Menu
Search
Jeudi 25 Avril 2024
S'abonner
close
Jeudi 25 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Économie

Open Innovation, ce partenariat win-win pour les startups et les grandes entreprises qui peine encore à s’installer

Dans un environnement en perpétuel changement, l’innovation constitue un enjeu de pérennité, d’efficacité et, surtout, de compétitivité pour toute entreprise, quelle que soit sa taille. Un challenge qui n’est pas toujours facile à relever, d’où l’intérêt de recourir aux nouveaux modèles basés essentiellement sur l’agilité et l’ouverture sur son environnement. C’est dans ce cadre que le concept de l’Open Innovation trouve tout son intérêt, car il permet d’accélérer la collaboration entre les startups et les grandes entreprises pour développer des projets innovants.

Open Innovation, ce partenariat win-win pour les startups et les grandes entreprises qui peine encore à s’installer

L’Open Innovation est une approche de plus en plus adoptée par les grandes entreprises. Elle permet aux jeunes startups d’apporter des solutions technologiques concrètes aux problématiques fixées à l’avance par les grandes entreprises. Une relation gagnant-gagnant ou les startups ont accès plus facilement à leurs premières commandes et démontrent leur savoir-faire. Les grandes entreprises, elles, participent activement au développement de l’écosystème de startups et profitent, au passage, de l’agilité de ces structures.

«L’Open Innovation, c’est innover sans s’appuyer sur ses propres moyens, ressources et équipes. Cette approche win-win semble s’étendre durablement et se démocratise de plus en plus. On peut se perdre à penser que c’est une manière de réaliser des profits avec les idées des autres, mais c’est en réalité le symbole de l’ouverture et de l’application d’un modèle collaboratif performant, dans lequel il y a un partage équilibré et où chacun des acteurs y trouve son compte. On ne compte plus le nombre de Hackathons, Challenges et autres formes concrètes où les grandes entreprises tendent la main de la collaboration aux plus jeunes et desquels ressortent des modèles ambitieux et avec les moyens de les concrétiser plus rapidement», explique Othman Tsouli Mdidech, membre du Board de La French Tech Maroc, Lead de la commission Adtech et fondateur de l’agence Disruptia.

En effet, à l’ère de la digitalisation, de l’intelligence artificielle et de la robotisation, les entreprises qui n’innovent pas courent le risque de disparaître. Les changements sont multiples et surtout rapides, d’où la nécessité pour les entreprises de s’engager dans des démarches de transformation agile en impliquant toutes les parties prenantes, internes et externes. Des grandes entreprises aux startups, l’enjeu est de s’ouvrir sur son environnement pour pouvoir innover et se développer.

«Au Maroc, il y a, d’une part, les entreprises qui restent classiques et qui ne voient pas encore l’intérêt de collaborer avec de jeunes entrepreneurs, et, d’autre part, des entreprises marocaines et multinationales qui cherchent des entrepreneurs avec des projets innovants afin de les accompagner dans le cadre d’une collaboration afin de se développer. Il y a même des entreprises qui mettent en place leurs propres incubateurs ou fonds d’investissements, l’objectif étant de financer les projets innovants et les prendre sous leurs ailes», souligne, pour sa part, Nizar Berdai, directeur de WeMash Digital et fondateur de l’application mobile «Wsselni Maak». Pour le jeune entrepreneur, l’enjeu est de convaincre l’ensemble du tissu économique, toutes tailles confondues, de franchir le pas pour digitaliser leurs processus, réfléchir à des technologies nouvelles pour leurs activités. Un challenge qui passe par la collaboration avec des startups innovantes qui vont apporter une valeur ajoutée au marché marocain.

