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Marrakech : les agences de location de voitures à l’agonie

La crise sanitaire et particulièrement la fermeture des frontières a frappé de plein fouet l'activité des agences de location de voitures à Marrakech. Le parc automobile de ce secteur a été réduit de 36%, certains véhicules ayant été vendus par leurs propriétaires pour subsister, d'autres saisis par les banques.

Marrakech : les agences de location de voitures à l’agonie
46% des 1.121 agences de location automobile que recensait Marrakech ont mis la clé sous le paillasson.

«La situation est plus que catastrophique. Je ne trouve vraiment pas le mot adéquat pour la décrire…» La formule est signée Fouad Meliani, président du Syndicat national des loueurs de voitures et propriétaire d’une agence de location automobile à Marrakech. Dans la cité ocre, tout comme dans tout le pays, le secteur de la location automobile est, semble-t-il, dans une situation telle que même l’ouverture du ciel marocain n’arrive pas à estomper la grisaille qui le plombe. Pourtant, il y a un peu plus d’un mois, l’air était plutôt à l’optimisme, en perspective des fêtes de fin d’année. La quasi-totalité des voitures de location à Marrakech était bookée. Les réservations faisaient foison et il n’y avait plus un seul véhicule disponible à la location. «Toutes les réservations ont été annulées du jour au lendemain, suite à l’annonce de la fermeture des frontières, et nous n’avions plus que nos larmes pour nous consoler», explique le président du Syndicat. Une situation qui perdure, à ce jour, car en dépit de l’ouverture des frontières, les étrangers, qui constituent la principale clientèle dans ce secteur, se montrent hésitants à voyager au Maroc. Et cela a une explication toute simple. «Quand je parle avec mes clients habituels, dont la majorité vit en Europe, ils ne cachent pas leurs craintes de venir au Royaume, car, disent-ils, le gouvernement marocain peut décider à n’importe quel instant de fermer les frontières», souligne Fouad Meliani. Pour avoir une idée de l’ampleur des dégâts sur ce secteur depuis le déclenchement de la pandémie de la Covid-19, il suffit de s’arrêter sur quelques chiffres qui, faut-il le reconnaître, donnent des sueurs froides. À ce titre, Marrakech comptait 1.121 agences de location automobile avant l’apparition du coronavirus. À ce jour, 46% d’entre elles ont mis la clé sous le paillasson. Le parc de la location de voitures comptait, quant à lui, quelque 10.000 véhicules environ, selon une estimation du président du Syndicat national des loueurs de voitures. Dans ce lot, 36% des voitures sont parties en fumée. Elles ont été soit vendues par leurs propriétaires pour payer leurs crédits et pour subsister, soit saisies par les banques. La crise sanitaire a également eu des conséquences fort regrettables : 4 loueurs de voitures ont mis fin à leurs jours à Marrakech. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, d’autres maux ont contribué à la déconfiture de ce secteur. Durant les derniers mois, les frais annuels d’assurance des véhicules de location sont passés de 5.000 DH à 12.000 DH, selon le syndicaliste, pour une voiture d’une valeur comprise entre 100.000 et 120.000 DH. «À cela s’ajoute le fait que les banques ne nous accordent plus de crédit à cause des impayés. De plus, durant la crise sanitaire, nous n’avions jamais eu droit au crédit oxygène. En faisant un report de crédit sur une année, certains confrères ont vu leur dette majorée de 40.000 DH ! Il s’avère vital d’opérer une réconciliation entre les organismes bancaires et les loueurs de voitures», explique Fouad Meliani, soulignant que les agences de location de voitures n’ont pas été intégrées dans le contrat programme, contrairement aux hôteliers et autres, de même qu’ils n’ont jamais bénéficié de subventions durant cette crise, hormis les trois premiers mois pour ceux qui étaient à jour dans leurs cotisations à la Caisse nationale de sécurité sociale. «Les décideurs ne nous ont jamais intégrés dans les métiers liés au secteur touristique, prétendant que notre principale clientèle est composée de Marocains. Ce qui est archifaux ! Comment expliquer alors qu’à chaque fermeture des frontières, les loueurs de voitures se tournent les pouces ?», s’insurge le président du Syndicat. Et de préciser : «90% de notre clientèle est composée de touristes étrangers et de Marocains résidant à l’étranger. Le pouvoir d’achat des nationaux ne leur permet pas de louer régulièrement une voiture, ils le font occasionnellement, d'autant qu’ils ont la possibilité d’acquérir un véhicule moyennant une traite mensuelle de 800 DH ou moins». Autre point qui fâche le syndicaliste : les appels d’offres de location automobile des Offices et autres administrations publiques accordées aux banques. «Nous n’avons pas le même gabarit et les mêmes moyens. Nous ne pouvons nullement être compétitifs ni les concurrencer», a-t-il conclu.
 

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