Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a présenté mercredi dernier son avis sur le renforcement des liens entre le Royaume et ses ressortissants résidant à l’étranger. Cet avis qui dresse le profil des Marocains du monde (MDM) révèle que 5,1 millions de Marocaines et de Marocains étaient, en avril 2021, officiellement enregistrés auprès des consulats du Royaume à l’étranger. À ce chiffre, qui représente environ 15% de la population marocaine, peut s’ajouter l’effectif des personnes vivant à l’étranger et non immatriculées dans les consulats, les Marocaines et Marocains nés au Maroc et expatriés, ainsi que les nationaux ou binationaux nés et résidant à l’étranger dont au moins un parent est marocain. «Dès lors, la communauté des Marocains à l’étranger peut être prudemment estimée de 6 à 6,5 millions de personnes», lit-on sur le rapport du CESE. Et d’ajouter que «si l’Europe a jusqu’ici accueilli la majorité de l’émigration marocaine (89%), on rencontre désormais des Marocains installés dans plus de 100 pays». En effet, même si la France reste, avec plus d’un million de personnes (2020), le premier pays de résidence des Marocains du monde, c’est vers l’Espagne que les taux de croissance des flux marocains d’émigration ont été les plus importants entre 1990 et 2020 (près de 500%), puis vers l’Amérique du Nord (près de 400% de croissance du flux vers les États-Unis et plus de 350% vers le Canada), vers l’Italie, les pays du Golfe et les pays nordiques (Suède et Norvège).
Le Conseil précise, en outre, que les MDM ont un niveau d’instruction plus élevé que la moyenne de la population du Maroc. «Plus du tiers (33,5%) ont atteint le niveau d’enseignement supérieur, dont une proportion de femmes (44,7%) supérieure à celle des hommes (28,4%). Le tiers (33,7%) a un niveau d’étude secondaire et environ 16% le niveau primaire», indique le rapport. «Les talents marocains de haut niveau se dirigent désormais davantage vers le Canada et les États-Unis, plus que vers les anciennes destinations telles que la France, Belgique, Pays-Bas et Allemagne. Ainsi, 76% des expatriés marocains vers l’Amérique du Nord ont un diplôme de l’enseignement supérieur contre 48,9% de ceux qui s’orientent vers les anciens pays européens d’immigration, 28,4% vers les pays arabes et 10,9% pour les nouveaux pays européens d’immigration»
Le CESE fait également savoir que parmi les migrants marocains diplômés du supérieur, les trois quarts (74,1%) ont obtenu leur diplôme au Maroc. «La France demeure la première destination des Marocains diplômés de l’enseignement supérieur au Maroc (14,9%), suivie du Canada (2,4%), et des États-Unis (2,2%). Ces chiffres soulignent l’ampleur du phénomène dit du “brain drain” (exode des cerveaux). En 2010-2011, un médecin marocain sur quatre et un infirmier sur cinq exerçaient dans un pays de l’OCDE».
En revanche, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) signale que dans l’ensemble des pays d’accueil, les émigrés marocains sont confrontés à un phénomène tangible de déclassement, avec un écart négatif entre leur niveau de formation et les emplois effectivement occupés. Le déclassement professionnel des Marocains à l’étranger serait même supérieur à celui de l’ensemble des émigrés, de près de 4%. En Italie, pays où l’écart entre les natifs et les immigrés marocains est le plus élevé, 81% des Marocains diplômés du supérieur occupent des emplois sous-qualifiés, contre un taux de déclassement de 21% pour les natifs.