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Maroc-Espagne : transparence, confiance et respect mutuel, les bases d’un nouveau départ

Maroc-Espagne : transparence, confiance et respect mutuel, les bases d’un nouveau départ

Le Maroc et l'Espagne viennent de refermer la parenthèse d'une crise sans précédent qui a fortement altéré les relations entre les deux Royaumes et soulevé plusieurs interrogations quant à leur avenir. Vendredi dernier, le Président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, a envoyé un message à Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans lequel il souligne qu'il «reconnaît l’importance de la question du Sahara pour le Maroc» et affirme que «l’Espagne considère l’initiative marocaine d’autonomie, présentée en 2007, comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend». Dans son message, M. Sanchez assure également que l'objectif de l'Espagne est de construire une nouvelle relation, basée sur la transparence, la communication permanente et le respect mutuel. Ces positions positives et engagements constructifs de l'Espagne sur le dossier du Sahara marocain ont été hautement appréciés par le Royaume qui, par l’intermédiaire du ministère des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, a indiqué que les termes de ce message permettent d’envisager une feuille de route claire et ambitieuse afin d’inscrire, durablement, le partenariat bilatéral dans le cadre des bases et des paramètres nouveaux, soulignés dans le Discours Royal du 20 août dernier.

Discours dans lequel le Souverain S'est arrêté sur la crise qui a marqué ces derniers mois les relations entre les deux Royaumes. «Certes, ces relations ont traversé récemment une crise sans précédent qui a fortement ébranlé la confiance mutuelle et a soulevé plusieurs interrogations sur leur devenir. Néanmoins, nous avons travaillé avec la partie espagnole, dans le plus grand calme, la clarté la plus totale et un esprit de responsabilité», avait indiqué S.M. le Roi, précisant : «J’ai suivi personnellement et directement le processus de dialogue ainsi que l’évolution des discussions. Le but n’était pas seulement de trouver une issue à cette crise, mais aussi de saisir l’opportunité pour redéfinir les bases et les paramètres qui régissent ces relations. Avec un optimisme sincère, Nous formons le souhait de continuer à œuvrer avec le gouvernement espagnol et son Président, Son Excellence Pedro Sanchez, afin d’inaugurer une étape inédite dans les relations entre nos deux pays. Désormais, celles-ci devront reposer sur la confiance, la transparence, la considération mutuelle et le respect des engagements». Et ce discours a été bien reçu par le Président du gouvernement espagnol qui a déclaré dans son message que «Notre objectif est de construire une nouvelle relation, basée sur la transparence et la communication permanente, le respect mutuel et les accords signés par les deux parties et l’abstention de toute action unilatérale, à la hauteur de l’importance de tout ce que nous partageons». Madrid, tout comme Berlin, a donc réagi positivement aux attentes du Maroc envers ses partenaires pour qu'ils adoptent des positions plus audacieuses et plus claires quant à l'intégrité territoriale du Royaume. Les deux capitales ont conclu que la volonté de Rabat de développer des rapports équilibrés, basés sur la transparence et le respect mutuel, ne pouvait faire l'objet d'aucune concession. Le Royaume répond désormais positivement à tout partenariat qui prend clairement en compte son intégrité territoriale. Et en matière de partenariats stratégiques dans la région, avec qui, sinon le Maroc, les grandes capitales européennes et mondiales sauraient-elles les nouer ?       

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Le professeur de droit et politologue affirme que l’Espagne avait sous-estimé la réaction du Maroc en accueillant en catimini le chef des séparatistes

Mustapha Sehimi : «La fermeté de Rabat a conduit Madrid à faire un grand geste»

Le Matin : Dans un Message adressé à Sa Majesté le Roi, Pedro Sánchez affirme : «Notre objectif est de construire une nouvelle relation, basée sur la transparence et la communication permanente, le respect mutuel et les accords signés par les deux parties et l’abstention de toute action unilatérale, à la hauteur de l’importance de tout ce que nous partageons.» Peut-on en déduire un engagement de Madrid à ne plus agir dans le dos de Rabat s’agissant de la question du Sahara ?

Mustapha Sehimi : Je dois rappeler cette célèbre citation du général De Gaulle : «Les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts». Tout cela pour dire qu’il faut espérer que la tension, voire la crise avec Madrid, depuis avril dernier – soit pas moins de onze mois – va enfin stabiliser les relations bilatérales. Durablement même. Il faut également appeler de nos vœux que la relation privilégiée à laquelle le gouvernement espagnol fait désormais référence ait un contenu conforme aux principes évoqués par Pedro Sanchez dans son message en date du 18 mars à S.M. le Roi. Faut-il rappeler que ces principes sont ceux-là mêmes consacrés dans le Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération, en date du 4 juillet 1991, signé à Rabat, entre les deux États ? C’est dire que l’on attend instamment de Madrid et du cabinet Pedro Sanchez, aujourd’hui en responsabilité, de s’attacher au respect des exigences d’une relation bilatérale.

