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Marrakech-Safi : la relance économique est en marche !

Pour leur escale à Marrakech, «Les Régionales de l’investissement» de la Banque Populaire ont offert une excellente occasion pour mettre en avant les perspectives de l’activité économique dans cette région et surtout ses potentialités maintenant qu’une nouvelle dynamique est enclenchée. Cette étape a mis à l’honneur l’industrie de la chimie-parachimie, principalement portée par les réalisations du groupe OCP, pour lequel Marrakech-Safi constitue l’une des principales bases.

Marrakech-Safi : la relance économique est en marche !

La région de Marrakech-Safi vit aujourd’hui au rythme d’une bonne dynamique économique. Presque tous les secteurs reprennent de la vigueur dans cette région, particulièrement son vaisseau amiral : le tourisme. C’est ce qu’a affirmé le président du directoire de la Banque Centrale Populaire (BCP) de Marrakech-Béni Mellal, Abdelilah El Ouardi, qui fait état d’une propension croissante à l’investissement dans cette région. S’exprimant lors de la septième étape des «Régionales de l’investissement» tenue à Marrakech, M. El Ouardi a indiqué qu’«un potentiel d’investissement de 2,3 milliards de dirhams a été identifié dans cette région dans le cadre de ces Régionales, ce qui en fait la deuxième après Casablanca-Settat». La Banque Populaire, forte de son ancrage historique et de son leadership dans la région de Marrakech-Safi (possédant 30,8% de ressources et occupant la première place du marché en termes de crédits) est témoin de cette volonté retrouvée d’investir notamment dans le secteur du tourisme où, après un passage à vide, de grands opérateurs commencent à venir s’installer. Pour sa part, le deuxième vice-président de la région de Marrakech-Safi, Ahmed Akhchichen, a souligné lors de son intervention qu’«aujourd’hui, la Banque Populaire offre l’opportunité de se doter d’une gouvernance régionale ayant pour vocation de capter les enjeux et surtout d’intégrer les logiques qui sont celles des dynamiques des territoires de la région, d’où l’importance de mettre en place, par exemple, des fonds régionaux dédiés pour soutenir les investissements dans les régions». «Il est absolument nécessaire, aujourd’hui, d’engager une logique régionale de mise à disposition de ressources financières aux projets. Nous ne pouvons plus continuer à raisonner comme nous l’avons fait jusqu’à présent, c’est-à-dire en copiant simplement ce qui se fait au niveau national et en essayant d’apporter des adaptations», a-t-il fait remarquer.

Le capital humain, le meilleur des investissements

Par ailleurs, M. Akhchichen a souligné que «le meilleur des investissements, le plus important et le plus urgent pour lequel il faudra mobiliser des budgets conséquents est celui qui porte sur le capital humain». «Nous sommes convaincus aujourd’hui que le potentiel de création effective de richesse pour demain, surtout sur un territoire comme le nôtre, en concurrence effective avec d’autres territoires à l’intérieur de nos frontières, dépend d’un capital humain suffisamment performant pour dénicher les bonnes idées, les bonnes approches et le souffle qui convient afin de pouvoir s’engager sur la piste de demain», a-t-il souligné. Et de mentionner que la région s’est engagée de manière résolue, avec les universités et l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT) à assurer un accompagnement non seulement pour la mise en œuvre de projets déjà en place, mais qui vise à identifier les filières porteuses de demain et les modes de formation dont elles auront besoin.

Une assiette foncière de près de 3.000 ha avec des projets bancables

En matière d’accompagnement des investisseurs et des porteurs de projets, le deuxième vice-président de la région de Marrakech-Safi est d’avis que «ce dont nous avons besoin aujourd’hui, ce n’est pas d’un guichet unique, mais il faut être en capacité d’apporter un accompagnement personnalisé à chaque projet porteur d’une opportunité pour nous» «Aujourd’hui, il n’est plus concevable qu’un projet qui atterrit chez nous ne trouve pas quelqu’un avec une adresse et un numéro de téléphone spécialement consacré à son accompagnement», a-t-il notamment soutenu. Sur la question du foncier, M. Akhchichen a fait savoir que la région de Marrakech-Safi s’est engagée dans une démarche unique pour l’acquisition du foncier nécessaire au développement des investissements. «Nous avons aujourd’hui une assiette foncière qui appartient à la région de près de 3.000 hectares dans des zones qui sont identifiées et avec des projets bancables, et sur lesquelles nous allons engager de nouveaux modes de partenariat avec les opérateurs économiques», a-t-il fait savoir.

