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L’opposition n’en démord pas : la conjoncture impose une loi de Finances rectificative

L’opposition considère que l’actuelle loi des Finances est dépassée puisqu'elle repose sur des hypothèses qui ne sont plus valables. Une loi de Finances rectificative serait donc nécessaire. Cette recommandation a été réitérée par les parlementaires du Mouvement populaire lors d’une rencontre, samedi dernier à Salé. L’USFP partage aussi cette idée. Or le Chef du gouvernement avait balayé d’un revers de la main cette option lors de son passage la semaine dernière au Parlement.

L’opposition n’en démord pas : la conjoncture impose une loi de Finances rectificative

Un projet de la loi de Finances rectificative est une nécessité pour faire face à la conjoncture actuelle et à la flambée des prix. Après avoir formulé cette recommandation en février dernier en plein épisode de sécheresse, le Mouvement populaire (MP) revient à la charge et considère comme «une erreur stratégique grave de la part du gouvernement de ne pas adopter un projet de loi de Finances rectificative». Cette question a été de nouveau remise sur le tapis lors d’une rencontre organisée samedi dernier à Salé par l’Académie Lahcen Lyoussi et à laquelle ont pris part les deux groupes du MP au Parlement. Face à la crise actuelle, le gouvernement cherche à trouver un équilibre macro-économique et budgétaire, concède le Chef du groupe parlementaire MP à la Chambre des représentants, Driss Sentissi. «Nous prenons cela en considération, mais face à cette crise, il est nécessaire de mettre à exécution certaines dispositions légales qui permettent au gouvernement, comme il s’en est déjà prévalu, de geler les exportations de certains produits… Aujourd’hui, nous lançons un message au gouvernement pour lui dire que le pays a besoin d’une loi de Finances rectificative. Cette loi devra permettre de revoir les hypothèses ayant servi à l’élaboration du projet de loi de Finances 2022. Il y a une nouvelle réalité en relation avec les fluctuations des prix des carburants, le secteur agricole ainsi que les changements des prix de certains produits exportés par le Maroc...», explique-t-il.

De son côté, le porte-parole du parti, Aadi Sebaï, estime, carrément, que la non-présentation d’un projet de loi de Finances rectificative pour revoir les orientations économiques et sociales sous-tendant la loi de Finances 2022 serait une erreur stratégique du gouvernement. «Car nous considérons qu’il est impossible de faire face à la crise actuelle avec une loi de Finances dépassée tant sur le fond que sur la forme. Nous ne comprenons pas pourquoi le gouvernement campe sur sa position et refuse de présenter une telle loi rectificative, alors qu’il faut revoir les indices et le taux de croissance sur lesquels il avait fondé le PLF de 2022. Le gouvernement s’est basé sur une hypothèse de taux de croissance de 3,2%, alors que nous allons terminer l’année avec un taux de croissance de 1,7% dans le meilleur des cas, si ce n’est moins», s’alarme-t-il.

Cette position ferme du MP par rapport à la loi de Finances 2022 est partagée par les autres forces de l’opposition, même si, jusqu’à présent, elles n’ont entrepris aucune démarche pour faire une demande commune de révision de cette loi. «Pour l’instant, on évoque cette question en tant que parlementaires de l’opposition dans le cadre de l’évaluation de la politique du gouvernement», précise Youssef Aydi, chef du groupe parlementaire de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) à la Chambre des conseillers. En tout cas, a-t-il ajouté, «en tant que groupe parlementaire de l’USFP, on se demande quelles mesures le gouvernement pourrait prendre pour faire face à la flambée des prix sur le plan international.

De nombreuses analyses affirment que rien ne peut être fait en dehors d’une loi de Finances rectificative. Nous constatons aujourd’hui que le pouvoir d’achat des citoyens ne cesse de s’éroder face à la montée des prix et le gouvernement adopte la posture du spectateur. Il se contente de trouver des explications aux augmentations des prix en les associant au contexte international et à la pandémie. Mais le gouvernement se doit de prendre des mesures concrètes et palpables par le citoyen. Chose qu’elle n’a pas faite jusqu’à présent», regrette-t-il. Il convient de rappeler que le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, avait affirmé lors de son passage, le 18 avril, devant les membres de la première Chambre, à l’occasion de la séance mensuelle des questions de politique générale, que tous les moyens financiers nécessaires seraient mobilisés pour assurer des subventions supplémentaires des prix de certaines matières premières et répondre à la hausse de leurs cours à l’international (voir www.lematin.ma).

Il avait également évoqué des actions pour préserver les équilibres des finances publiques, mais sans recourir à une loi de Finances rectificative. «Le gouvernement veille à préserver les équilibres de la loi de Finances 2022, à travers notamment la mobilisation des moyens fiscaux et douaniers nécessaires, le développement de financements innovants, la gestion active du portefeuille de l’État, en plus de la poursuite des mesures de rationalisation de la gestion de l’administration», avait-il indiqué. Mais pour les partis de l’opposition, les déclarations de M. Akhannouch sont «incohérentes» et ne répondent pas aux besoins dictés par la conjoncture.
 

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