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MEDays : l’UA face aux défis sécuritaires, de l’intégration et du financement

Les problèmes de financement de l’Union africaine et l’absence de leadership visionnaire à même de mettre fin aux velléités séparatistes étaient au cœur des discussions lors du Forum MEDays, dont les travaux prennent fin ce samedi 5 novembre à Tanger. Pour beaucoup d’intervenants, l’Afrique se doit de prendre son destin en main en se dotant des moyens nécessaires pour préserver sa souveraineté et défendre ses intérêts.

MEDays : l’UA face aux défis sécuritaires, de l’intégration et du financement
Ph : MAP

Les pays africains, et à leur tête le Maroc, guidé par la Vision de S.M. le Roi Mohammed VI, ont choisi d’agir en responsabilité, et de faire prévaloir les intérêts du continent pour construire une Union africaine plus forte. C’est ce qu’a soutenu le président de l’Institut Amadeus et fondateur du Forum MEDays, Brahim Fassi Fihri, lors de la cérémonie de clôture des travaux des MEDays qui prennent fin samedi 5 novembre. M. Fassi Fihri a aussi souligné que ce Forum qui est avant tout  «un forum du Sud pour les Africains et par les Africains». En effet, c’est dans cet esprit de co-responsabilité que les différents intervenants, notamment lors des panels consacrés aux challenges de l’Union africaine, ont répondu à de nombreuses questions et interrogations en lien avec l’intégration politique et économique du continent, les crises sécuritaires et l’instabilité en Afrique, le terrorisme, l’instabilité et les menaces sécuritaires en Afrique, l’attractivité du continent… Autant de sujets qui ont mis au devant de la scène l’Union africaine (UA) et ses institutions qui ont été interpellées et disséquées.

Par exemple, en matière de lutte contre le terrorisme, les participants aux MEDays 2022 ont affirmé que, malgré des expériences réussies, les mécanismes de lutte contre la violence en Afrique pâtissent d’un manque de financement et de coordination, en mettant l’accent sur le rôle que l’UA est appelée à jouer.  Dans le même ordre d’idées, Gbehzohngar Milton Findley, ancien ministre des Affaires étrangères en République du Liberia, a appelé ses pairs à travailler ensemble pour une Afrique forte et à travers des stratégies claires. «Dans ce cadre, la nature des déplacements des gens et des marchandises dans le continent suffit pour expliquer pourquoi nous avons des faiblesses. Chaque pays a ses propres lois.

Des pays imposent des taxes sur d’autres pays, cela ne peut que décourager le commerce. On doit travailler pour encourager le commerce entre les pays africains. Il faut une volonté politique si on veut que les gens puissent se déplacer librement. Comment voulez-vous avoir un commerce fort avec une monnaie et des règles différentes ? Il y a aussi des obstacles qui empêchent la progression du tourisme et l’échange commercial», se désole l’ancien chef de la diplomatie au Liberia. Par ailleurs, il admet que l’Accord de libre-échange africain est l’une des choses que le continent a pu réussir. Évoquant le rôle de l’UA, le directeur de cabinet du président de la Commission de cette organisation, Tordeta Ratebaye, a indiqué que la question du financement est un sujet qui a longtemps été au cœur des priorités de l’organisation panafricaine. Il a rappelé à cet égard l’écart qui existe entre l’institution et les citoyens africains, donnant lieu à une méconnaissance de la part des africains du rôle de l’UA. Il a ainsi appelé à familiariser les citoyens africains avec les spécificités et les rôles des différentes commissions, les institutions régionales et les États membres.

Par ailleurs, il a beaucoup insisté sur les dysfonctionnements qui demeurent en matière de financement de l’organisation et ses structures. «Dans le cadre de la recherche du financement, il a été question de trouver des sources alternatives et pérennes. Mais le constat reste décevant. Les contributions statutaires ne sont payées que lors du dernier trimestre, juste pour éviter aux Chefs d’État d’être embarrassés en n’ayant pas le droit à la prise de parole. Alors que cela doit être fait durant toute l’année. Ce manque de financement est plus criant dans le domaine de la paix et de la sécurité. On ne peut pas continuer à sous-traiter notre sécurité. En février 2015 à Bruxelles, lors de la Conférence des donateurs, nous avons rassemblé des promesses de contributions qui sont restées en l’état d’annonces», a-t-il regretté.

Pour Tordeta Ratebaye, le continent doit être en mesure de prendre en charge sa propre sécurité. «Toutes les régions sont affectées, est-ce que nous allons continuer à dépendre de nos partenaires stratégiques ? Il y avait une proposition de faire un prélèvement de 0,2% sur les importations admissibles pour financer l’Union africaine. Il y a eu des prélèvements de quelques membres qui ont souscrit volontairement, d’autres ont soulevé des contraintes en disant qu’ils n’ont rien à importer, en plus d’autres difficultés d’ordre technique. Donc, c’est la volonté des État qu’il faut questionner aujourd’hui», défend-il, tout en insistant que le financement reste un élément majeur pour mettre en œuvre les programmes de développement et assurer la paix et la sécurité du continent. Pour sa part, Orlando Simba, directeur exécutif du Panafricain Congress au Kenya, n’a pas fait dans la dentelle : «comment nous unifier si chaque entité bataille pour sa souveraineté ?» a-t-il tonné en dénonçant les initiatives de séparatisme. «Il faut savoir comment faire pour être 54 États et non pas cent. Nous saluons les pays qui agissent pour l’unité, pour une seule devise… Mais si on continue à avoir des entités par-ci, par-là, nous allons perdre la feuille de route», déclare-t-il en tirant la sonnette d’alarme.  l’ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal, Cheikh Tidiane Gadio, semble partager la même idée.

«On est 54 État au sein du continent et il y a d’autres qui essayent de mener des projets de séparatisme. C’est-à-dire des actions qui visent à déstabiliser l’Afrique», dénonce-t-il. Selon lui, il faut travailler pour l’unité africaine, autrement que par les mécanismes mis à contribution jusqu’à présent et tablant sur l’intégration économique. «Cela ne marche pas et ne marchera jamais», a-t-il martelé, en préconisant une solution politique qui doit être portée par un leadership visionnaire. 

DNES Brahim Mokhliss

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