Industrie chimique-para-chimique : des marges de progression encore importantes

Les industries chimiques et para-chimiques, qui occupent une place importante dans le tissu économique national grâce à la diversité de leurs produits et aux interconnexions avec d’autres secteurs économiques en amont ou en aval (BTP, l’agriculture, la santé…), demeurent porteuses et affichent un développement soutenu. Fort de la présence du groupe OCP, ce secteur génère actuellement 60.000 emplois directs et a réalisé un chiffre d’affaires de 120 milliards de dirhams en 2021 (hors plasturgie), a indiqué le secrétaire général de la Fédération de la chimie et de la parachimie (FCP), Abderrahmane Zaghrary, qui intervenait dans le panel dédié à «L’industrie chimique et décarbonation». Regroupant plusieurs filières (peinture, colorants et pigments, produits pharmaceutiques, cosmétiques, engrais, détergents, phytosanitaires, gaz industriels et médicaux, verre et cristal et plasturgie), l’industrie chimique et para-chimique marocaine concourt à 30% du chiffre d’affaires de 27 milliards de dollars réalisé au niveau du continent africain (contre 430 milliards de dollars aux États-Unis et 450 milliards de dollars en Europe), a précisé le SG de la FCP. Durant la crise Covid, poursuit M. Zaghrary, le secteur de l’industrie chimique a fait preuve d’une grande résilience et a assuré la souveraineté nationale quant aux besoins en certains produits stratégiques (désinfectants, gels hydroalcooliques, oxygène médical...). Ce secteur recèle d’importantes opportunités d’investissement que ce soit dans la chimie verte (valorisation des plantes aromatiques, colorants naturels, fabrication de cosmétiques bio...), ou dans la chimie organique (résine, colles, peinture en poudre thermodurcissable, peinture pour véhicules...). Sans oublier les opportunités qui s’offrent aujourd’hui dans le domaine de l’hydrogène vert où le Maroc se positionne en premier plan pour le produire et l’exporter, a indiqué de son côté le directeur des activités industrielles diverses au ministère de l’Industrie et du commerce, Taoufik Rbiai. Sur les 1.179 projets identifiés par la banque des projets, ce secteur en compte 191 portant sur ses différentes filières qui permettront de créer 9.000 emplois directs et 13.000 indirects et d’augmenter sa taille de 20% à l’horizon de quelques mois. En termes de potentiel d’exportation au niveau de la région de Marrakech-Safi, ce secteur arrive en tête de liste des principales activités avec 13,1 milliards de dirhams, devançant l’agroalimentaire (8,9 milliards de dirhams), les produits de la mer (8,2 milliards de dirhams), l’électrique et l’électronique (6,5 milliards de dirhams), le cuir (2,5 milliards de dirhams) et les matériaux de construction (2,4 milliards de dirhams).

Transition énergétique : le Maroc a le potentiel de devenir un exportateur d’énergie verte

Traitant de la décarbonation et de la transition énergétique comme cela a été le cas tout au long des étapes de ces «Régionales de l’investissement», le directeur général de l’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique, Saïd Mouline, a affirmé que cette transition énergétique dont les assises ont été posées il y a bien des années au Maroc grâce à la Vision Royale sur les énergies renouvelables, présente aujourd’hui d’immenses opportunités et peut faire passer le Maroc d’un pays importateur d’énergie grise à un pays exportateur d’énergie verte. «Au-delà de l’aspect environnemental, il y a l’aspect économique qui prime aujourd’hui», a souligné M. Mouline, relevant qu’avec les énergies renouvelables, il est désormais possible de produire localement de nouveaux intrants tels que l’hydrogène vert et l’ammoniac vert (la facture de l’ammoniac s’est élevée cette année à 1 milliard d’euros) et de les exporter. «Il est temps d’accélérer cette transition énergétique pour tous les secteurs, y compris celui de la chimique et parachimie. Nous avons un champion mondial, l’OCP, qui vise à être “carbone neutre” en 2040 et dont aujourd’hui 88% de son électricité est d’origine renouvelable. Il utilise aussi la chaleur de la chimie pour le dessalement de l’eau et envisage de produire non seulement de l’hydrogène vert, mais aussi de l’ammoniac vert au lieu de l’importer», a-t-il dit. M. Mouline rappelle qu’il existe un Guide du financement vert élaboré avec le Cluster solaire et le financement dans le cadre du programme «Tatwir Croissance Verte» qui vise la transformation verte des PME industrielles avec des subventions qui peuvent atteindre 30% sur certains investissements et 80% pour les audits et les diagnostics.

