2022 sera l’année de la relance pour le secteur de la micro-finance. Selon nos informations, le gouvernement a pour objectif d'amener le secteur à retrouver au moins le niveau d’avant-crise. Les différentes mesures mises en place ou en cours d’activation devront ainsi permettre d’atteindre un objectif de 900.000 bénéficiaires de microcrédit à fin 2022, contre 865.000 en 2020, en baisse de 3,6% sur un an. En attendant les chiffres annuels 2021, le secteur a affiché au premier semestre de l’année dernière quelques signes de reprise et de redressement de la demande. Les prêts accordés par les associations du micro-crédit ont totalisé un encours de 8,6 milliards de dirhams au premier semestre 2021 marquant une hausse de 14,4% sur un an et de 6,2% par rapport à fin 2020. Rappelons que la décélération de l’activité, couplée au report des échéances et à la montée des risques, a lourdement impacté la rentabilité du secteur en 2020. Il a enregistré une perte nette cumulée de 246 millions de dirhams, après un bénéfice de 220 millions en 2019, reflétant un repli du PNB de 24%, en lien avec le quasi-arrêt de la production de crédit courant la période du confinement sanitaire, et une aggravation du coût du risque de 50% à 459 millions de DH pour former 5,7% des crédits.
En 2021, le secteur a renoué avec les bénéfices avec un résultat net cumulé d’environ 20 millions de DH enregistré à fin juin de l’année dernière. Néanmoins, le volume des créances en souffrance a significativement augmenté, dégageant un taux de risque de 12,1% à fin juin 2021, après de 8,3% à fin décembre 2020, contre 3,1% en 2019 et 3% en 2018. Compte tenu du contexte de la crise sanitaire et ses répercussions sur la clientèle fragilisée du secteur du micro-crédit, Bank Al-Maghrib a procédé, à titre temporaire jusqu’à fin juin 2021, à l’assouplissement des règles de classification et de provisionnement des créances en souffrance des associations de micro-crédit. Cette mesure a été prorogée à fin juin 2022. Parmi les leviers sur lesquels le ministère des Finances s’appuie pour relancer le secteur en 2022, figure le Fonds de garantie pour les associations de micro-finance. Afin de contrecarrer les effets de la crise sur les activités génératrices de revenu relevant du secteur de l'informel et assurer leur relance rapide, le gouvernement a mis en place un fonds de garantie visant à couvrir les crédits accordés par ces institutions. L’accord-cadre créant ce fonds a été signé en novembre 2020 par le ministère et la Caisse centrale de garantie (CCG : devenue la Société nationale de garantie et du financement de l’entreprise – SNGFE). D’après une source proche du dossier, le département des Finances vise à amener ce Fonds à bénéficier à 9 associations de microfinance (AMF) en 2022, sur les 12 que compte le secteur actuellement. À noter que le secteur est connu par la concentration de l’activité. La contribution des 3 premières AMF dans la distribution des crédits s’est établie, à fin 2020, à 93% et celle des 5 premières associations à 98%. Par ailleurs, la révision du cadre légal et réglementaire relatif au micro-financement se poursuivra pour diversifier les offres à même de comprendre la micro-épargne et la micro-assurance.