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Mustapha Sehimi : «Le recadrage du SG de l’ONU vise en particulier l’Algérie qui veut se défausser de ses responsabilités dans les négociations»

Le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, n'a pas tardé, après la fin de la tournée régionale de son envoyé personnel, Staffan de Mistura, à venir réaffirmer la centralité du processus politique de l'ONU sur la question du Sahara marocain. Cette réaffirmation du SG de l'ONU est, de l'avis du politologue Mustapha Sehimi, une mise en cause frontale de l'Algérie, qui n'a cessé de clamer qu'elle n'était pas concernée par ce conflit et a dit «non» au format des tables rondes retenu par le Conseil de sécurité comme cadre de dialogue quadripartite réunissant le Maroc, le polisario, l'Algérie et la Mauritanie.

Mustapha Sehimi : «Le recadrage du SG de l’ONU vise en particulier l’Algérie qui veut se défausser de ses responsabilités dans les négociations»

Le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a mis à profit sa conférence de presse de début d'année avec les médias accrédités à l’ONU pour faire le recadrage de la position de l’organisation mondiale à propos de la question nationale, indique le politologue Mustapha Sehimi. «Ce recadrage vise en particulier la position de l’Algérie», souligne M. Sehimi, faisant observer que le SG de l’ONU «a rappelé à ce sujet qu’il fallait relancer le processus de négociations en vue d’un règlement politique, négocié sur la base des principes validés et consacrés par le Conseil de sécurité, à savoir une solution de compromis, réaliste, pragmatique et prenant en compte la prééminence de la proposition marocaine d’autonomie déposée en Conseil de sécurité en avril 2007».

M. Guterres a tiré les conclusions de la première visite de son envoyé personnel, Staffan de Mistura, qui a effectué une tournée dans la région du 13 au 19 janvier courant, dit le politologue, faisant remarquer à propos de cette tournée que l’agenda prévu a été modifié, à la demande d’Alger, puisque l’émissaire onusien a visité le Maroc, les camps des séparatistes à Tindouf, puis la Mauritanie et enfin l’Algérie. «L’Algérie a voulu être la dernière partie à être visitée par l’envoyé onusien pour tenter de faire valoir sa nouvelle position, à savoir que ce n’est qu’un pays voisin et non une partie prenante principale», affirme M. Sehimi. Et de rappeler que l’émissaire onusien a été mandaté sur la base de périmètres précis, c’est-à-dire la réactivation des négociations sur la base du format de la table ronde incluant le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le mouvement séparatiste. M. de Mistura, ajoute M. Sehimi, a été également mandaté pour relancer ce processus de négociations sur la base de ce qui a été arrêté lors des deux précédentes tables rondes en Suisse en décembre 2018 et mars 2019.

Ce processus de négociations a été de nouveau consacré par le Conseil de sécurité dans la résolution 2602 du 29 octobre 2021, rappelle M Sehimi, précisant que le processus ne doit pas se limiter à des tables rondes. «En organisant deux précédentes tables rondes, et en prévoyant d'en organiser une troisième et peut-être d'autres à l'avenir, il s'agit d'inscrire ces rencontres dans le cadre d'une finalité. On ne se réunit pas pour se réunir ! Le but est de trouver une solution dans le cadre des principes consacrés par le Conseil de sécurité», explique-t-il.
Pour le politologue, «la position d'Alger a été recadrée car depuis l'adoption de la résolution 2602, les responsables algériens n'ont cessé de déclarer qu'ils ne voulaient plus être associés au format de la table ronde. Alger avait d'ailleurs exprimé sa désapprobation de cette résolution. Voilà donc aujourd'hui la communauté internationale qui valide un processus basé sur des principes consacrés par le Conseil de sécurité et l'Algérie qui se met en dehors de ce processus. Et c'est sous la pression de la communauté internationale qu'elle a dû accepter de recevoir l'émissaire de l'ONU».

La question du Sahara relève exclusivement du cadre politique défini par l'ONU

Dans les propos d'Antonio Guterres, M. Sehimi retient un autre élément important. «Il n'y a qu'un seul cadre valable et validé, qui est celui des Nations unies, et toutes les manœuvres algériennes visant à impliquer ou à faire interférer d'autres acteurs sont rejetées par le SG de l'ONU», souligne-t-il. «Ces manœuvres tendaient à faire considérer que l'Union africaine en particulier devait être impliquée au même titre que l'ONU pour faire avancer ce processus de négociation. Cependant, l'UA n'a pas la compétence pour se saisir de cette question. Cela a été réaffirmé lors du sommet de Nouakchott en juillet 2018, où l'UA a fait adopter le principe d'une troïka (le président en exercice de l’UA, le président de la commission africaine et le président à venir de l’UA), qui a un mandat précis d’accompagnement du processus de négociations qui est entre les seuls mains des Nations unies», affirme M. Sehimi. Et de rappeler «les manœuvres algériennes ont toujours voulu que l'Union africaine soit impliquée et cela a été prouvé au niveau des travaux du Conseil de paix et de sécurité, où l'Algérie a toujours multiplié les manigances et les pressions pour l'impliquer, comme ce fut le cas en mars 2021. Mais là encore, la majorité des membres de ce Conseil ont rappelé l'exclusivité du mandat onusien dans la gestion de la question du Sahara marocain et réitéré leur soutien à la décision 693 adoptée à l'unanimité lors du Sommet des Chefs d'État et de gouvernement à Nouakchott en juillet 2018».

Les menaces terroristes, un message clair en direction d'Alger

Dans ses déclarations, le SG de l’ONU a mis l’accent sur les problème de stabilité et de sécurité qu’il y a dans la région. «La situation créée par le mouvement séparatiste et son parrain, l'Algérie, est un facteur qui porte atteinte à la sécurité et à la stabilité dans la région, en particulier dans la région du Sahel, avec le risque que ces problèmes de sécurité ne débordent sur les rives sud et nord de la Méditerranée», affirme M. Sehimi, qui estime que l’Algérie ne saurait se défausser de ses responsabilités à cet égard, d'autant plus que le régime algérien est pointé du doigt pour avoir fait appel à d'autres mercenaires, outre ceux du Polisario, dans la région. Et de conclure que «l’Algérie se trouve mise en cause frontalement par le Secrétaire général des Nations unies. Elle doit assumer ses responsabilités et il est bien évident que le statu quo actuel n’est pas tenable. Et nul doute que le SG de l’ONU et les membres du Conseil de sécurité vont œuvrer pour faire pression sur l’Algérie pour qu’elle s’assoit à la table de négociations conformément à ses engagements précédents et qu’elle s’engage de bonne foi dans un processus de règlement».

La diplomatie algérienne, selon M. Sehimi, est plus que jamais isolée. Elle est en situation d’échec, elle n’est plus audible et n’a pas de soutiens. «Elle ne traduit que les rigidités qui sont celles du système politique algérien. Et Son isolement a été encore une fois confirmé par l’échec de l’organisation du Sommet arabe, prévu en mars à Alger, et qui a été reporté à une date ultérieure».
 

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