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Déclarations 

Abdelilah El Ouardi, président du directoire de la Banque Populaire de Marrakech-Béni Mellal : «Le bilan de la première édition est très positif dans notre région où un potentiel d’investissement de 2,3 milliards de DH a été identifié»

«Nous accueillons ici à Marrakech la septième étape des “Régionales de l’investissement” sur le thème de l’industrie chimique et para-chimique, après le plein succès de la première édition organisée l’année dernière. Aujourd’hui, ces rencontres régionales sont devenues un événement phare qui rassemble le gotha des acteurs institutionnels nationaux et régionaux pour présenter à nos clients l’ensemble des dispositifs de soutien à l’investissement de l’État ainsi que les solutions de financement mises en place par notre Groupe. Le bilan de la première édition a été très positif à notre niveau où un potentiel d’investissement de 2,3 milliards de dirhams a été identifié. À ce jour, nous avons accordé une enveloppe financière de près de 400 millions de dirhams et nous avons des projets en cours de finalisation qui seront financés par une enveloppe supplémentaire de 400 millions de dirhams. Nous continuons également à soutenir le financement des TPE, qui constituent un axe stratégique pour notre Groupe, et nous détenons aujourd’hui une bonne part de marché au niveau régional, où nous assurons 40% du financement de quelque 1.580 projets impliquant des TPE.»

 

Ahmed Akhchichen, 2e vice-président de la région de Marrakech-Safi : «Beaucoup de choix qui ont été faits pour développer certains secteurs doivent être revus»

«Nous nous retrouvons aujourd'hui après presque un an dans le cadre de cette belle initiative de la Banque Populaire, dédiée aux questions d'investissement dans les territoires et les régions en particulier. Bien sûr, une année comme celle que nous avons vécue a été empreinte de nombreux moments forts et de grands changements. Nous avons pu échanger autour de ce que nous avons tous vécu. Aujourd'hui, nous savons ce que la Covid nous a coûté et aussi l'impact de la question de l'eau à la fois sur les activités économiques, mais aussi sur la vie sociale et la vie de nos concitoyens. Nous savons également que les changements du contexte géopolitique à l'échelle internationale ont un impact sur notre économie. Tout cela rend donc nécessaire la réunion avec l'ensemble des opérateurs économiques, des acteurs institutionnels et des partenaires financiers, pour comprendre ce qui nous attend et identifier les opportunités de demain. Je pense que ces échanges, comme les éditions précédentes l'ont montré, permettent, par la mise en commun de cette intelligence collective, d'ouvrir de nouveaux horizons. Nous savons aujourd'hui que nous devons transformer complètement et radicalement beaucoup de façons de faire que nous avions l'habitude de déployer. Nous savons aussi que beaucoup de choix qui ont été faits pour développer certains secteurs doivent être revus. Mais, nous savons surtout qu'il y a un potentiel qui est réel au niveau de notre région qui est une région dynamique avec des atouts essentiels, mais qui présente également un certain nombre de déficits et de défaillances qu'il appartient à ces intelligences mises en commun aujourd'hui de déceler et de définir ce qui doit être mis en avant demain et surtout de quelle boîte à outils avons-nous besoin pour pouvoir continuer à développer cette région.»

Abderrahmane Zaghrary, secrétaire générale de la Fédération de la chimie et de la parachimie : «Les industriels de notre secteur ont montré et peut-être surpris par leur engagement dans le processus de transition énergétique»

«Les échanges qui ont eu lieu aujourd'hui dans le cadre de ces “Régionales de l’investissement” de la Banque Populaire autour de l'industrie chimique ont été très enrichissants. Aujourd'hui, les industriels de notre secteur ont montré et peut-être surpris par leur engagement dans le processus de transition énergétique et de décarbonisation. L'industrie chimique a déjà entamé sa reconversion en tenant compte des perspectives d'avenir pour le développement de ses exportations avec des produits répondant aux nouvelles normes environnementales.»

