C'est aujourd’hui une étape très importante qui est franchie dans la sortie du Maroc de la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI). Cette étape consiste en la programmation d’une visite des experts du GAFI sur place au Maroc. Une condition sine qua non traduisant les conclusions des experts du GAFI que le Maroc a réalisé d’importantes avancées au niveau de son plan d’action et surtout qu’il en a achevé la réalisation. Conclusion à laquelle sont parvenus ces experts suite à leur lecture des rapports relatifs au Maroc». C’est ce que nous explique un expert marocain proche du dossier qui rappelle, que, jusque-là, le processus avait été assez lourd depuis l’adoption du plan d’action du Maroc en la matière et le démarrage de sa mise en œuvre en février 2021. Plusieurs rapports s’en ont suivi et ont été transmis aux experts du GAFI. Ce qui dément, selon notre source, les informations diffusées laissant entendre que le Royaume serait maintenu dans la zone grise. L’Autorité nationale du renseignement financier (ANRF), à travers un communiqué daté de vendredi 21 octobre, confirme. «Le GAFI a décidé d’envoyer un groupe d’experts au Maroc pour effectuer une visite de terrain visant à déterminer dans quelle mesure les axes du plan d’action approuvé entre le Royaume et le groupe en février 2021 ont été mis en œuvre par les autorités et institutions nationales concernées», indique-t-elle. Selon l’ANRF, cette décision reflète la conviction du GAFI que le pays, soumis au processus d’évaluation, a accompli tous les axes inclus dans ce plan d’action.
En effet, sur son site (www.fatf-gafi.org), le GAFI souligne, noir sur blanc, que «lors de sa réunion plénière d’octobre 2022, il a déterminé que le Maroc a substantiellement complété son plan d’action, ce qui justifie une évaluation sur place afin de vérifier que la mise en œuvre des réformes de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT) du pays a commencé et est soutenue, et que l’engagement politique nécessaire reste en place pour soutenir la mise en œuvre dans le futur», est-il indiqué.
Par ailleurs, nous indique notre source, le Maroc a déjà, lors de la dernière réunion des experts (évaluateurs), qui s’est tenue entre les 10 et 13 septembre à Hararé au Zimbabwe, avait bien défendu ses avancées et réalisations. «Une délégation coordonnée par l’Autorité nationale du renseignement financier (ANRF) avec une participation importante des autorités concernées, notamment le ministère de l’Économie et des finances et des autorités de supervision et de contrôle. Rendez-vous durant lequel il a fallu convaincre les experts du GAFI, notamment le Groupe d’Action financière du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (GAFIMOAN), des avancées réalisées par le Maroc dans le cadre de son plan. Cette réunion a eu lieu suite à une série d’autres réunions pour examiner les rapports d’état d’avancement du plan d’action marocain. Généralement, il s’agit d’un rapport semestriel. Ce qui a permis d’acter le fait que sur l’ensemble des points, le Maroc a réalisé ses engagements», nous explique-t-elle.Or aujourd’hui, «la visite sur place», devant avoir lieu dans les prochains mois, reste une étape décisive. «C’est une étape qui reste cruciale durant laquelle le Maroc doit montrer sur place et sur pièce aux experts les arguments qu’il a présentés dans les rapports précédents», précise notre source. En effet, selon le GAFI, le Maroc doit mettre en œuvre les réformes pour lesquelles il s’est engagé et doit «poursuivre le travail qu’il réalise dans le cadre de son plan d’action pour remédier à ses défaillances stratégiques». Il cite ainsi cinq grands axes. Il s’agit de l’amélioration de la surveillance fondée sur le risque s’agissant de la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, la prise de mesures correctives et l’application de sanctions efficaces, proportionnées et dissuasives en cas de manquement.
Le GAFI cite aussi le renforcement du cadre des «Sanctions financières ciblées» et le suivi et le respect de ces obligations. Il s’agit également de la réalisation et le partage des résultats de l’évaluation du risque d’utilisation abusive avec le secteur privé et les autorités compétentes. Le GAFI mentionne de même l’augmentation de la diversité des déclarations de transactions suspectes ainsi que la mise en place de procédures de saisie et de confiscation d’actifs suspects. Dans ce cadre, il rappelle que le Maroc, depuis février 2021, a pris un engagement politique de haut niveau de travailler avec le GAFI et le GAFIMOAN afin de renforcer l’efficacité de son régime de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.Par ailleurs, à l’instar des efforts déployés par les différentes autorités, institutions nationales et personnes soumises au processus de suivi, au cours de la dernière période, et dans le but de contribuer au succès de la visite des évaluateurs du GAFI, les autorités et les institutions nationales demeureront mobilisées et engagées en toute responsabilité dans ce chantier national pour permettre la sortie du Royaume de la liste de suivi renforcé du GAFI, souligne l’ANRF.