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L’État doit plafonner les marges des intermédiaires et grossistes (Mohammed Benmoussa)

Inflation et risques endogènes et exogènes pour le Maroc, les pistes à emprunter et les erreurs à éviter. Mohammed Benmoussa, membre de la Commission spéciale sur le modèle de développement et vice-président de l’association Damir, était l’invité de «l’Info en Face» pour en parler.

L’État doit plafonner les marges des intermédiaires et grossistes (Mohammed Benmoussa)
Mohammed Benmoussa, membre de la Commission spéciale sur le modèle de développement et vice-président de l’association Damir. Ph. Sradni

Jusqu’où iront les pressions inflationnistes ? Le Maroc, comme tous les pays de la planète, fait face à des menaces et risques liés à la guerre économique et militaire eu Europe. «L’Europe représente 70% de nos exportations. Tels sont les risques exogènes auxquels nous sommes confrontés (…). À côté de cela, nous avons nos propres fêlures endogènes, nos propres failles et défaillances internes qui amplifient l’impact de ces répercussions exogènes», souligné Mohammed Benmoussa, membre de la Commission spéciale sur le modèle de développement, lors de son passage dans un nouvel épisode de «L’Info en Face».

La situation est-elle pour autant gérable ? Oui. Pour l’invité de Rachid Hallaouy, le gouvernement doit pouvoir gérer ces risques et menaces comme le font tous les gouvernements. «Il est vrai que nous sommes dans une situation de fragilité accrue parce que nous n’avons pas réussi à protéger notre économie de façon plus efficace. Nous n’avons pas eu des politiques publiques qui ont pu garantir la souveraineté nationale en termes alimentaires, énergétiques et sanitaires», ajoute le vice-président de l’association Damir.

Comment aurait-on pu mieux faire ? S’interroge Hallaouy. «Le gouverneur de la Banque centrale a eu raison, et je l’appuie, de ne pas répondre aux sirènes appelant la Banque centrale à augmenter son taux directeur pour contenir la pression inflationniste (…). C’était une bonne décision parce que nous sommes dans une situation de risque stagflastionniste. Nous sommes en stagflation. C’est-à-dire nous avons un effet de ciseaux aujourd’hui qui cumule à la fois l’inflation et la récession», développe Benmoussa.

Selon l’invité de l’émission, augmenter le taux directeur aurait été une double erreur : parce que, d’une part, ça aurait créé un effet dépressif sur l’activité économique et, d’autre part, l’inflation dans notre pays «n’est pas une inflation monétaire». Concrètement, précise Benmoussa, l’inflation au Maroc n’est pas due au fait d’une masse monétaire effilée, mais plutôt une inflation importée du fait des produits dont nous avons absolument besoin pour faire tourner notre économie. «Et donc, quand bien même on aurait des impacts sur le taux directeur ou on réduirait la masse monétaire, ça ne réduirait pas le taux d’inflation». Pour prouver cette «déconnection» entre les mouvements monétaires, de masse monétaire, de crédit et de taux d’inflation, l’expert a sa propre analyse. «En 2020, la masse monétaire a augmenté de 8% et le crédit de 4,5% et l’inflation était de 0,8%. En 2021, la masse monétaire a augmenté de 5,5%, le crédit de 3 à 3,5%, l’inflation était alors de 1,2%. En 2022, et selon les derniers chiffres dont je dispose, la masse monétaire est pratiquement stable, elle a même légèrement diminué de 0,5%, je pense, les crédits ont baissé de 2% et l’inflation est à 3%», soutient l’invité de l’émission. Et que faire face à la cherté de la vie, la détérioration du pouvoir d’achat de ménage et la baisse de la compétitivité des entreprises ? Pour Benmoussa, il faut d’abord débloquer des aides supportées par le déficit budgétaire. En clair, poursuit l’interlocuteur de Rachid Halliouy, il faut que l’État assume ses responsabilités avec des aides directes et ciblées pendant cette période. D’autre part, la régulation du marché est également de mise : «Il y a une marge de réduction des prix qui est importante. Dans le secteur des hydrocarbures, dans le commerce de gros et des produits alimentaires, il y a une inflation d’intermédiaires qui fait que les prix, lorsqu’ils arrivent dans le panier de la ménagère, il y a toute une succession de marges. Je veux que l’État intervienne, qu’il régule ces marchés et qu’il plafonne les marges des intermédiaires et des grossistes. L’État doit plafonner les marges des distributeurs des hydrocarbures…»

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