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Marrakech : le développement durable dans tous ses états

«Quel modèle de ville durable au Maroc ?» a été le thème de la 8e édition des rencontres-débats «Parlons développement», organisée conjointement, jeudi dernier à Marrakech, à l’initiative du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), de la Banque mondiale et du Policy Center for the New South, en partenariat avec l’Université Cadi Ayyad de Marrakech.

Marrakech : le développement durable dans tous ses états

La huitième édition du concept «Parlons développement» a connu la participation d’experts invités à débattre de la question du modèle de ville durable à adopter au Maroc en général, et à Marrakech en particulier. Le tout autour de grands axes que sont le développement de la mobilité urbaine durable, l’aménagement du territoire et l’efficacité énergétique, ainsi que la sauvegarde des ressources naturelles et du patrimoine «Notre pays a amorcé une dynamique qualitative à travers les réformes en faveur du développement inclusif, durable et résilient. (…) Des effets concrets et avantageux ont été ressentis dans notre société. Le nouveau modèle de développement a, de son côté, conçu une feuille de route qui tient compte des besoins d’un Maroc en plein essor, qui considère les exigences d’un monde en pleine transformation et qui tient vivement à la concrétisation des engagements de notre pays au titre de l’agenda des Nations unies relatif aux objectifs de développement durable à l’horizon 2030», a déclaré le Pr Moulay Lhassane Hbid, président de l’Université Cadi Ayyad, en guise d’ouverture de cette rencontre.
Et de préciser : «Ces engagements s’articulent autour de plusieurs questions, particulièrement celles portant sur la réduction des inégalités sociales, territoriales et de genre, la promotion de la croissance économique, d’un emploi décent notamment au profit des jeunes et des femmes, la préservation de la biodiversité et la lutte contre les effets du changement climatique».

Le responsable a également indiqué que l’Université Cadi Ayyad, en tant que partie prenante engagée dans la dynamique de changement que connaît notre pays, et en tant qu’acteur de l’économie du savoir, est pleinement consciente que le développement durable ne peut s’opérer dans le cloisonnement et l’un de ses rôles primordiaux consiste à faire converger ses connaissances, ses réflexions et ses actions vers la promotion de l’intelligence collective des pays et vers la synergie des forces vives de la Nation. «Notre établissement d’enseignement supérieur a entamé une ouverture sur son environnement socioéconomique, en vue de mutualiser ses moyens, ses actions et ses réflexions en faveur du développement durable», a-t-il souligné.

Mobilité durable
Pour sa part, Ahmed Chehbouni, expert en évaluation du développement et président-fondateur du Centre de développement de la région de Tensift (CDRT), a axé son intervention sur la mobilité durable qu’il estime être un pilier de la ville durable.
«Une ville durable est une cité où les habitants vivent en paix entre eux et en harmonie avec leur environnement, où la ville assure l’ensemble des services avec équité à l’ensemble de sa population, qu’il s’agisse d’habitat, de travail ou de loisirs et, bien entendu, de transport des personnes et des marchandises dans des conditions appropriées : propres, ponctuels et rapides», a-t-il déclaré, soulignant que la majorité des objectifs du développement durable est intimement liée à la mobilité. «À titre d’exemple, le déplacement et l’accès au travail est lié à l’objectif 1 qui concerne la lutte contre la pauvreté ; les moyens de transport propres qui ne polluent pas sont liés à l’objectif 13 portant sur la lutte contre les changements climatiques, etc.», a-t-il fait savoir.

Et d’ajouter : «Au Maroc, le transport détient actuellement 41% de l’énergie fossile et est responsable à hauteur de 24% des émissions de gaz à effet de serre. Certes, le Maroc a fait beaucoup de choses en termes de mobilité durable : la Ligne à grande vitesse, les projets de tramway à Rabat et à Casablanca, les autoroutes. Cependant, à Marrakech, on a fait les bus rapides qui n’étaient en fait qu’une opération de communication».
Ahmed Chehbouni a également insisté sur le fait qu’il y a trois choses qui freinent l’atteinte de l’objectif de mobilité durable. «Il s’agit de l’état de nos transports en commun, la non-coordination entre l’aménagement du territoire et la planification de déplacement et, enfin, l’état de notre administration», a-t-il souligné.

Aménagement et énergie
Lui emboîtant le pas, Zahra Sahi, inspectrice régionale de l’aménagement du territoire, de l’urbanisme et de l’architecture de Marrakech-Safi, a rappelé que le Maroc a emprunté la voie du développement durable dans la mesure où elle est considérée comme une priorité stratégique, et ce, à travers l’adoption de la Stratégie nationale de développement durable, l’instauration du nouveau modèle de développement, l’adoption en 2018 de la Charte de décentration administrative ou encore l’intégration de la dimension de durabilité dans l’arsenal juridique.
«La richesse patrimoniale et culturelle de la ville de Marrakech représente un atout majeur et un levier de transition de cette cité vers la durabilité et la résilience. (…) Les stratégies du ministère reposent sur le développement de villes satellites pour limiter l’extension urbaine de Marrakech, la valorisation du patrimoine foncier pour éviter le gaspillage spatial et le renouvellement urbain à travers l’exploitation et la valorisation du foncier à l’intérieur de la ville ocre», a-t-elle fait savoir.
Intervenant à son tour, Nahla El Alaoui, ingénieur en efficacité énergétique à l'Agence marocaine d’efficacité énergétique, a mis l’accent sur le rôle et l’impact de l’efficacité énergétique dans le process du développement durable, qui découle de la Stratégie énergétique nationale établie en 2009.
«Il faut s’arrêter sur l’efficacité énergétique dans le bâtiment et son impact sur la consommation énergétique, vu que ce secteur est le 2e en termes de consommation d’énergie au Maroc. Une série de lois et de réglementations en la matière ont été adoptées, tout comme les Labels d’efficacité énergétique dans le bâtiment, sur lesquels planche l’AMEE actuellement, ainsi qu’un système de classification des bâtiments, qui constitue une première au niveau du pays», a-t-elle conclu.

Patrimoine écologique et culturel
Prenant la parole, Loubna Chaouni, chargée des programmes de sauvegarde et de développement de la Palmeraie de Marrakech, du tourisme durable et de l’Université verte à la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement, a axé son intervention sur la préservation du patrimoine culturel et écologique de Marrakech, afin d’accompagner sa transition vers une ville durable.
«Marrakech représente le point de convergence de plusieurs programmes de la Fondation, du fait de sa multiculturalité et de son positionnement à l’échelle nationale. Ces programmes s’inscrivent dans plusieurs domaines tels que la préservation de la biodiversité, les ressources naturelles, l’action à travers le climat, ou encore l’éducation au développement durable», a-t-elle indiqué.

Loubna Chaouni a rappelé que la Fondation a pris en charge la sauvegarde et la réhabilitation de la Palmeraie à travers des actions concrètes, en impliquant la jeunesse à travers l’éducation au développement durable, la densification de la Palmeraie au niveau de certaines zones ayant permis la plantation de 600.000 plants, en plus d’opérations visant le nettoiement, l'évacuation des gravats et l’entretien de palmiers adultes.
«En matière de gestion des ressources hydriques, la Fondation a initié, en collaboration avec plusieurs partenaires, le projet d’introduction de l’arrosage par les eaux usées épurées en vue de réduire la pression sur la nappe phréatique et limiter, ainsi, le rejet d'un point de vue environnemental», a-t-elle fait savoir, soulignant que la Fondation a aussi introduit l’agroécologie, de même qu’elle mise sur l’éducation au développement durable et l’implication de la jeunesse à travers divers programmes.

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