Plusieurs modèles de partenariat

«L’innovation est une façon d’augmenter la valeur des entreprises et elles sont effectivement, aujourd’hui, plus conscientes de cela. Elles n’hésitent plus à aller à sa rencontre, là où ça me semble être la meilleure source, auprès de jeunes entrepreneurs créatifs, audacieux et ingénieux. Aujourd’hui, on ne compte plus le nombre de Hackathons, Challenges et autres formes concrètes où les grandes entreprises tendent la main de la collaboration aux plus jeunes et desquels ressortent des modèles ambitieux et avec les moyens de les concrétiser plus rapidement», affirme Othman Tsouli Mdidech, qui fait partie de la communauté «French Tech», qui vise à fédérer la communauté des startups et autres acteurs de la scène tech marocaine.
Cette année par exemple, la French Tech a lancé la deuxième édition de «Hack Ton Futur», un concours d’innovation adressé à tous les élèves de Collèges et Lycées au Maroc. Le but est de proposer des solutions technologiques viables et concrètes pour répondre aux défis du monde actuel sous une thématique spécifique. «Cette deuxième édition est placée sous le signe de la Greentech et concerne aussi bien la sensibilisation pédagogique que des projets d’économie circulaire limitant le gaspillage et l’impact sur l’environnement. Elle succède à une première édition réussie en 2021 sous la thématique de l’éducation et de la santé», précise-t-il.

Autre initiative importante : le Hackathon d’idées dédié aux élèves ingénieurs souhaitant participer à l’efficacité énergétique de demain, «Smart Home Challenge», organisé en partenariat avec l’entreprise Legrand au Maroc, un des leaders mondiaux de l’appareillage électrique et pour qui la question du «mieux consommer l’énergie» est d’une importance capitale. «Le secteur du bâtiment est l’un des secteurs les plus énergivores au Maroc après le transport. Avec Legrand, nous souhaitons offrir un cadre de réflexion à ces jeunes et faire émerger des idées concrètes et innovantes. Les projets viseront à apporter des solutions nouvelles autour de l’amélioration de l’efficacité énergétique du logement avec les nouveaux usages apportés par les objets connectés et l’intelligence artificielle», conclut Othman Tsouli Mdidech. 

Mohamed Sellam

---------------------------------------------------------------------

Entretien avec Othman Tsouli Mdidech, membre du Board de La French Tech Maroc, Lead de la commission Adtech et fondateur de l’agence Disruptia

Loin de l’idée reçue de réaliser des profits avec les projets des autres, l’open innovation est un modèle collaboratif basé sur un partage équilibré

Le Matin : Pensez-vous que les entreprises prennent davantage conscience de l’importance d’aller chercher l’innovation chez les jeunes entrepreneurs ?
Othman Tsouli Mdidech :
La taille de l’entreprise est souvent un frein à la disruption. Leurs ressources financières sont généralement affectées à des fonctions et à des activités spécifiques et il n’est pas facile de les redéployer pour les utiliser dans un autre contexte. L’innovation est une façon d’augmenter la valeur des entreprises et elles sont effectivement, aujourd’hui, plus conscientes de cela. Elles n’hésitent plus à aller à sa rencontre, là où ça me semble être la meilleure source, auprès de jeunes entrepreneurs créatifs, audacieux et ingénieux.

À quel point pensez-vous que l’Open Innovation est une approche win-win pour les startups et les grandes entreprises ?
L’Open Innovation, c’est innover sans s’appuyer sur ses propres moyens, ressources et équipes. Cette approche win-win semble s’étendre durablement et se démocratise de plus en plus. On peut se perdre à penser que c’est une manière de réaliser des profits avec les idées des autres, mais c’est en réalité le symbole de l’ouverture et de l’application d’un modèle collaboratif performant, dans lequel il y a un partage équilibré et où chacun des acteurs y trouve son compte. On ne compte plus le nombre de Hackathons, Challenges et autres formes concrètes où les grandes entreprises tendent la main de la collaboration aux plus jeunes et desquels ressortent des modèles ambitieux et avec les moyens de les concrétiser plus rapidement. À La French Tech Maroc, nous sommes assez actifs dans ce type de démarche et n’hésitons pas à accompagner des entreprises, startups et autres acteurs de l’écosystème à ce qu’il se crée ce modèle gagnant-gagnant.

