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Myriam Lahlou Filali : La préférence nationale et l’agence nationale du médicament, deux chantiers à activer en urgence

Situation du secteur pharmaceutique, chaine du médicament, préférence nationale. Ce sont quelques sujets débattus par Myriam Lahlou Filali, DG de Pharma 5, dans le cadre de l’émission L’Info en Face. L’industrielle rassure sur la santé du secteur mais appelle à une réforme organisationnelle au niveau de la chaine du médicament et à encourager la préférence nationale à travers le médicament générique.

Myriam Lahlou Filali : La préférence nationale et l’agence nationale du médicament, deux chantiers à activer en urgence

Interpellée sur la situation du secteur pharmaceutique et l’impact de la crise sanitaire sur cet écosystème industriel, Myriam Lahlou Filali, DG de Pharma 5 et vice-présidente de la Fédération marocaine de l'industrie et de l'innovation pharmaceutique, indique que cet impact est surtout palpable au niveau de la chaine de production qui a connu un allongement des délais notamment avec les difficultés liées à l’approvisionnement en matières premières. Mais les acteurs du secteur ont su s’adapter et anticiper leurs besoins, note-t-elle. Cependant, les projets de développement et de recherches ont eux été ralentis à cause de la pandémie par manque de mobilité des ressources humaines dans le cadre des échanges d’expertises.

Avec cette vision optimiste du secteur, la DG du groupe Pharma 5 a défendu la capacité du secteur à faire face aux défis liés à la production et la disponibilité des médicaments. Un sujet qui fait d’ailleurs polémique suite à des informations circulant sur la pénurie de certains médicaments qui rentrent dans le cadre du traitement anti-Covid en raison de la hausse des demandes.

«Alors que certaines grandes usines du monde ont été contraintes de fermer durant des périodes différentes de la crise, le secteur de l’industrie pharmaceutique a continué ses activités en fournissant de manière permanente l’ensemble des médicaments fabriqués au Maroc. Aujourd’hui, alors que le secteur est en dynamique, je me demande pourquoi on aurait du mal à approvisionner les pharmacies en médicaments !», s’étonne la vice-présidente de la Fédération marocaine de l'industrie et de l'innovation pharmaceutique (FMIIP).

Et de résumer en une phrase : «Le Maroc n’enregistre aucune pénurie des médicaments made-in Morocco». Elle balaye ainsi d’un revers de main les informations relayées par certains pharmaciens sur le manque qu’ils enregistrent au niveau de leurs stocks. Elle explique toutefois que la chaine de distribution des médicaments aurait «peut-être» sous-anticipé l’explosion de la demande liée notamment à la grande propagation du variant Omicron conjuguée à la résurgence de la grippe saisonnière. Ainsi, selon l’invité de L’Info en Face, l’offre est bien suffisante chez les industriels, la perturbation de l’approvisionnement serait plus liée au problème de la distribution.

Ceci dit, la responsable préfère parler de tension périodique dans le processus d’approvisionnement, et non de pénurie. Défendant son secteur bec et ongles, l’invitée de L’Info en Face insiste sur le fait que la chaine du médicament, de l’industrie pharmaceutique à la distribution via le grossiste jusqu’à l’arrivée à la pharmacie, fonctionne «très très bien» et est donnée en modèle dans toute la région. «Nous étions face à une situation inédite marquée par une explosion de la demande jamais connue dans l’histoire, c’est ce qui a provoqué des perturbations temporaires, de 3 à 4 jours, au niveau de cette chaine», réaffirme M. Lahlou Filali. Et pour appuyer son constat, elle rappelle que le ministère de la Santé a opéré pendant cette période des opérations de contrôle inopiné chez l’ensemble des acteurs de la chaine du médicament.

Tout en rassurant sur la situation de la production du médicament, la DG de Pharma 5 note la hausse des prix des matières premières. «Les matières premières sont disponibles mais le coût a augmenté. Il faut donc accepter de les payer plus cher», souligne-t-elle en affirmant que cette hausse n’est aucunement répercutée sur le client final. «Le prix du médicament est parfaitement réglementé. Une fois fixé par la tutelle, ce prix ne varie plus, ni à la hausse, ni à la baisse, sauf en cas de décision confirmée par décret.

La hausse au niveau des intrants, nous l’impactons sur notre marge de bénéfice», explique la responsable. Revenant sur la polémique autour de la pénurie de certains médicaments en officines et les raisons évoquées par certains pharmaciens relatifs au problème des impayés, la DG de Pharma 5 refuse d'attribuer la responsabilité à telle ou telle partie de la chaine et notamment les grossistes. «Nous sommes également grossistes chez Pharma 5, donc c’est un maillon que nous maitrisons. Dans la chaine du médicament, le distributeur est celui qui a la marge la plus étroite, donc un impayé de 500.000 DH veut dire que c’est la marge de l’année qui est partie. L’industriel lui a une marge confortable, de 15 à 20%, qui lui permet d’ailleurs de supporter la hausse des prix des intrants», souligne la vice-présidente de la FMIIP.

Et de noter que la marge du pharmacien est encore plus confortable et se situe autour de 40%. Pour elle, le pharmacien a d’autres problèmes plutôt organisationnels à régler. «La problématique aujourd’hui est plutôt liée à la représentativité au sein du secteur et à la question d’identifier qui sont ces pharmaciens qui disent qu’il y a pénurie», indique-t-elle avant de souligner le débat soulevé aujourd’hui autour de la réforme de la loi qui va réglementer les conseils de l’ordre de l’officine, de l’industrie, des grossistes et des biologistes.

Cette Loi, rappelons-le, n’a pas changé depuis le Dahir de 1976. «Aujourd’hui, on se retrouve avec des gens qui accèdent à la responsabilité sans élections. Nous réclamons donc une légitimité des gens qui prennent la parole au nom du secteur», souligne l’invitée. Sur un autre registre, la DG de Pharma 5 a exprimé l’ambition du secteur de travailler davantage, avec l’ensemble des parties prenantes, pour encourager la «préférence nationale» et réduire les importations des médicaments. Tout en évoquant le lourd investissement que nécessite la mise en place d’une unité de production, la responsable admet qu’il faut se mobiliser pour produire local et favoriser le Made in Morocco.

«À l’instar d’autres secteurs, il faut impérativement mettre en place la préférence nationale dans l’option des autorisations de mise sur le marché et les appels d’offres publics», indique l’invitée de L’Info en Face. Elle rappelle également le niveau très faible de l’utilisation du médicament générique, qui n’est que de 30%. «Le médicament générique a progressé mais il est en deçà des objectifs surtout dans le cadre de la généralisation de la couverture médicale. Le médicament générique contribue énormément à la réduction des coûts des soins de santé», souligne la DG de Pharma 5. Elle appelle dans ce sens à renforcer les ressources humaines au niveau de la direction du médicament et de la pharmacie qui seront dédiées 100% au Made in Morocco et à concrétiser le projet de création de l’Agence nationale du médicament indépendante.
 

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