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MEDays : focus sur l’Union africaine et les aspirations du continent

De l’Organisation de l’Unité africaine à l’Union africaine, le continent a vécu au gré de nombre de transformations géopolitiques et économiques, avec des succès, des échecs et beaucoup d’espoirs en attente. L’une des premières séances de la 14e édition des MeDays, dont les travaux ont débuté mercredi à Tanger, s’est proposée de revenir sur ce parcours, avec les témoignages d’illustres invités africains.

MEDays : focus sur l’Union africaine et les aspirations du continent
14e édition du Forum MEDays : table ronde sur les challenges de l’UA. Ph. Kartouch

Quels sont les challenges de l’Union africaine ? Comment simplifier l’architecture d’intégration politique et économique du continent ? Crises sécuritaires et instabilité en Afrique : quelle architecture de paix, de sécurité et de stabilité pour le continent ? Ce sont là quelques-uns des premiers sujets (parmi les 50 sessions et tables rondes programmés) abordés, mercredi, au début des travaux des MeDays à Tanger. Événement phare de la diplomatie parallèle, cette manifestation,  qui en est à sa 14e édition, se poursuit jusqu’à samedi prochain. Placée sous le Haut Patronage de S.M. le Roi Mohammed VI, elle réunit plus de 200 intervenants de renom, plus de 80 représentants gouvernementaux, dont des Chefs d’État et de gouvernement et une trentaine de ministres, plus de 500 entrepreneurs, des investisseurs… venant de plus de 100 pays. 

Il s’agit, pour rappel, d’une manifestation initiée et organisée par l’Institut Amadeus, un think tank marocain indépendant qui se positionne comme un laboratoire d’idées, un espace de réflexion et un créateur de débats par excellence. «Nous reprenons les MeDays, lancés depuis 2008, après une arrêt depuis 2020 en raison de la pandémie. Ainsi, nous lançons, à nouveau, les travaux en commençant par cette thématique relative à l’intégration du continent. De hauts responsables du continent vont, dans le cadre des tables rondes, enrichir les débats et apporter des recommandations et des idées», a déclaré Brahim Fassi Fihri, le président fondateur de l’Institut Amadeus, lors de cette première session. La première séance a permis de disséquer, sous plusieurs angles, parfois opposés, les challenges de l’Union africaine en tant qu’organisation du droit international, mais aussi en tant qu’objectif des décideurs politiques, économiques et des populations du continent.

Dans ce cadre, l’ancien président et haut représentant du Président de la République du Mali, Dioncounda Traoré, a indiqué que «l’Afrique devait s’intégrer, c’est la seule manière pour rattraper les retards des nations». Il a rappelé, dans ce cadre, les actions défendues par les icones panafricaines qui ont défendu avec acharnement l’idée du panafricanisme en citant le Roi Mohammed V, Ahmed Sékou Touré, Modibo Keïta… tout en rappelant l’historique de la création de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA). «Mais l’OUA, dès le départ, a mis dans ses textes des freins qui empêchaient d’avancer rapidement, notamment le principe de la non-ingérence dans les affaires des États. Au bout de nombreuses années, cette unité n’a donc pas été atteinte et il fallait corriger le tir», a-t-il expliqué. Selon lui, l’UA est venue en tant que représentation des peuples, contrairement à l’OUA qu’il a qualifiée de miroir des États, critiquée pour être un club des Chefs d’État. «Je pense que la création de l’UA est une décision qui a suscité beaucoup d’espoir pour les Africains. Désormais, on peut gérer et régler des problèmes qui risquent de miner l’ensemble du continent. Il y a eu également la création d’instances de défense et de sécurité africaines… Il faut donc parler d’une seule voix et permettre à l’Afrique de compter dans le concert international et aller plus vite. Croyons au destin de l’Afrique !» appelle Dioncounda Traoré. 

Insistant sur l’importance du vecteur culturel, Mamadou Tangara, ministre des affaires étrangères de la République de Gambie, a appelé pour sa part les Africains à mettre en avant les points communs plutôt que les différences. «La culture doit avoir une place prééminente dans notre politique. Je me sens très africain et non seulement sénégalais, marocain, malien…», a-t-il insisté en rappelant qu’il a fait ses études au Maroc. Ainsi, il a plaidé pour que l’Afrique arrête de se référer aux autres. «Il est important de nous concentrer sur nous, de partager nos ressources ensemble. Nous ne sommes pas contre toute forme de partenariat, mais il faut être les commandants de bord de nos pays, faisons les choses nous-mêmes», préconise-t-il. 

Par ailleurs, sur un ton assez critique, Martin Ziguele, ancien premier ministre de la République centrafricaine, a regretté que beaucoup d’Africains méconnaissent le drapeau de l’UA, alors que tout commence par la connaissance, selon ses propres mots. «Ce qu’il faut, c’est la lumière pour atteindre là où on veut arriver. Il faut des connaissances en histoire, en géographie, en sociologie et en philosophie de l’Afrique. Ce qui est, malheureusement, fait dans les grandes universités européennes, se pense, s’apprend et se connaît en dehors du continent. Il n’y a pas de chaires d’étude dignes de ce nom dans les universités africaines. C’est donc la question à se poser. Il faut conceptualiser l’unité africaine pour que le projet soit porté. Cela commence par ce qui est dans notre tête, les infrastructures viennent après. Ce que nous reprochons à l’UA c’est le choc de l’ignorance», s’indigne-t-il. 

Prenant la défense de l’UA, l’ancien premier ministre malien, Moussa Mara, a appelé, lui, lors de cette session des MeDays, à se rappeler aussi les réalisations et les réussites de l’UA. Il a d’abord cité qu’il s’agit de la seule organisation politique continentale dans le monde qui est reconnue par tous ses membres et les partenaires en dehors du continent. Puis il a mentionné l’action de cette organisation pour mettre sur pied une zone de libre-échange qui, selon lui, est une importante réalisation à ne pas omettre. Par ailleurs, il estime que cette entité a encore des challenges pour avoir la légitimité auprès des sociétés africaines. «Il faut agir pour qu’elle soit visible et soutenue par les sociétés. Des sujets peuvent le permettre, notamment l’action pour la paix et la sécurité. L’UA a un projet de force de maintien de la paix et de la sécurité.

Il y a aussi la question de la libre circulation, le passeport et le visa africains. Il y a un autre enjeu en lien avec la réforme de l’ONU c’est la présence africaine dans le Conseil de sécurité. Malheureusement, de grands pays se battent pour avoir un siège, pourquoi ne pas nous entendre pour qu’il y ait un siège permanent pour le continent et donner une place de choix à l’Afrique dans le concert des nations ?» propose-t-il en se montrant plus critique au sujet du financement de l’organisation africaine. Il a ainsi avancé que l’UA ne peut pas avoir une autonomie sans financement. «Il y a la taxe sur les importations qui avait été envisagée, a-t-il ajouté, mais qui n’est pas encore mise en œuvre parce que des pays sont réticents. Je pense que le financement doit être basé sur les cotisations selon le PIB de chaque État. Aussi, les plus riches doivent s’entendre. Les grandes puissances sur le continent, dont les Maroc, doivent constituer des G5 et des G7 pour s’entendre sur les sujets les plus importants pour l’Afrique». 

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