre de plus près les évolutions, afin d’adapter sa politique monétaire. «Si la situation exige une réunion du conseil avant le rendez-vous trimestriel, nous allons le faire», a souligné, mardi à Rabat, Abdellatif Jouahri à l’issue de la première réunion du Conseil pour l'année 2022. Les prévisions d’aujourd’hui seront révisées. Car, sur le plan de la campagne agricole, elles n’ont pas tenu compte des dernières pluies de ce mois de mars. «Certes les céréales pèsent 9 à 10% dans la valeur ajoutée agricole. Mais, si les cultures printanières sont sauvées, il est vraisemblable que la croissance soit révisée à 2 voire 2,5%», a-t-il annoncé. Rappelons que BAM, sans prendre en compte les cultures printanières, table sur une valeur ajoutée agricole en baisse de 19,8%, avec une production céréalière autour de 25 millions de quintaux après 103,2 millions un an auparavant.

 

Taux directeur : pourquoi le statu quo

Pour Abdellatif Jouahri, deux données majeures ont favorisé le maintien du taux directeur inchangé à 1,50%. Il s’agit de la croissance atone de 0,7% attendue cette année après un rebond qui aurait atteint 7,3% en 2021. S’ajoute le retour prévu de l’inflation à des niveaux modérés en 2023 à 1,9%, après 4,7% en 2022. «Nous avons convergé les objectifs d’inflation maitrisée avec le soutien de l’activité économique. Au sein du Conseil, tout le monde a été convaincu du raisonnement. Par conséquent, le Conseil a décidé de maintenir l’orientation accommodante de la politique monétaire», a précisé le patron de la Banque centrale. Selon lui, la maitrise de l’inflation et de l’évolution des prix, dans une telle conjoncture, donne aux décideurs, qui sont à la fois des épargnants, investisseurs et opérateurs économiques, une visibilité pour la fixation de leur business plan.
Mais rien n’est acquis. Si le taux d’inflation se maintient à un niveau élevé en 2023 avec une croissance économique à 4,6%, le taux directeur devrait être changé.

 

Deux leviers pour mobiliser des ressources additionnelles

Abdellatif Jouahri estime que le déficit budgétaire restera quasiment stable à 6,3% cette année, sans recours à une de loi de Finances rectificative appuyant ainsi la position de Fouzi Lekjaâ. «Comme l’a indiqué le ministre du Budget, les données de la loi de Finances actuelle permettent au gouvernement de faire face à l’évolution de la conjoncture, aussi bien du côté des dépenses que des recettes. Par conséquent, il n’y a pas une nécessité de présenter une loi de Finances rectificative», a indiqué le patron de BAM. Deux mesures importantes sont en effet envisagées pour la mobilisation exceptionnelle des ressources : les mécanismes de financement spécifiques et les recettes de monopole. «Pour les financements innovants, 8 milliards de recettes supplémentaires sont prévues pour s’ajouter aux 12 milliards déjà inscrits dans la loi de Finances. Au titre des monopoles, le gouvernement table sur 4 milliards de DH additionnels à travers l’OCP, en particulier, du fait de l’évolution des cours à l’international», a détaillé Abdellatif Jouahri. À ses yeux, ces nouveaux fonds devront permettre de corriger la hausse au niveau de la compensation (d’une dizaine de milliards de DH) et de soutenir les secteurs agricole (10 milliards de DH), touristique (2 milliards) et de transport (2 milliards).

 

Possible recours à une nouvelle ligne de précaution et de liquidité

Pour le banquier central, le gouvernement dispose d’autres options pour renforcer son budget. D’ailleurs, des sorties à l’international sont inscrites dans la loi de Finances 2022, une fois que les conditions seront favorables notamment sur le volet taux. «Maintenant, il se peut que le Trésor puisse réfléchir à autre solution : une nouvelle ligne de précaution et de liquidité (LPL). Avec le conflit russo-ukrainien et ses conséquences sur l’énergie, les produits alimentaires et les produits de base, le choc est là pour justifier la renégociation d’une nouvelle LPL», soutient Jouahri. Ce tirage permettrait au gouvernement de limiter les répercussions sociales et économiques de la conjoncture actuelle et de maintenir un niveau adéquat des réserves officielles pour atténuer les tensions sur la balance des paiements. Rappelons que depuis 2012, le Maroc a conclu avec le FMI plusieurs accords successifs au titre de la LPL. Il s’agit d’un instrument de précaution conçu pour répondre aux besoins de liquidité des pays membres qui affichent de solides paramètres fondamentaux, mais présentent encore certains facteurs de vulnérabilité. Elle permet un accès rapide aux ressources du FMI en cas de choc extérieur ou de détérioration de la conjoncture mondiale.

 

Notation : Pas question que les banques marocaines soient dégradées !

Au même titre que lors de la crise Covid-19, dans le contexte actuel, les établissements de crédit sont appelés à conserver des fonds propres suffisants pour faire face aux effets de la conjoncture et préserver ainsi leur capacité d’octroi de financement. En 2020, Bank Al-Maghrib avait appelé les banques à suspendre toute distribution de dividendes de l’exercice 2019. «Au titre de 2021, nous avons indiqué que les banques doivent opérer des stress-tests au niveau de leurs indicateurs prudentiels (en social et en consolidé) et de fournir les résultats à la Banque centrale. En fonction de ces résultats, nous décidons d’autoriser ou pas la distribution des dividendes», a expliqué Abdellatif Jouahri. «Jusqu’à présent, nous n’avons pas formulé d’opposition aux établissements qui nous ont saisis, parce qu’ils sont dans les normes voire au-delà, en ce qui concerne les indicateurs prudentiels», a-t-il ajouté. Bank Al-Maghrib continuera de suivre de près les implications de la conjoncture sur le système bancaire, au niveau des maisons mères mais aussi le réseau en Afrique. «Le secteur doit rester résilient et nous ne voulons pas que la notation des banques soit dégradée», conclut Jouahri.

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