L'intégration de la femme dans l’activité économique constitue l’un des grands défis pour les politiques sociales et économiques au Maroc. Au-delà des politiques d’incitation, de promotion et de sensibilisation, le renforcement de sa participation au marché du travail reste tributaire en premier lieu d’une dynamique économique forte et durable à même d’absorber les flux supplémentaires qu’engendrerait l’amélioration de son taux d’activité. La conclusion est de Bank Al-Maghrib (BAM) dans son rapport annuel 2021. Pour l’Institut d’émission, en plus des impacts social et psychologique, l’exclusion de la femme a un coût économique «considérable». La Banque centrale, qui cite un rapport du Fonds monétaire international (FMI), indique que la réduction de l’écart du taux d’activité entre les hommes et les femmes dans la région Moyen-Orient/Afrique du Nord (MENA) du triple au double par rapport à la moyenne des marchés émergents et en développement aurait doublé le rythme de la croissance dans cette région au cours de la décennie précédente. Ce qui aurait généré un gain cumulé de 1.000 milliards de dollars.
Au Maroc, les femmes représentent un peu plus de la moitié de la population, soit 18,2 millions de personnes en 2021. Près de 13,8 millions d’entre elles sont en âge d’activité. Un bémol : elles restent peu qualifiées avec une proportion de 46,1% d’analphabètes et en grande partie absentes du marché de l’emploi. En effet, quatre femmes en âge de travailler sur cinq sont inactives. Une proportion paradoxalement en tendance haussière malgré la relative amélioration de leur niveau d’éducation, souligne BAM. La faiblesse structurelle de l’activité féminine, une caractéristique que le Royaume partage avec les autres pays de la région MENA, serait attribuable principalement aux responsabilités familiales liées à l’éducation des enfants et aux tâches domestiques. Même quand elles intègrent le marché du travail, les femmes ont des difficultés à accéder à l’emploi, leur taux de chômage s’étant situé en 2021 à 16,8% au niveau national. Une part qui atteint 41,9% pour les jeunes de 15 à 24 ans et 32,8% pour les diplômées du supérieur. Ces dernières en particulier font face à l’absence ou l’insuffisance d’emplois correspondant à leurs qualifications ou à leurs aspirations et aux critères exigeants des offres disponibles.
