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Mohamed Talal : L’indexation des tarifs du transport sur le prix des carburants est la solution contre la spéculation

L’indexation des tarifs du transport sur le prix des carburants est la formule idéale pour protéger les transporteurs et les consommateurs des pratiques spéculatives. L'affirmation est de Mohammed Talal, président de la Commission PME à la CGEM et par ailleurs patron de la Voie Express. L’opérateur estime que les aides directes octroyées par l’État aux transporteurs pour amortir l’impact de l’envolée des prix à la pompe sont nécessaires mais pas suffisantes. Talal rejette, en outre, le postulat qui lie cette hausse aux tensions inflationnistes sur les marchés intérieurs qui sont, pour lui, le fait essentiel de pratiques spéculatives.

Mohamed Talal : L’indexation des tarifs du transport sur le prix des carburants est la solution contre la spéculation
Mohamed Talal

Les aides directes mobilisées par l’État au profit des transporteurs suite à l’envolée des prix des carburants auront permis de sauver un important tissu d’opérateurs. L’affirmation est de Mohamed Talal, président de la commission des PME à la CGEM, qui était l’invité de l'émission L’Info en Face du Groupe. Certes, ce soutien financier direct demeure «très insuffisant» aux yeux de Talal, mais il aura permis à des transporteurs de maintenir leur activité. «Certains opérateurs ont carrément été contraints de suspendre leurs flottes, car leurs clients refusaient la répercussion de la hausse des carburants sur leurs factures», explique le patron de la Voie Express qui vient de lancer, mercredi, Relais Express, un service de consignes électroniques de livraison de colis. Pour lui, cette solution d’aide directe aux transporteurs reste provisoire et son impact limité dans le temps.

Face à cette problématique de hausses récurrentes des cours des carburants, le transporteur et logisticien recommande l’adoption d’une solution finale : l’indexation des tarifs du transport sur le prix du carburant. «Nous espérons arriver, au niveau de la Fédération des transports, à un consensus avec le gouvernement autour de cette formule d’indexation qui permettra non seulement à l’État de ne plus mettre la main à poche pour soutenir directement les transporteurs mais aussi aux transporteurs de maintenir leur activité en cas d’envolée des prix des carburants», explique Talal qui rappelle au passage que cette solution marche très bien dans des pays européens comme l’Allemagne et la France. Concrètement, l’équation est toute simple, selon l’opérateur. «Dans sa facture à un client-expéditeur, le transporteur met en bas un indice de correction. Ce dernier dépend du tarif du carburant qui était en cours lors de la signature du contrat et du nouveau cours constaté le mois où la prestation a été facturée. Ainsi, en cas de hausse du carburant, nous avons donc un indice multiplicateur sur le total de la facture qui vient corriger le prix de la prestation en compensant l’augmentation du cours du carburant», détaille Talal. À l’inverse, s’il y a une baisse, elle est automatiquement répercutée sur le tarif du transport. «Cette formule est beaucoup plus importante que la solution des aides directes puisque l’impact sur le consommateur final ne sera que minime», insiste l’opérateur. Précision importante : cette solution ne peut être appliquée au transport de voyageurs ou de personnel, eu égard à la nature de cette prestation.

Les tensions inflationnistes, un pur effet de la spéculation

Répondant à la question du rapport entre l’envolée des prix des carburants et l’inflation, Talal est catégorique : «Il est totalement faux d’avancer que c’est cette hausse qui a alimenté les tensions inflationnistes sur les marchés intérieurs». En effet, souligne le transporteur, le prix du carburant qui variait, en hors taxes, il y a quelques mois, entre 7 et 8 dirhams, et qui a plus que doublé aujourd’hui, n’a eu qu’un effet minime sur la hausse de certains produits alimentaires. En bon expert du secteur, Talal explique : «Prenons par exemple le cas d’un camion semi-remorque d’une capacité de chargement de 28 tonnes de tomates qui fait Casablanca-Agadir. En aller-retour, il fait 1.000 km. Sachant qu’un semi-remorque consomme 35 litres de carburant aux 100 km, cela veut dire que sur ce trajet, il va en consommer 350 litres. Si l’on considère l’augmentation de 7 DH le litre de carburant et qu'on la multiplie par les 350 litres, nous aurons une augmentation de 2.500 dirhams de plus sur ce voyage. Effectivement, cette hausse sera répercutée sur le client-expéditeur. Donc, ce voyage qui était facturé à 6.000 DH culmine à 8.500. Mais pour le consommateur final qui va acheter le kilo de tomates, l’impact est logiquement minime. Car en divisant les 2.500 DH sur les 28 tonnes de tomates, cela fait 2 centimes de plus le kilo». Sa conclusion : les intermédiaires et les spéculateurs profitent de cette situation pour gonfler les prix payés par le consommateur en ajoutant indûment 1 à 3 DH le kilo.

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