Il faut, par ailleurs, solliciter l’histoire pour rappeler des tensions, voire des crises au cours des trois décennies écoulées. En 2000, il y a eu l’épisode d’El Ejido, avec l’instrumentalisation de la question migratoire – une page noire où la chasse aux Moros était devenue un sport populaire avec les vexations et les mauvais traitements dont ont été victimes les MRE traversant ce pays. Il faut y ajouter la visite de José-Maria Aznar, chef de l’exécutif, à Sebta et Mellila, durant cette même période, alors qu’il était en campagne électorale. Il faut encore mentionner, en juillet 2002, la crise liée à l’épisode de l’îlot Leila (Persil) qui n’a été surmontée qu’un an plus tard. Avec le cabinet dirigé par le socialiste José Luis Zapatero en 2004, une certaine normalisation a pu être relevée. Sauf à préciser tout de même un autre moment de crise suite à la visite du Roi d’Espagne, Juan Carlos, dans les deux présides de Sebta et Mellila. Puis, la crise ouverte par le séjour du chef des séparatistes, Brahim Ghali, en avril dernier, pour une hospitalisation, avec de faux papiers, une fausse identité et à l’insu du Maroc.

La réunion de haut niveau entre les deux Chefs de gouvernement a été décidée avec un calendrier qui sera fixé ultérieurement. Elle va avoir lieu suite à la visite du ministre espagnol, José Manuel Albares, dans les prochains jours. Assurément, entre les deux pays, manque une sorte d’«amortisseur» permettant de gérer sans escalade ni surchauffe telle ou telle conjoncture.

 Pourtant le «matelas des intérêts communs», si l’on ose dire, est important. Preuve en est que Madrid est devenue le premier partenaire commercial, surclassant la France depuis 2014, avec des flux de 144 milliards de DH en 2021, et le deuxième investisseur aussi, le Maroc est le premier marché africain des exportations dans le continent (46 %), une forte implantation de 1.000 entreprises dans le Royaume dans de multiples secteurs, de nombreuses opportunités d’investissement (industries d’exportation, énergies renouvelables, traitement de l’eau) ou encore en joint-venture (industrie agroalimentaire, industrie chimique, transport ferroviaire è grande vitesse, digitalisation industrielle...). Sans oublier la dimension humaine des rapports entre les deux pays : flux touristiques dans les deux sens (2,5 millions d’un côté et 900.000 visiteurs Marocains, une forte communauté marocaine de plus de 800.000 personnes, quelque 5.000 étudiants marocains…). Il y a là de quoi conforter et consolider un partenariat avancé qui ne peut que se renforcer avec d’autres domaines : coopération dans la lutte antiterroriste, contrôle des flux migratoires, sécurisation des côtes méditerranéenne et atlantique Sud ainsi que du Détroit. Au total, pourquoi ne pas le dire tout net : une telle capitalisation adossée à tant d’intérêts communs ne peut que pousser Madrid à ouvrir prochainement un consulat général à Dakhla, un pôle économique d’avenir où d’ailleurs séjournent des ressortissants de ce pays et où opèrent également des entreprises.

M. Sánchez a souligné qu’il «reconnaît l’importance de la question du Sahara pour le Maroc». Est-ce à dire selon vous que l’Espagne a mesuré enfin la gravité de sa démarche en accueillant le chef des séparatistes à l’insu du Maroc ?

Il aura fallu bien du temps – des décennies même – pour que Madrid prenne conscience de la nécessité de nouveaux termes de référence sur la question nationale. Aujourd’hui, un ex-président du Conseil socialiste, José-Luis Zapatero, déclare dans un entretien à «Médi 1 radio» qu’il avait soutenu en 2008 le plan marocain d’autonomie dans les provinces sahariennes. Il considère que le message adressé au Souverain est judicieux, très positif même, et qu’il marque une normalisation dans le sens d’un retour de «la bonne relation entre le Maroc et l’Espagne». Ce responsable socialiste a été président du gouvernement durant sept années ininterrompues, de 2004 à 2011. Jusqu’à plus ample informé, on n’a pas trace de 2007 à 2011 de quelque initiative de Madrid illustrant un ferme soutien à Rabat. En avril dernier, en accueillant – dans les conditions que l’on sait – le chef du mouvement séparatiste, les autorités officielles espagnoles ont fait, me semble-t-il, une double faute. La première a trait à une mauvaise appréhension des principes de la diplomatie marocaine. Elles escomptaient sans doute une réaction de Rabat, négative bien entendu, pouvant aller jusqu’au rappel de notre ambassadrice pour quelques semaines au plus, et puis, dans cette même ligne, elles tablaient sur des contacts officieux pour tourner la page... C’était là méconnaître la doctrine de notre diplomatie dont les principes ont été rappelés, en différentes occasions, par S.M. le Roi, extrêmement sourcilleux quant aux «lignes rouges» à ne pas franchir. L’Espagne nous est proche, à de multiples titres, et précisément elle aurait dû faire montre de davantage de sagacité. 

L’autre faute, liée à la précédente d’ailleurs, est celle-ci : l’appréhension minorée du patriotisme marocain. Comme un seul homme, les Marocains ne se sont-ils pas mobilisés en effet derrière le Roi, pour préserver et défendre une partie intégrante du territoire national comme les provinces méridionales du Royaume ? Il faut y ajouter autre chose : un manquement patent aux principes régissant les relations bilatérales, fondées sur la transparence, le dialogue, la concertation et le respect, le Maroc n’ayant pas été informé du séjour du chef de mouvement séparatiste. La confiance a été ainsi mise en équation, il faut la restaurer. Et le Maroc ne pouvait qu’en tirer les conclusions appropriées.

