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Ce que l'on sait des mystérieux cas d’hépatite aiguë chez les enfants

Les hépatites aiguës détectées chez les enfants à l'étranger se multiplient, plusieurs cas ont même eu besoin d’une greffe de foie et un premier décès a été enregistré. La communauté scientifique commence déjà à parler d’une nouvelle épidémie. Au Maroc, même si le ministère de la Santé se veut rassurant, les spécialistes appellent à la vigilance.

Ce que l'on sait des mystérieux cas d’hépatite aiguë chez les enfants
Les hépatites aigües chez les enfants provoquent une inflammation sévère du foie.

Depuis début avril, près de 200 cas d’hépatite aiguë touchant des enfants d’un mois à 16 ans ont été identifiés dans plusieurs pays européens et aux États-Unis. D’après un rapport publié samedi dernier par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), parmi les enfants touchés, plusieurs ont connu une insuffisance hépatique aiguë qui a nécessité une greffe du foie. L’Organisation a également déclaré qu’un enfant a succombé à cette étrange maladie qui laisse les scientifiques perplexes puisqu’ils ignorent toujours son origine.

Les chercheurs de l'OMS, du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), ainsi que des pays concernés, continuent d'examiner les causes possibles, les facteurs de risque, mais l’origine exacte de ces hépatites infantiles se déclarant chez des sujets sains reste inconnue pour le moment. D’après l’ECDC, les hépatites habituelles de A à E sont exclues. Il ne semblerait pas non plus que la maladie soit liée à des voyages ou à des contacts avec des pays étrangers. Les recherches s'intéressent, en revanche, à un possible lien avec une infection à adénovirus. En effet, ce dernier a été décelé chez 74 enfants au moins, dont 18 d'adénovirus dit «de type 41». Plusieurs pays touchés ont rapporté une circulation accrue de ces adénovirus. Il s’agit de virus assez banals et connus qui provoquent généralement des pathologies respiratoires comme les bronchites, les pharyngites..., mais aussi des conjonctivites et même des troubles digestifs et des gastro-entérites. La transmission survient par voie oro-fécale ou respiratoire, avec des pics épidémiques souvent en hiver et au printemps, et plus souvent en communautés (crèches, écoles, etc.).
Toutefois, l’OMS précise qu’un tel virus n’explique pas entièrement la gravité du tableau clinique. L’organisme avance trois hypothèses pour essayer d’expliquer l’apparition de cette nouvelle forme d’hépatite. «Des facteurs tels qu’une sensibilité accrue chez les jeunes enfants suite à un niveau de circulation plus faible de l’adénovirus pendant la pandémie Covid-19, l’émergence potentielle d’une nouvelle souche de l’adénovirus, ainsi que la co-infection par le Sars-CoV-2, doivent être étudiés plus avant», précise l’OMS.
Après plus de deux ans de pandémie et de gestes barrières, la question d'une dette immunitaire qui rendrait certains enfants plus fragiles est aussi soulevée par certains scientifiques, sans certitude. En revanche, un éventuel rôle des vaccins anti-Covid a été écarté. L’OMS a déclaré qu’une grande majorité des enfants n'étaient pas vaccinés.

Aucun cas au Maroc
Au Maroc, le ministère de la Santé et de la protection sociale a annoncé la semaine dernière qu’il suit de près l’évolution dans le monde des cas d'hépatite aiguë d'origine inconnue qui touche les enfants. Le département d’Ait Taleb a affirmé qu'il fera le suivi de toutes les recommandations émises à cet égard par l’OMS, l’ECDC, ainsi que l'Agence britannique de sécurité sanitaire.
Bien que, pour le moment, aucun cas similaire à cette maladie n'a été enregistré au Maroc, il serait prudent de faire attention et de surveiller certains symptômes. «Généralement, les hépatites sont rares chez les enfants, ce qui nous pousse à nous poser beaucoup de questions concernant son origine. S’agit-il d’une nouvelle conséquence de la Covid-19 ou bien d’un nouveau virus ? Ou est-ce que ce serait dû à des facteurs environnementaux ? Même si les investigations sont en cours et que les scientifiques sont actuellement sur plusieurs pistes, il n’y a pour l’instant aucune cause sûre confirmée de cette hépatite aiguë chez les enfants. Néanmoins, nous connaissons les symptômes auxquels il faut faire attention», souligne Dr Tayeb Hamdi, médecin généraliste et chercheur en politiques et systèmes de santé. «Il s’agit généralement d’une jaunisse au niveau des yeux et de la peau, en plus de signes digestifs comme des vomissements, des diarrhées et des douleurs abdominales avec une fatigue intense. En analysant le sang, on constate une augmentation des taux d'enzymes hépatiques évocatrice d'une inflammation du foie. Il faut rester vigilant, car les cas vont certainement se multiplier durant les prochains jours et les prochaines semaines», avertit Dr Hamdi. Ce dernier recommande de prendre quelques précautions, en attendant les résultats des investigations, pour protéger nos enfants. Il faut notamment les encourager à appliquer les gestes barrières surtout s’il s’avère que l’origine de la maladie est virale.

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Soyons attentifs aux symptômes d’alerte !

Bien qu’aucun cas d’hépatite aiguë chez les enfants n’ait été enregistré au Maroc pour le moment, les spécialistes appellent à la vigilance. Si les parents voient que leurs enfants présentent des symptômes de cette maladie, ils ne doivent pas les ignorer. Il faut être vigilant et prudent. «Les symptômes les plus fréquents de cette infection sont pratiquement les mêmes que ceux d’une hépatite “classique”. Il s’agit principalement d’urine foncée, de selles pâteuses et pâles, de jaunisse c’est-à-dire un jaunissement de la peau et du blanc des yeux, de nausées, de vomissements, de douleurs abdominales, de démangeaisons inexpliquées et de perte d’appétit», explique Dr Khalid Amar, pédiatre. «Il faut savoir que même les enfants qui ont complété leur vaccination contre les hépatites ne sont pas protégés contre cette mystérieuse maladie. Il paraît qu’elle évolue rapidement et son origine est toujours inconnue. C’est pourquoi il faut insister pour que les enfants adoptent de bonnes habitudes d’hygiène en se lavant fréquemment les mains et en évitant de partager leur nourriture et leurs friandises avec leurs pairs», conseille le médecin.

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