 

Youssef Mouhyi, président de la CGEM de Marrakech-Safi : «Il faut aujourd’hui repenser l'investissement et stimuler l'état d'esprit des entrepreneurs»

«Nous remercions la Banque Populaire pour cette initiative parce que, effectivement, il faut repenser l'investissement et stimuler l'état d'esprit des entrepreneurs pour qu'ils croient en l'avenir, car il y a de nouvelles opportunités d'investissement et de croissance, surtout dans notre région. Après la crise de la Covid et les complications qui ont suivi, aujourd'hui nous avons besoin de croire et d'aller de l'avant et la Banque Populaire est à nos côtés avec tous ses moyens et son savoir-faire pour aider les entreprises, petites, moyennes et grandes, à repartir sur l'investissement productif et la création de richesse et d'emploi, que ce soit à Marrakech ou ailleurs. Notre région regorge d'opportunités dans beaucoup de domaines tels le tourisme, l'agroalimentaire, la cosmétique, les industries culturelles et créatives, etc., et elle se présente véritablement aujourd'hui comme l'endroit rêvé pour investir.»

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Entretien avec le SG de la Fédération de la chimie et de la parachimie (FCP)

Abderrahmane Zaghrary : «L’industrie chimique est challengée par les défis de développement à l’international et de la décarbonation»

Le Matin : Les réalisations du secteur de l’industrie chimique, hormis celles de l’OCP, sont en dessous des aspirations. À quels facteurs attribuez-vous ce constat ?

Abderrahmane Zaghrary : Tout d’abord, permettez-moi de souligner que les réalisations du secteur de la chimie-parachimie hors OCP sont en progression constante depuis plusieurs années, et ce à plusieurs niveaux : chiffre d’affaires, volume, valeur substituée à l’import, l’export qui a réalisé 190% de croissance sur 6 ans et le montant des investissements réalisés. Ces performances concernent les différentes filières de la chimie. Pour rappel, la chimie au Maroc, c’est 120 milliards de dirhams de CA avec l’OCP (50 milliards hors OCP), 60.000 emplois, 1.500 entreprises, dont 85% à activité industrielle. La chimie marocaine représente 30% de la chimie africaine (27 milliards de dollars). Toutefois, le secteur reste challengé par les défis de développement à l’international, de la décarbonation et autres et est déjà engagé pour les relever comme largement décrit lors de la dernière assemblée générale ordinaire (AGO) de la FCP. Le ministre de l’Industrie et du commerce a parlé, lors de la dernière assemblée générale de la FCP, de «redimensionner le secteur» en fonction des marchés régionaux et mondiaux.

L’industrie chimique et parachimique marocaine est-elle en mesure d’opérer ce redimensionnement ?

Oui, l’industrie chimique et parachimique est en mesure d’opérer ce redimensionnement, elle y est déjà engagée, car durant les deux dernières années et malgré la crise sanitaire, certains leaders nationaux se sont engagés dans ce redimensionnement, comme en témoignent les investissements réalisés par 3 groupes de notre Fédération pour augmenter leurs capacités de production ou de diversification pour répondre à la demande locale et participer ainsi à la stratégie de développement de la souveraineté industrielle du pays et développer l’export, particulièrement en Afrique. Toutefois, d’autres opérateurs nationaux ou internationaux peuvent être intéressés par ce redimensionnement et pour cela des préalables sont nécessaires, à savoir le foncier industriel, la refonte du dahir du 25 août 1914 (3 chaoual 1332), le coût de l’énergie, etc., et dans ce cadre, certains chantiers sont ouverts avec le ministère de tutelle et les administrations concernées.

Le ministre a également parlé de 191 projets provenant de la banque de projets touchant le secteur de l’industrie chimique et parachimique qui seront réalisés d’ici douze à dix-huit mois. Pouvez-vous nous parler de ces projets ?

Ces projets concernent pratiquement toutes les filières de la chimie-parachimie : détergents et produits d’entretien, cosmétique et huiles essentiels, peintures, colles, colorants, etc. Ils seront installés dans différentes régions du pays, avec un montant d’investissements de 4 milliards de dirhams, 5.000 emplois directs et 11.000 indirects.

Quelles filières de l’industrie chimique et parachimique sont-elles promises à un développement soutenu dans les années à venir ?

Je crois que la réponse à cette question se trouve dans la conclusion de la première : toutes les filières de la chimie sont engagées dans des mises à niveau réglementaires, innovation, investissement… pour développer leurs réalisations autant sur le marché local qu’international.  


Les Régionales de l'Investissement de la BCP : dans les coulisses de l'étape de Marrakech
 

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