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Mustapha Sehimi : «La tension entre Rabat et Berlin s'explique par le manque d’un cadre approprié de consultation»

Le Président allemand, Frank-Walter Steinmeir, vient d'adresser un message à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, porteur de très haute signification politique et diplomatique. Le message, qui salue nombre de réformes et de démarches innovantes entreprises sous le leadership de S.M. le Roi, souligne que le plan d'autonomie présenté en 2007 est considéré par l’Allemagne comme «un effort sérieux et crédible du Maroc et comme une bonne base pour parvenir à un accord» pour ce différend artificiel autour du Sahara marocain. Sur ce point précis, le politologue Mustapha Sehimi, expert du dossier du Sahara, perçoit dans cette formulation employée une nuance qui se situe en deçà des résolutions adoptées par le Conseil de sécurité il y a des années maintenant, qualifiant ce plan de «solution sérieuse, crédible et réaliste».

Mustapha Sehimi : «La tension entre Rabat et Berlin s'explique par le manque d’un cadre approprié de consultation»
Pr Mustapha Sehimi.

Le message adressé par le Président allemand à Sa Majesté le Roi Mohammed VI renferme une nouvelle appréhension de la cause nationale par Berlin, puisqu’il souligne que le plan marocain d’autonomie est une «bonne base» pour la résolution de la question du Sahara marocain, relève M. Sehimi. «C’est une formulation significative de la nouvelle approche de Berlin et qui est en deçà des résolutions du Conseil de sécurité, lesquelles depuis des années maintenant n’ont cessé de réitérer que l’initiative d’autonomie d’avril 2007 est “sérieuse, crédible et réaliste”. Il y a donc là une nuance qu'il faut relever», affirme l’expert du dossier du Sahara marocain.

Ce message émanant de la présidence allemande contient également un autre message politique important, en reconnaissant le rôle constructif du Maroc en ce qui concerne la situation en Libye, ajoute M. Sehimi, qui rappelle que Berlin avait «omis» d'inviter le Maroc à la conférence de janvier 2020 sur la Libye. «Ce message reconnaît également le rôle du Maroc en faveur de la stabilité et du développement durable de la région», précise le politologue qui voit que «la diplomatie allemande est en train de reprendre ses marques pour nouer un partenariat privilégié avec le Royaume», comme l'attestent ce message et le communiqué publié le 13 décembre dernier par l’Office allemand des Affaires étrangères (Auswärtiges Amt) dans lequel il est souligné que «le Maroc est un partenaire central de l'Union européenne et de l'Allemagne en Afrique du Nord».

Des développements et des signes positifs, dit M. Sehimi, notant toutefois que des questions subsistent encore : pourquoi les relations entre Berlin et Rabat ont-elles connu cette tension allant jusqu'au rappel de notre ambassadeur à Berlin ? De l'avis de l’expert, il manque un cadre approprié de consultation aux relations bilatérales entre le Maroc et l'Allemagne. «Il est nécessaire à l'avenir de mettre sur pied un cadre approprié sur la base d'un certain nombre de principes : le dialogue, la transparence, le respect et une bonne appréhension des problèmes qui peuvent survenir entre les deux pays».

«Le Maroc d'aujourd'hui n'acceptera pas la moindre atteinte à ses fondamentaux»

Du message du Président allemand, le professeur Sehimi tire également une autre conclusion : «la politique Royale de fermeté à l’endroit de tous les pays et tous les partenaires qui portent atteinte aux lignes rouges, en particulier la question du Sahara, est une politique qui s'est avérée payante». «C'est un fait qui doit être pris en compte par tous les partenaires de la région afin qu'ils prennent toute la mesure de cette réalité : le Maroc d'aujourd'hui est un Maroc qui se tient droit dans ses bottes et qui n'acceptera pas la moindre atteinte à ses fondamentaux, notamment à la cause nationale», a affirmé le politologue. «Ce qui s'est passé avec Berlin est illustratif à cet égard. Les pays et partenaires étrangers doivent mesurer le coût diplomatique et politique de certaines démarches hostiles qu'ils seraient tentés d'entreprendre vis-à-vis de la cause nationale», a-t-il souligné.


«L'Espagne est appelée à faire plus et mieux»

Faisant référence tout particulièrement à l’Espagne qui cherche à normaliser ses relations avec le Maroc, M. Sehimi estime que «pour l’heure, Madrid n’a pas encore fait de signes suffisamment significatifs avec des mesures concrètes dans cette direction». «Il y a bien eu le limogeage de la ministre des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya, il y a trois mois, et il y a également les déclarations du Chef du gouvernement, Pedro Sanchez, tenant à rappeler que le Maroc était un partenaire stratégique pour l’Espagne et un pays avec lequel Madrid entretient des relations privilégiées, mais ça ne suffit pas», souligne le politologue. «L'Espagne est appelée à faire plus et mieux pour démontrer sa volonté de raviver un partenariat fécond entre les deux pays sur la base des principes désormais bien affichés par la diplomatie marocaine».

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