Réduire de moitié le nombre de morts et de blessés sur la route d’ici 2030 et promouvoir une mobilité durable, tels sont les principaux objectifs de la Déclaration politique que les États membres ont adoptée, vendredi dernier à New York, lors de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations unies sur la sécurité routière dans le monde. Par cette Déclaration, les gouvernements du monde entier s’engagent à diriger et à coordonner les efforts pour garantir que tous les échelons de la société agissent pour la sécurité routière et s’engagent à renforcer les politiques et les mesures afin de réduire les décès et les traumatismes. La Déclaration appelle à mettre au point et à financer des plans nationaux et locaux assortis de cibles et d’un financement clair. «La sécurité routière nous concerne tous. Chaque jour, nous empruntons des routes pour nous rendre au travail, accompagner nos enfants à l’école et satisfaire à nos besoins quotidiens vitaux.
Pourtant, nos systèmes de transport restent bien trop dangereux. Nous ne saurions tolérer aucun décès sur la route», a déclaré à cette occasion Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). «Les accidents de la route tuent actuellement plus de deux personnes chaque minute dans le monde. Depuis l'avènement de l'automobile, plus de 50 millions de décès ont été enregistrés sur les routes du monde, ce qui dépasse le nombre de morts de la Première Guerre mondiale ou de certaines des pires épidémies. Pour faire de cette Déclaration politique une réalité, il faudra un leadership fort, porteur de transformations, aux plus hauts niveaux de la puissance publique», a-t-il ajouté. De son côté, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a, lui, rappelé que les accidents mortels de la route étaient étroitement liés à l'insuffisance des infrastructures, à une urbanisation non planifiée, à des systèmes de santé laxistes et à des inégalités persistantes, tant au sein des pays qu'entre eux.
«Nous avons besoin d'une action ambitieuse et urgente pour réduire les risques les plus importants, tels que les excès de vitesse, la conduite sous l'emprise de l'alcool ou de toute substance psychoactive ou drogue, le non-port de la ceinture de sécurité, du casque et des dispositifs de retenue pour enfants, les infrastructures routières et les véhicules dangereux, la mauvaise sécurité des piétons et l'application insuffisante du Code de la route», a-t-il affirmé. Le chef de l'ONU a ainsi encouragé tous les États membres à adhérer aux conventions des Nations unies sur la sécurité routière et à mettre en œuvre des plans d'action à l'échelle de la société, avec une approche préventive forte. Il a également exhorté les donateurs à augmenter les contributions financières et techniques indispensables par le biais du Fonds des Nations unies pour la sécurité routière.
Bien entendu, le Maroc fait partie des pays ayant adopté cette Déclaration politique la semaine dernière. Lors de son intervention à la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations unies, Benacer Boulâajoul, directeur de l'Agence nationale de la sécurité routière (Narsa), a assuré que le Royaume soutient cette déclaration, et s'engage à intensifier ses efforts afin de la mettre en œuvre et d’entreprendre les actions recommandées à ce sujet. «La mise en œuvre de cette déclaration politique permettra de contribuer efficacement à l’amélioration de la sécurité routière dans le monde. Il est temps d’agir davantage pour protéger les usagers de la route et rendre nos routes plus sûres, et ce par l’engagement de chacun et la mobilisation et la détermination des pouvoirs publics», a-t-il souligné. Le directeur de la Narsa a, en outre, passé en revue les principales réalisations nationales en matière de sécurité routière.
«Le Maroc a érigé la sécurité routière en priorité nationale, en adoptant sa première stratégie nationale en la matière en 2005, couvrant la décennie 2004-2013, et qui a permis de maîtriser la sinistralité routière et changer la tendance annuelle haussière des accidents de la circulation qui prévalait avant cette période. Un nouveau Code de la route a également été adopté en 2010», a-t-il indiqué. «L’évaluation de la première stratégie a permis d’élaborer une nouvelle stratégie pour la période 2017-2026, dans le cadre d’une approche participative, impliquant l’ensemble des acteurs concernés, avec l’objectif de réduire le nombre de décès victimes des accidents de la route de 50% à l’horizon 2026. La sécurité routière au Maroc est une politique publique et un véritable chantier qui nous a permis de développer un capital d’expérience de valeur, un savoir-faire et un métier alignés sur les standards internationaux», a insisté Boulâajoul. Rappelons que malgré les efforts consentis pour réduire le nombre des accidents de la route, le constat demeure inquiétant. D'après les dernières statistiques en 2021, le Maroc a dénombré 10.028 accidents corporels de la circulation routière, soit une hausse de 18,6% par rapport à septembre 2020, et de +13,8% par rapport à septembre 2019.