Pourquoi selon vous Madrid n’est-elle pas allée jusqu’à reconnaître purement et simplement la souveraineté du Maroc sur ses provinces sahariennes, à l’instar des États-Unis  ? 

Madrid pouvait-elle, aujourd’hui, faire plus que le message adressé par le Chef du gouvernement à S.M. le Roi le vendredi 18 mars ? C’était évidemment souhaitable. Mais cela était-il possible en termes de politique intérieure propre à ce pays. Ce qui frappe en effet dans le cabinet Pedro Sanchez actuel, c’est la fragilité de la majorité parlementaire. C’était vrai dans le gouvernement I (2018-2019), mais aussi dans celui formé en janvier 2020 à la suite des élections générales de novembre 2019. Ce cabinet est aujourd’hui constitué d’une coalition de centre gauche entre le parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), le Parti des socialistes de Catalogne (PSC) et l’Alliance Podemos (UP). Ensemble, ces formations ne disposent pas de la majorité, ni au Congrès des députés (155 sièges sur 350) ni au Sénat ( 118 sur 265). Le Parti Podemos, s’est vu confier un poste de vice-président en la personne de son secrétaire général, Pablo Iglesias, et quatre autres ministères. Cette formation est connue pour son hostilité à l’endroit de l’intégrité territoriale du Royaume et pour son soutien aux séparatistes de Tindouf. Aujourd’hui, un recadrage s’est fait qui a conduit à cette révision de la position de Madrid sur la question nationale, malgré la désapprobation de Podemos. L’Espagne n’a pas reconnu – pas encore ? – la souveraineté pleine et entière du Maroc sur ses provinces sahariennes récupérées, mais il est sûr que la décision américaine à cet égard, le 10 décembre 2020, a fait bouger les lignes espagnoles, comme celles d’autres pays comme l’Allemagne. De plus, la fermeté de Rabat depuis onze mois a fortement poussé dans ce sens et a conduit Madrid à faire un «grand geste» permettant de tourner la page et d’asseoir désormais les relations bilatérales sur de nouvelles bases.

Le Maroc a campé sur ses positions. Il n’a pas bougé d’un «iota». C’était à Madrid de donner des signes forts, crédibles et explicites, de sa volonté de renouer. Des messages ont été émis, en plusieurs circonstances, par le voisin ibérique. La ministre des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya, a été limogée dans le remaniement de juillet 2021, remplacée par José Manuel Albares, ambassadeur à Paris. Elle a été à l’origine de la crise avec Rabat en décidant d’accueillir, le chef du mouvement séparatiste, en complicité avec l’Algérie. Le Chef du gouvernement Pedro Sanchez n’a-t-il pas validé cet acte ? Un magistrat espagnol poursuit en tout cas ses instructions dans ce sens... Mais en même temps, elle a reçu, par décret royal, pris en Conseil des ministres tenu le 28 décembre dernier, la grande Croix de Charles III, la plus haute distinction civile en Espagne, et ce sur proposition de... Pedro Sanchez, Président du gouvernement... Un remerciement pour ses «services» à la tête de la diplomatie espagnole ? 

Pourquoi, selon vous, l’UE en général multiplie les signaux positifs à l’adresse du Maroc ces derniers temps ?

Il est vrai que l’on observe une certaine amélioration des relations entre l’UE et le Maroc. Voici quatre mois, la Commission européenne a ainsi interjeté appel de l’arrêt de la Cour de justice de l’UE du 29 septembre annulant les décisions du Conseil de l’UE relatives à des accords incluant le Sahara marocain. Le commissaire européen à l’Environnement, aux océans et à la pêche, Virginijus Sinkevicius, a réitéré à cette occasion la confirmation de l’attachement à l’accord de partenariat de pêche UE-Maroc. Sur la question nationale, elle a précisé que la position de l’UE est «guidée par les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies». Dans cette même ligne, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a souligné, le 8 mars courant, la position de l’UE au sujet de la non-reconnaissance de la pseudo «Rasd» et de la question du Sahara marocain. Il a précisé qu’«aucun des États membres de l’Union européenne ne reconnaît la Rasd, et que la participation au sommet UE-UA de Bruxelles ne change rien à la position de l’Union européenne et de ses États membres».

Un mois auparavant, c’était la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui a effectué une visite au Maroc – la première dans un pays non européen. Elle a assuré que «le Maroc est un pays avec lequel nous avons construit un partenariat stratégique, étroit et solide». À l’issue d’une réunion avec le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, elle a réaffirmé «la volonté de l’UE de continuer à approfondir nos relations en tant que voisins, en tant que partenaires et en tant qu’amis». Deux jours plus tard, le 10 mars, c’était la visite durant de deux jours du commissaire européen chargé du Voisinage et de l’élargissement, Olivér Vàrehelyi. Un document relatif au projet «Link Up Africa» a été signé à l’issue des entretiens avec Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères. Ce projet s’appuie sur la priorité donnée au développement de la coopération avec l’Afrique sur la base d’une approche triangulaire Maroc-UE au profit des États africains. Ce responsable européen a été également reçu par la CGEM, ce qui est une grande première. 

