Les aides directes mobilisées par l’État au profit des transporteurs suite à l’envolée des prix des carburants auront permis de sauver un important tissu d’opérateurs. L’affirmation est de Mohamed Talal, président de la commission des PME à la CGEM, qui était l’invité de l'émission L’Info en Face du Groupe. Certes, ce soutien financier direct demeure «très insuffisant» aux yeux de Talal, mais il aura permis à des transporteurs de maintenir leur activité. «Certains opérateurs ont carrément été contraints de suspendre leurs flottes, car leurs clients refusaient la répercussion de la hausse des carburants sur leurs factures», explique le patron de la Voie Express qui vient de lancer, mercredi, Relais Express, un service de consignes électroniques de livraison de colis. Pour lui, cette solution d’aide directe aux transporteurs reste provisoire et son impact limité dans le temps.
Les tensions inflationnistes, un pur effet de la spéculation
Répondant à la question du rapport entre l’envolée des prix des carburants et l’inflation, Talal est catégorique : «Il est totalement faux d’avancer que c’est cette hausse qui a alimenté les tensions inflationnistes sur les marchés intérieurs». En effet, souligne le transporteur, le prix du carburant qui variait, en hors taxes, il y a quelques mois, entre 7 et 8 dirhams, et qui a plus que doublé aujourd’hui, n’a eu qu’un effet minime sur la hausse de certains produits alimentaires. En bon expert du secteur, Talal explique : «Prenons par exemple le cas d’un camion semi-remorque d’une capacité de chargement de 28 tonnes de tomates qui fait Casablanca-Agadir. En aller-retour, il fait 1.000 km. Sachant qu’un semi-remorque consomme 35 litres de carburant aux 100 km, cela veut dire que sur ce trajet, il va en consommer 350 litres. Si l’on considère l’augmentation de 7 DH le litre de carburant et qu'on la multiplie par les 350 litres, nous aurons une augmentation de 2.500 dirhams de plus sur ce voyage. Effectivement, cette hausse sera répercutée sur le client-expéditeur. Donc, ce voyage qui était facturé à 6.000 DH culmine à 8.500. Mais pour le consommateur final qui va acheter le kilo de tomates, l’impact est logiquement minime. Car en divisant les 2.500 DH sur les 28 tonnes de tomates, cela fait 2 centimes de plus le kilo». Sa conclusion : les intermédiaires et les spéculateurs profitent de cette situation pour gonfler les prix payés par le consommateur en ajoutant indûment 1 à 3 DH le kilo.