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L’Open Banking, la solution inévitable pour gérer les risques de défauts de paiement

Utilisé sous d’autres cieux, l’Open Banking permet de dresser, avec une certaine précision, le profil d’un demandeur de crédit, particulier ou entreprise. Il offre également une vue d’ensemble sur les engagements, dettes et comportement bancaire des clients. Ce système, ouvert principalement aux bailleurs de fonds et entreprises, a été souligné, lors de septième édition du Forum international du Risk-Management, organisée jeudi à Casablanca, comme une des solutions vers lesquelles pourraient pencher les banques et entreprises marocaines pour améliorer les délais de paiement et réduire les défaillances.

L’Open Banking, la solution inévitable pour gérer les risques de défauts de paiement

L’impact de la Covid 19 sur les délais de paiement n’est plus à démontrer. Les retards de paiement interentreprises, déjà importants au Maroc bien avant la crise, constituent un important frein au développement économique du pays. Pour rappel, plus de 40% des entreprises marocaines se font payer dans des délais supérieurs à 90 jours de CA et 30% règlent leurs fournisseurs au-delà de ce délai, rapporte Rachid Seddik, expert-comptable, lors de sa participation à la septième édition du Forum international du Risk-Management, organisée jeudi sur le thème «Le Risk-Management au temps de la Covid 19».

Avec 421 milliards de DH de crédits interentreprises en 2019, l’entreprise s’est transformée en banque pour ses clients, ce qui l’asphyxie et ne lui permet plus d’honorer ses engagements envers les tiers. À tel point qu’aujourd’hui, souligne l’expert-comptable, les retards de paiement sont la première cause de mortalité des PME et TPE au Maroc : 40% des défaillances sont le résultat de retards de paiements. Et, il faut l’avouer, la loi 49-15 n’a pas eu l’effet escompté de réduire drastiquement les délais de paiement dans le secteur privé. C’est pourquoi «gérer le risque de paiement, quelles que soient les conditions, est un impératif pour la survie de l’entreprise et de l’économie», recommande, pour sa part, Omar Magoul, DG interworld, co-organisateur de l’événement.

Les consultations crédit bureau augmentent

Les consultations auprès d’un crédit bureau permettent d’avoir une idée sur la solvabilité d’une entreprise. «Leur nombre enregistre une forte croissance au Maroc, ce qui démontre une appétence croissante au crédit corroborée par la croissance du nombre de nouveaux contrats», fait remarquer, de son côté, Marc Gaudart, consultant indépendant, administrateur de sociétés financières en Europe.
Ainsi, pour les personnes physiques, les consultations ont augmenté de 6,5% en moyenne par an sur la période 2017-2021. Les crédits à la consommation ont pour leur part augmenté de 34,4% en nombre et de 4,8% en encours sur les 3 dernières années. Les new-to-finance, nouveaux clients qui n’ont jamais eu accès au crédit, représentent près de 30% de cette catégorie sur les 3 dernières années. «Nous remarquons une croissance des demandes de crédits avec une nouvelle population qui arrive sur le marché. Il est donc normal que les impayés augmentent», explique Gaudart.

Pour les personnes morales, les consultations du crédit bureau ont enregistré une croissance de 18% sur la période 2017-2021. Les crédits aux entreprises se sont, pour leur part, accrus de 18% en nombre et de 47% en capital. 62% de ces crédits sont des prêts à moyen terme. Là encore, les impayés sont monnaie courante.
C’est pourquoi, insiste l’expert, «il faut organiser le recouvrement». Comment ? Au lieu de se baser uniquement sur le recrutement de ressources humaines supplémentaires en guise de renfort aux services de recouvrement, ce qui est cher, il est préférable d’optimiser les services déjà existants.

Cette optimisation commence par avoir une excellence opérationnelle et une compréhension fine de la situation de chaque client. Il faut, par ailleurs, que l’équipe d’agents de recouvrement soit performante, bien formée, travaillant avec des process rigoureux, des outils de workflow performant, des stratégies de recouvrement adaptées à chaque client et des outils spécifiques de data science.
Ces derniers se basent, entre autres, sur le scoring de recouvrement. Il s’agit d’une notation qui permet d’avoir une synthèse et une évaluation de la probabilité statistique de remboursement et du risque de chaque client. Il facilite une segmentation fine de la clientèle au recouvrement, et aide à définir une stratégie adaptée de recouvrement en fonction du segment. Le score de recouvrement permet par ailleurs un suivi détaillé, dans le temps, de chaque stratégie de recouvrement et son portefeuille de crédits en recouvrement.
De quelles données a-t-on besoin pour mettre en place un score de recouvrement fiable ? Pour Gaudart, il faut d’abord des données sur le crédit : mois payés, historique du crédit, encours, échéances… Ensuite, des données de comportement bancaire, un historique du comportement bancaire incluant mouvements et autres crédits sont importants à connaître.

À cela s’ajoutent des données externes issues d’autres organismes, des données de garanties (types et montants des garanties) et des données sur l’emprunteur (situation familiale de la personne physique, données de la personne morale…).
L’ensemble de ces données permet de définir des stratégies par segment et profil du client emprunteur. Pour Abdelilah Kennar, directeur Middle office et support engagements chez BCP, «le taux de mortalité des entreprises au Maroc est trop inquiétant, d’où la nécessité de se doter d’une stratégie de gestion des risques». Pour lui, d’ailleurs, le Risk-Management est un vecteur de résilience organisationnelle et de restauration de la confiance. L’efficacité de ces stratégies doit cependant être régulièrement auditée. «Quand un doute sur l’efficacité d’une stratégie s’installe (questions sur le ratio coût/recouvrement), alors une stratégie “challenger” testée pour 20% des cas. En cas de réussite, la nouvelle stratégie est adoptée en remplacement de l’ancienne», recommande Gaudart. 

L’Open Banking, la solution adoptée ailleurs

Sous d’autres cieux, l’Open Banking permet aux clients bancaires d’utiliser les services de fournisseurs qui ont accès à leurs données bancaires, avec leur accord explicite. Par exemple, en Grande-Bretagne, 4,5 millions de clients particuliers et 50% des petites entreprises l’utilisent. Au total, 337 fournisseurs régulés offrent ce type de données Open Banking et 70 à 80% de clients demandeurs de crédits à la consommation l’acceptent. Il donne aussi lieu à l'automatisation du processus de récupération et d’analyse des relevés bancaires. Aujourd’hui, l’Open Banking permet une catégorisation des transactions bancaires à l’avance ce qui permet d’avoir un score de solvabilité. Ce qui permet de dresser un profil complet du risque que présentent les clients bancaires le jour où ils demandent un crédit.

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