Le Maroc est doté de la plus grande enveloppe du Voisinage Sud avec plus de 900 millions d’euros programmés (2021-2024) et 1,6 milliard d’euros annoncés pour 2021-2027, avec un rythme annuel de 227 millions d’euros. Le Maroc est le premier pays en termes de flagship projects (projets phares), cinq d’entre eux déjà engagés et les autres à un stade avancé de structuration. Cela dit, avec le printemps 2022, le Maroc ne peut qu’apprécier les avancées enregistrées dans le partenariat avec l’UE. Il reste à Bruxelles à les hisser à un niveau politique plus élevé dans le sens d’une réévaluation de la position des États membres sur la question nationale. L’Allemagne a opéré une évolution significative dans ce sens, l’Espagne aussi, aujourd’hui. D’autres devraient sortir de leur «zone de confort» – pour reprendre la formule du ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita – et tourner ainsi le dos à certaines ambiguïtés... 

Hicham Oukerzaz

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Entretien avec Zakaria Abouddahab, professeur de relations internationales

«Vu son poids dans le dossier du Sahara, la nouvelle position de l’Espagne incitera d’autres pays à lui emboîter le pas»

Dans cet entretien, Zakaria Abouddahab, professeur à l’Université Mohammed V de Rabat, analyse la portée stratégique du soutien annoncé par Madrid au plan d’autonomie du Maroc et ses conséquences sur le développement des relations bilatérales entre les deux pays et l’édification d’un partenariat plus solide.

Le Matin : Le gouvernement espagnol s’est engagé à garantir «la souveraineté et l’intégrité territoriale» du Maroc dans le cadre de «la nouvelle étape». Peut-on parler d’un tournant historique dans les relations entre Rabat et Madrid ? 

Zakaria Abouddahab : Ce que l’on peut d’abord tirer comme conclusion du message adressé par le Président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez à Sa Majesté le Roi, c’est que l’Espagne a enfin compris l’importance fondamentale et cruciale que revêt la question de l’intégrité territoriale pour le Royaume. Par ailleurs et pour répondre à votre question, j’estime que le soutien annoncé du Président du gouvernement espagnol au plan d’autonomie du Maroc comme «la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution» du différend sur le Sahara marocain marquera certainement un tournant historique dans les relations entre les deux pays, dans la mesure où l’Espagne reconnaît indirectement la marocanité du Sahara. 

«La prospérité du Maroc est liée à celle de l’Espagne, et inversement». Pourquoi selon vous le Maroc est-il important pour l’Espagne et pourquoi l’Espagne est-elle importante pour le Maroc ? 

Il est tout à fait normal que la prospérité des deux pays soit intimement liée. L’Espagne et le Maroc sont liés par l’histoire et la géographie. Seize kilomètres seulement séparent les rives des deux pays. Le voisin ibérique est par ailleurs le premier partenaire économique du Royaume selon les statistiques les plus récentes. Sachant qu’outre les échanges commerciaux importants qui lient les deux pays, l’Espagne accueille une communauté marocaine importante qui participe au développement et à la prospérité de ce pays. Par ailleurs, étant considéré également comme un pays de transit pour des milliers de Marocains résidant à l’étranger souhaitant rejoindre le Royaume pendant l’été pour passer leurs vacances auprès de leurs proches, l’Espagne profite pleinement des recettes générées par le transit de ce flux migratoire. Donc tous ces éléments-là font que les deux pays soient intimement liés. 

Dans quelle mesure cette reconnaissance dans le fond de la souveraineté marocaine sur le Sahara pourra-t-elle encourager à votre avis les pays européens à emboîter le pas à l’Espagne et à prendre une position claire sur ce dossier ? 

Cette reconnaissance peut jouer un rôle majeur dans le changement de position des pays membres de l’Union européenne. Les propos de M. Sanchez étaient clairs quant au soutien de l’Espagne au plan d’autonomie proposé par le Royaume. Ces déclarations peuvent être considérées comme un message clair adressé aux autres pays européens encore dans une attitude d’hésitation et de réticence par rapport à ce conflit régional, surtout lorsqu’on sait que Madrid a joué historiquement un rôle important dans la genèse de ce problème, dans la mesure où l’Espagne est une ancienne puissance coloniale et un pays frontalier du Maroc. Donc stratégiquement, le changement de position de ce pays contribuera à inciter d’autres pays à faire pareil. 

«L’Espagne agira avec la transparence absolue qui correspond à un grand ami et allié». «Je vous assure que l’Espagne tiendra toujours ses engagements et sa parole», a affirmé Pedro Sánchez. Selon vous, l’Espagne a-t-elle enfin réalisé la gravité de sa démarche en accueillant le chef des séparatistes à l’insu du Maroc ? 

