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Loi-cadre du système national de santé : l’éclairage de Saïd Afif

​Le projet de loi-cadre n°06-22 relatif au système national de santé, adopté en Conseil des ministres, vise à réformer le secteur selon une approche transversale et multidimensionnelle. Reposant sur quatre piliers, ce texte constitue une feuille de route globale pour la réforme du secteur, qui doit être en mesure d’accompagner le chantier de la généralisation de la protection sociale.

Les opérateurs du secteur de la santé sont unanimes à souligner l’importance des efforts déployés pour le moderniser et le renforcer. Après les multiples textes de loi adoptés, c’est une loi-cadre, très attendue, qui a été adoptée, mercredi en Conseil des ministres, avec comme ambition de réformer le secteur selon une approche transversale reposant sur quatre principaux piliers intégrés.

Certes, les détails de ce texte sont encore jalousement gardés, mais les opérateurs du secteur estiment d’ores et déjà que les apports de cette loi-cadre seront multidimensionnels. C’est ce que confirme un membre du Comité scientifique et technique de la vaccination et président de la Fédération nationale de la santé (CGEM), Saïd Afif. Ce dernier rappelle que depuis l’avènement de la pandémie, S.M. le Roi n’a pas cessé de lancer des projets visant à renforcer la souveraineté sanitaire. «Parce qu’on a bien vu qu’il fallait avoir une autonomie sur le plan de la santé en développant le made in Maroc. Il y a eu le grand projet du laboratoire de Benslimane destiné à fabriquer des vaccins et le grand projet de la protection sociale, le rêve de tout Marocain, qui va devenir réalité à partir de 2023. Pour accompagner cette dynamique impulsée par S.M. le Roi, il fallait une restructuration et une refonte de notre système de santé. C’est ce que prévoit le projet de loicadre adopté en Conseil des ministres», se réjouit-il.

Ainsi, ce projet de loi-cadre relatif au système national de santé, élaboré en exécution des Hautes Instructions Royales, vise la promotion du système de santé pour qu’il soit à la hauteur du chantier de la généralisation de la protection sociale ordonné par le Souverain. Ce projet de réforme structurant est basé sur quatre piliers.

– Le premier pilier devra permettre l’adoption d’une bonne gouvernance, renforçant les mécanismes de régulation de l’action des acteurs et la consolidation de la gouvernance hospitalière et la planification territoriale de l’offre sanitaire.

– Le deuxième pilier vise la valorisation des ressources humaines, notamment à travers l’élaboration de la loi sur la fonction publique sanitaire, en vue de motiver le capital humain dans le secteur public et de réduire le déficit actuel en ressources humaines. Il s’agit aussi de réformer le système de formation, outre l’ouverture sur les compétences médicales étrangères et l’encouragement des cadres médicaux marocains résidant à l’étranger à retourner exercer dans leur pays.

– S’agissant du troisième pilier, il porte sur la mise à niveau de l’offre sanitaire en vue de répondre aux attentes des Marocains en matière de facilitation de l’accès aux services médicaux, l’amélioration de sa qualité et la répartition équitable des services hospitaliers à travers le territoire national.

– En ce qui concerne le quatrième pilier, il porte sur la digitalisation du système de santé, à travers la mise en place d’un système informatique intégré pour le regroupement, le traitement et l’exploitation des principales informations ayant trait au système de santé.

Il faut le souligner, cette loi sera suivie de lois spécifiques et de décrets d’applications. «Il faut juste que cela ne tarde pas. Ainsi, tout a été pensé pour améliorer le secteur de la santé. Il faut juste que les gens travaillent et mettent à exécution», souligne docteur Saïd Afif.

 

Saïd Afif : «Il faut faire en sorte que les médecins ne quittent pas le système sanitaire national»

Le projet de loi-cadre n°06-22 relatif au système national de santé adopté en Conseil des ministres revêt une importance capitale, estime Saïd Afif, membre du Comité scientifique et technique de la vaccination, président de la Fédération nationale de la santé. Cette importance réside, selon M. Afif, dans le fait qu’il permettra d’instaurer une équité au niveau de l’accès aux soins et de renforcer le droit à des soins de qualité. En effet, la création de la Haute Autorité de la santé veut dire, selon M. Afif, que la santé, comme l’éducation, doit être au-dessous des appartenances politiques, d’autant que son président sera nommé par S.M. le Roi. Par ailleurs, notre interlocuteur insiste sur la régionalisation du système de santé, en harmonie avec la régionalisation avancée.

«On a compris que c’était la meilleure voie pour la mise en commun des moyens et pour activer les synergies. Cela s’est vérifié lors de la crise Covid où les acteurs ont travaillé main dans la main, que ce soit le public, le privé ou les universitaires... C’est ainsi qu’on a pu faire face à la pandémie avec le minimum de dégâts», explique-t-il. Autre point important soulevé par M. Afif, le fait de prévoir l’élaboration d’une loi sur la fonction publique sanitaire. «Les ressources humaines sont très importantes. Il faut savoir que chaque année ce sont 600 médecins qui partent à l’étranger, ce n’est pas normal. Il faut faire en sorte qu’ils choisissent de rester au service du système sanitaire national. Quand il y a des concours de recrutement, il y a peu de médecins qui se présentent.

Tout le monde sait pourquoi. Le nouveau statut de la fonction publique sanitaire va changer la donne, puisque le médecin va avoir, en plus de sa rémunération de base, une rémunération selon les actes effectués. Il peut aller jusqu’à 100.000 dirhams par mois, ce qui est important et peut même dépasser la rémunération d’un ministre», ajoute notre interlocuteur. La loi-cadre va par ailleurs permettre de créer des pôles d’excellence et c’est ce qu’il faut, dans le public comme dans le privé, estime-t-il. «Il s’agit aussi de mettre en commun, via le partenariat public-privé, par exemple des équipements dans le public peuvent être mis au service du privé, et vice versa. Cela entre dans le cadre de la rationalisation des services et la bonne gouvernance. Le tout vise à améliorer l’offre sanitaire, en commençant par les structures de soins primaires, tout en cherchant des pôles d’excellence dans le privé et dans le public». Cela dit, il faut améliorer l’offre des soins dans le public. Car il faut savoir que 80% des usagers qui ont une mutuelle se dirigent vers le privé, alors que c’est le public devrait les attirer en premier.

 

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