Bien sûr que l’Espagne a réalisé la gravité de sa démarche et ceci s’est traduit d’abord par la destitution de la ministre des Affaires étrangères qui était en grande partie responsable de la crise qui avait éclaté entre les deux pays, il y a près d’un an. Cette décision pouvait déjà être considérée comme un message positif émis par le gouvernement espagnol envers le Maroc. Ensuite, il faut rappeler le message adressé par le Roi Felipe VI, en janvier 2022 à l’occasion de la Conférence des ambassadeurs, à Sa Majesté le Roi 

Mohammed VI. Le Souverain espagnol avait en effet plaidé pour l’élaboration d’un partenariat original et inédit. Tous ces messages représentaient les prémices du rétablissement des relations entre les deux pays. Le gouvernement de Madrid semble en effet avoir tiré les enseignements d’une erreur qui était à mon sens stratégique, à savoir l’accueil du chef des séparatistes en mai 2021. Les deux pays sont actuellement en train de recentrer leurs relations sur de bonnes bases, notamment la transparence et le respect des engagements. Je pense même que les deux partenaires pourront mettre en place de nouveaux mécanismes de dialogue permanent sur le plan politique, stratégique et sécuritaire, ce qui pourra donner lieu éventuellement à l’avenir à la révision de l’accord de bon voisinage. 

Peut-on dire que la fermeté de la diplomatie marocaine a finalement pu imposer le respect des intérêts supérieurs du Royaume ? Quelles cartes le Maroc pourrait-il avoir joué justement pour que l’Espagne décide de tenir compte de la sensibilité de la question du Sahara ? 

Effectivement, le Maroc a changé depuis longtemps sa politique étrangère pour adopter une démarche offensive et proactive au lieu de la démarche conciliante adoptée auparavant. Et il récolte aujourd’hui les fruits de cette nouvelle approche. En outre, le Royaume a mis en place un plan de développement des provinces du Sud qui a rendu ces territoires plus attractifs, ce qui a encouragé plusieurs pays à ouvrir des consulats à Laâyoune ou Dakhla. Par ailleurs, la réintégration par le Maroc de l’Union africaine lui a donné plus de visibilité sur le plan continental et lui a permis de conclure des partenariats avec des pays qui traditionnellement avaient des positions négatives vis-à-vis de l’intégrité territoriale du Royaume, notamment le Nigeria et l’Éthiopie. Tout cela a fait que le pouvoir de négociation du Royaume est plus fort. D’abord, le Maroc jouit d’une position géopolitique et géostratégique importante. Ensuite, le Royaume est perçu comme étant un partenaire politique crédible par plusieurs puissances internationales, notamment les États-Unis et l’Union européenne. Le Royaume est par ailleurs très apprécié et considéré pour sa position modérée vis-à-vis de plusieurs questions sur le plan international. Le Royaume est par ailleurs un pays stable qui sort du lot dans le monde arabe. Tous ces atouts ne peuvent que pousser l’Espagne à reconsidérer sa position. 

Yousra Amrani

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Chercheuse en relations maroco-espagnoles et ex-directrice de l’Institut d’études hispano-lusophones

Fatiha Benlabbah : La décision du gouvernement espagnol «dynamite» les positions maintenues jusqu’à présent par les précédentes administrations PP et PSOE

La décision du gouvernement espagnol d’entamer une nouvelle étape dans sa relation avec le Maroc en reconnaissant l’importance de la question du Sahara pour le Royaume, ainsi que la proposition marocaine d’autonomie comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution de ce différend artificiel, a eu l’effet d’une bombe dans la mesure où elle «dynamite» les positions maintenues jusqu’à présent par les gouvernements espagnols successifs PP et PSOE.

«Le message adressé par le Président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, à Sa Majesté le Roi 

Mohammed VI, rendu public par le Cabinet Royal, annonce une évolution majeure de la position du gouvernement espagnol par rapport à la question du Sahara marocain. C’est un revirement de fond, après de longs mois de brouille diplomatique», a déclaré au «Matin» la chercheuse en relations maroco-espagnoles et ex-directrice de l’Institut d’études hispano-lusophones, Fatiha Benlabbah. 

«Madrid a ainsi franchi le pas que le Maroc attendait. La détermination, la rigueur et l’intransigeance de la diplomatie marocaine sous l’impulsion de S.M. le Roi ont donc porté leurs fruits», a souligné Mme Benlabbah, notant que le communiqué du gouvernement espagnol commence par une précision qui mérite d’être soulignée : «ante los comunicados del Palacio Real de Marruecos y del Ministerio de Asuntos  Exteriores…», c’est-à-dire que c’est en réponse aux messages du Roi du Maroc et du ministre des Affaires étrangères... que le gouvernement espagnol change sa position sur la question du Sahara et s’engage à soutenir la proposition d’autonomie faite par le Maroc et saluée par les Nations unies et la majorité des pays à travers le monde. 

Ce changement de position du gouvernement espagnol, affirme Mme Benlabbah, intervient après une crise diplomatique sans précédent entre Rabat et Madrid, la plus grave jamais enregistrée au cours des dernières décennies, déclenchée par un incident qui a révélé aux Marocains toute l’ambiguïté de la position espagnole sur le dossier du Sahara. Et de poursuivre : «Le Maroc, faisant suite au message de Pedro Sanchez, dit apprécier les positions positives et les engagements constructifs de l’Espagne au sujet de la question du Sahara. Madrid a donc décidé de passer à une nouvelle phase dans ses relations avec notre pays en reconnaissant l’importance de la question du Sahara pour le Maroc et en considérant que la proposition marocaine est l’unique solution sérieuse et viable pour la résolution de conflit artificiel». 

La chercheuse, tout en faisant référence au message de M. Sanchez dans lequel il est dit que les «deux pays sont unis inextricablement par des affections, une histoire, une géographie, des intérêts et une amitié partagée» et que «l’Espagne agira avec la transparence absolue qui correspond à un grand ami et allié» et «tiendra toujours ses engagements et sa parole», souligne qu’il s’agit là du début d’un processus dans lequel il faudra mettre en pratique ce qui a été convenu, avec confiance et engagement. 

Voilà donc une décision du gouvernement espagnol qui a fait couler beaucoup d’encre, affirme Mme Benlabbah qui, reprenant les termes de la presse espagnole, souligne que «cette décision a eu l’effet d’une bombe», dans la mesure où elle est venue «dynamiter» les positions maintenues jusqu’à présent par les gouvernements espagnols successifs PP et PSOE. «D’aucuns pensent que Sanchez ne céderait pas et ne prendrait pas parti pour le Maroc», affirme-t-elle. «Cette décision a également profondément bouleversé les ennemis de l’intégrité territoriale du Royaume qui ne la voyaient pas venir», ajoute la chercheuse, rappelant que pour le Royaume «le processus de résolution de la question du Sahara ne peut qu’aller de l’avant dans le cadre de la souveraineté marocaine, il est au point de non-retour».

Et Mme Benlabbah de conclure : «l’annonce des prochaines visites au Maroc du ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, et du Président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, est un signe supplémentaire de la sortie de crise et du passage à une nouvelle étape dans les relations entre les deux pays. C’est donc un moment décisif : un nouveau point de départ pour des relations plus fortes et une coopération stratégique plus renforcée, au bénéfice des peuples marocain et espagnol». n

Hicham Oukerzaz

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Ils ont déclaré... 

Isabel Rodriguez, porte-parole du gouvernement espagnol

La nouvelle étape entre l’Espagne et le Maroc, une «excellente nouvelle»

L’ouverture d’une nouvelle étape dans les relations entre l’Espagne et le Maroc est une «excellente nouvelle», a souligné la porte-parole du gouvernement espagnol, Isabel Rodriguez. «Il faut saluer comme une excellente nouvelle l’ouverture de cette nouvelle étape dans les relations entre l’Espagne et le Maroc, deux pays voisins unis pas des liens historiques», a affirmé Mme Rodriguez dans un entretien au quotidien «La Razon», publié dimanche. Cette nouvelle étape «garantit la stabilité nécessaire (…) et nous apportera des certitudes, tant sur le plan politique que sur celui de ses effets positifs sur le commerce entre l’Espagne et le Maroc», a relevé la responsable espagnole. «Nous avons pris des engagements mutuels et nous les avons respectés : parmi eux, l’absence d’actions unilatérales et le maintien d’une communication fluide et franche afin de continuer à renforcer la gestion des flux migratoires. La clé sera la coopération», a-t-elle expliqué. Tout en réitérant la position de son pays vis-à-vis de la question du Sahara marocain, Mme Rodriguez a fait observer que l’accord entre les deux pays «a valeur d’exemple», notamment en cette période de turbulence marquée par la crise ukrainienne. Dans un Message adressé à S.M. le Roi Mohammed VI, le Président du gouvernement espagnol a souligné que «l’Espagne considère l’Initiative marocaine d’autonomie comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend» au sujet du Sahara marocain. Reconnaissant «l’importance de la question du Sahara pour le Maroc», le Chef de l’Exécutif espagnol a mis l’accent sur «les efforts sérieux et crédibles du Maroc dans le cadre des Nations unies pour trouver une solution mutuellement acceptable» à ce différend. 

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Felix Bolanos, ministre de la Présidence espagnole

L’Espagne et le Maroc s’engagent dans une relation «stable et bonne»

En reconnaissant la prééminence de l’initiative marocaine d’autonomie comme «la base la plus sérieuse, réaliste et crédible», l’Espagne veut s’engager avec le Maroc dans une relation «stable et bonne», a affirmé, samedi, le ministre de la Présidence espagnole, Felix Bolanos. «Le monde a besoin de coopération entre les pays et de travailler ensemble sur des problèmes communs», a fait observer M. Bolanos dans des déclarations à la presse, assurant que la nouvelle position de son pays sur le Sahara marocain s’inscrit dans cette logique. Dans ce contexte, il a mis en exergue l’importance du Maroc pour l’Espagne, notamment en matière de coopération dans la gestion des flux migratoires et la lutte contre les réseaux de trafic d’êtres humains. En ouvrant une nouvelle page dans leur relation bilatérale, l’Espagne et le Maroc s’engagent à consolider une coopération «stable et bonne», a-t-il martelé. Vendredi, Pedro Sanchez a adressé un message au Souverain dans lequel il a souligné que «l’Espagne considère l’initiative marocaine d’autonomie comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend» au sujet du Sahara marocain. Reconnaissant «l’importance de la question du Sahara pour le Maroc», le Chef de l’Exécutif espagnol a mis l’accent sur «les efforts sérieux et crédibles du Maroc dans le cadre des Nations unies pour trouver une solution mutuellement acceptable» au différend. En réaction au message de Pedro Sanchez, le Maroc a indiqué qu’il appréciait hautement les positions positives et les engagements constructifs de l’Espagne au sujet de la question du Sahara marocain. 

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José Luis Rodriguez Zapatero, ancien chef du gouvernement espagnol

Le message du Président du gouvernement espagnol à S.M. le Roi, «judicieux pour asseoir une relation de confiance et de sincérité entre 

Le message adressé à S.M. le Roi Mohammed VI par le Président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, est «judicieux pour asseoir une relation de confiance et de sincérité» entre le Maroc et l’Espagne, a souligné, samedi, l’ancien chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero. «Le message adressé à S.M. le Roi Mohammed VI a été un message judicieux pour asseoir une relation de confiance sur des bases solides, avec une sincérité absolue de la part des deux parties», a affirmé M. Zapatero dans un entretien spécial diffusé sur les ondes de «Médi1 radio».  Qualifiant de «très positive» la déclaration du gouvernement espagnol en faveur du plan marocain d’autonomie au Sahara, M. Zapatero a estimé que cette position marque le retour de la «bonne relation et de la confiance entre le Maroc et l’Espagne». «La position du gouvernement espagnol sur le plan d’autonomie proposé par le Maroc est une position que j’ai défendue depuis 2008, quand j’étais le président du gouvernement (...) et qui, maintenant, se manifeste à nouveau», a-t-il soutenu, formant le souhait de voir le conflit du Sahara connaître «dans un futur proche une solution ou un accord basé sur le plan marocain d’autonomie». «J’ai toujours pensé que la relation avec le Maroc devait se baser sur une confiance, une sincérité et une transparence totales en matière de sécurité, d’intégrité territoriale ou d’immigration», a-t-il précisé. 

M. Zapatero a tenu, par ailleurs, à féliciter les ministères des Affaires étrangères du Maroc et de l’Espagne pour ces résultats après des mois de diplomatie et de travail discret. Il a mis l’accent sur la nécessité pour les deux pays d’avoir une vision tournée vers l’avenir. «Parfois, les crises sont une grande opportunité pour en sortir renforcé», a-t-il argué. Pour avancer sur la voie d’une relation de confiance, M. Zapatero a estimé qu’il est impératif d’œuvrer dans les domaines de l’économie, de la sécurité et de la culture. Mettant en avant les liens culturels et linguistiques dans ces moments d’inquiétudes dans le monde, il a qualifié de «très positive» cette nouvelle position qui a donné un nouvel élan à la diplomatie et à l’amitié ainsi qu’à l’entente entre deux pays comme l’Espagne et le Maroc. les deux pays»

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Julissa Reynoso, ambassadrice des États-Unis en Espagne

Le plan d’autonomie marocain «raisonnable et viable»

L’ambassadrice des États-Unis en Espagne, Julissa Reynoso, a réaffirmé le soutien de son pays à l’initiative marocaine d’autonomie pour le Sahara, la qualifiant de «raisonnable et viable». «Les États-Unis considèrent que le plan marocain d’autonomie pour le Sahara est raisonnable et viable», a souligné Mme Reynoso qui était l’invitée d’une émission, samedi soir, sur la radio espagnole «Cadena Ser». «Les États-Unis plaident pour cette solution lors des contacts avec les parties concernées», a fait savoir la diplomate, ancienne conseillère du Président américain Joe Biden. «Nous soutenons le processus impulsé par les Nations unies pour résoudre ce différend et nous appuyons l’initiative du Maroc», a relevé Mme Reynoso. La diplomate américaine est intervenue sur les ondes de la radio espagnole suite à la décision de Madrid de reconnaître l’initiative marocaine d’autonomie comme étant la seule solution sérieuse, réaliste et viable pour résoudre le différend régional sur le Sahara marocain. Samedi, un porte-parole du département d’État américain a précisé aux agences de presse espagnoles «EFE» et «Europa press» que Washington partage la position de l’Espagne sur la question du Sahara marocain. «Nous continuons à considérer le plan d’autonomie présenté par le Maroc comme sérieux, crédible et réaliste» et qui a un potentiel clair pour répondre aux aspirations des populations de la région, a-t-il déclaré. 

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Aymeric Chauprade, géopolitologue français

Le soutien espagnol à l’autonomie, fruit de la politique sage et en même temps ferme de S.M. le Roi

Le soutien par le gouvernement espagnol de l’initiative d’autonomie du Sahara marocain comme «la base la plus sérieuse, réaliste et crédible» pour la résolution du différend au sujet du Sahara marocain est le fruit de la politique sage et à la fois ferme de S.M. le Roi Mohammed VI, affirme le géopolitologue français Aymeric Chauprade. Le Souverain «a toujours été d’une fermeté sans faille s’agissant de l’intégrité territoriale du Maroc et donc de sa souveraineté sur le Sahara marocain. Cette ligne claire paie aujourd’hui», affirme-t-il dans une déclaration à la MAP. «L’Espagne considère donc désormais que l’autonomie dans la souveraineté est la meilleure solution pour en finir avec le différend autour du Sahara marocain. C’en est fini de cette non-position qui consistait (...) à s’abriter derrière une solution politique dans le cadre des Nations unies tout en maintenant de manière cachée des relations avec le polisario», relève-t-il. L’Espagne rejoint ainsi la France et l’Allemagne qui ont publiquement affirmé leur soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc, rappelle le géopolitologue, qualifiant la nouvelle position espagnole de «retournement spectaculaire de l’Histoire après l’erreur que l’Espagne avait commise dans le dos du Maroc en cachant un criminel du polisario».  À ses yeux, ce changement de position constitue également une «grande victoire, à la fois pour S.M. le Roi Mohammed VI et la diplomatie marocaine et pour la raison et la sagesse», note-t-il, faisant observer ainsi que l’Espagne renonce à ce qui pouvait apparaître comme une position du passé, découlant de l’ancienne domination espagnole sur cette région, au profit d’une relation constructive avec son voisin marocain dans laquelle les deux pays riverains ont tout à gagner. Et de poursuivre que l’Espagne et le Maroc ont tellement à bâtir ensemble en termes de sécurité régionale, de flux migratoires, de sécurité énergétique, maritime etc. Le géopolitologue français rappelle en ce sens la reconnaissance par les États-Unis d’Amérique de la marocanité du Sahara, estimant qu’elle montre le chemin que doit emprunter l’Europe. «La France, l’Allemagne et maintenant l’Espagne soutiennent le plan marocain de l’autonomie dans la souveraineté. Autrement dit, deux partenaires historiques et économiques européens importants du Maroc et un pays essentiel dans l’UE (l’Allemagne). Comment les autres membres de l’UE ne pourraient pas suivre ?» s’interroge Aymeric Chauprade. Rappelant à cet égard son ouvrage paru en 2019 «Géopolitique d’un Roi, essai sur un Maroc moderne et multipolaire», dans lequel il insiste sur ce déploiement multipolaire du Royaume, un pays qui, certes, maintient et consolide des relations fortes avec le monde occidental (Europe et États-Unis), mais a su se diversifier et se déployer aussi vers l’Asie, l’Afrique, l’Amérique latine, le géopolitologue souligne que cette «politique multipolaire est récompensée aujourd’hui au cœur même de l’Union européenne». De plus en plus de pays européens savent que le Maroc est un acteur émergent sur la scène internationale, une puissance de médiation. Pourquoi dès lors continuer à tourmenter cette puissance en entretenant un conflit artificiel en son Sud ? se demande-t-il. 

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Ilan Berman, analyste américain

La décision de l’Espagne traduit «la reconnaissance internationale croissante» des droits légitimes du Maroc

Le soutien apporté par l’Espagne au plan marocain d’autonomie comme étant la solution la plus sérieuse et crédible pour clore le différend régional sur le Sahara traduit «la reconnaissance croissante de la communauté internationale de la légitimité» des droits du Maroc, a indiqué le vice-président de l’American Foreign Policy Council à Washington, Ilan Berman. «La décision de l’Espagne est capitale pour deux raisons», a expliqué, dans une déclaration à la MAP, ce spécialiste des relations internationales et des questions de sécurité, en réaction à la teneur du message adressé à S.M. le Roi Mohammed VI par le Président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, dans lequel il a affirmé que «l’Espagne considère l’initiative marocaine d’autonomie comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend» au sujet du Sahara marocain. «Premièrement, cela marque une sorte de “réinitialisation” des relations entre Madrid et Rabat, ce qui était indispensable, compte tenu de la proximité géographique des deux pays et de leur importance l’un pour l’autre», a précisé M. Berman. Selon cet ancien conseiller des départements d’État et de la Défense des États-Unis, la deuxième raison qui explique l’importance de la nouvelle position espagnole est qu’elle «reflète une reconnaissance croissante de la part de la communauté internationale de la légitimité» des droits du Maroc sur le Sahara ainsi que de l’importance de l’initiative d’autonomie «comme étant la seule solution viable à un problème de longue date». «Les implications d’une telle décision sont importantes», a tenu à relever cet auteur d’une série d’ouvrages sur les questions internationales. «Avec cette décision, le gouvernement espagnol signale qu’il veut ouvrir une nouvelle ère dans les relations bilatérales et qu’il considère le Royaume comme un acteur politique clé et un pourvoyeur de sécurité sur le continent africain», a dit l’analyste et contributeur dans différentes publications spécialisées. 

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Crispiano Adames Navarro, président de l’Assemblée nationale du Panama

La décision de l’Espagne favorise une solution définitive

La décision de l’Espagne de reconnaître l’initiative marocaine d’autonomie comme «la base la plus sérieuse, réaliste et crédible» pour résoudre le différend autour du Sahara est susceptible de favoriser une solution définitive qui préserve «la paix et l’intégrité nationale», a indiqué le président l’Assemblée nationale du Panama, Crispiano Adames Navarro. L’initiative marocaine d’autonomie constitue «le cadre le plus objectif, responsable, réaliste et pertinent en vue de solutions qui préservent la paix et l’intégrité nationale, conformément au droit international», écrit M. Adames Navarro dans une réaction publiée sur le compte Twitter de l’Assemblée nationale du pays caribéen. Et d’ajouter qu’en tant que président de l’Assemblée nationale panaméenne, il «félicite et est fier de la position récente de l’Espagne, en réponse à l’initiative du Royaume du Maroc, en 2007, pour résoudre le différend du Sahara». Dans un message adressé à S.M. le Roi Mohammed VI, le Président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, a souligné que «l’Espagne considère l’Initiative marocaine d’autonomie comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend» au sujet du Sahara marocain. 

 

 

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