Quel est, selon vous, le modèle le plus adapté pour les deux parties (entreprises et startups) pour réussir une coordination dans le cadre de l’open innovation ?
Il y a plusieurs modèles de partenariats, les plus connus sont les incubateurs et les challenges d’idées comme les Hackathons. Je pense que les incubateurs ou intrapreneurs donnent de très bons résultats. Ce sont des programmes composés d’un ensemble de services qui visent à soutenir et assister les projets innovants et technologiques et qui permettent aux startups d’apporter des solutions technologiques concrètes et d’accéder plus facilement à de premières commandes.

Quel rôle de La French Tech Maroc pour développer cette approche au Maroc ?
La French Tech Maroc est très investie pour développer cette approche au Maroc. Cette année par exemple, nous avons lancé la deuxième édition de «Hack Ton Futur», un concours d’innovation adressé à tous les élèves de Collèges et Lycées au Maroc. Le but est de proposer des solutions technologiques viables et concrètes pour répondre aux défis du monde actuel sous une thématique spécifique.

Cette deuxième édition est placée sous le signe de la Greentech et concerne aussi bien la sensibilisation pédagogique que des projets d’économie circulaire limitant le gaspillage et l’impact sur l’environnement. Elle succède à une première édition réussie en 2021 sous la thématique de l’éducation et de la santé.
Nous sommes aussi partenaires de l’entreprise Legrand au Maroc, un des leaders mondiaux de l’appareillage électrique et pour qui la question du «mieux consommer l’énergie» est d’une importance capitale. Nous donnons vie à ce partenariat avec le Hackathon d’idées, «Smart Home Challenge» dédié aux élèves ingénieurs souhaitant participer à l’efficacité énergétique de demain.

Le secteur du bâtiment est un des secteurs les plus énergivores au Maroc après le transport. Avec Legrand, nous souhaitons offrir un cadre de réflexion à ces jeunes et faire émerger des idées concrètes et innovantes. Les projets viseront à apporter des solutions nouvelles autour de l’amélioration de l’efficacité énergétique du logement avec les nouveaux usages apportés par les objets connectés et l’intelligence artificielle.

Propos recueillis par M.S.

-------------------------------------------------------------------------------------

Invité de L’Info en Face

Youssef El Alaoui : Il faut en finir avec l’idée de l’assistanat et avoir confiance en la capacité des start-ups de créer de la valeur

Comment se porte l’écosystème entrepreneurial ?
Il y a une dynamique qui s’est installée, beaucoup d’étapes ont été franchies et l’on voit constamment émerger des start-ups dans différents domaines, notamment l’innovation et le digital. Toutefois, il manque aujourd’hui le passage à la phase scalabilité et ce boost pour faire émerger de jeunes entreprises fortes et compétitives, même à l’international. On n’est certes pas les mieux classés au niveau du continent, mais les jeunes marocains sont motivés, ils ont des idées et ils ont su développer le mindset entrepreneuriat. Le maillon à développer aussi est celui de l’accompagnement des grandes entreprises. En d’autres termes, il y a encore du chemin à faire pour un développement de l’open-innovation dans le cadre d’une relation gagnant-gagnant. Nos structures restent majoritairement dans le conformisme et ont du mal à jouer le jeu de l’open-innovation.

Au vu de la conjoncture actuelle, est-ce selon vous le bon moment pour booster cet écosystème ?
La pandémie a chamboulé le monde et a accéléré la révolution technologique à plusieurs niveaux. C’est au contraire une grande opportunité pour renforcer l’écosystème et encourager les partages équilibrés entre grandes entreprises et start-ups innovantes. La crise Covid nous a ainsi appris qu’il est nécessaire de prendre des risques et de développer des produits qui facilitent la vie à travers le digital.

Qu’est-ce qui bloque, selon vous, l’émergence d’un partenariat win-win entre les grandes entreprises et les start-ups ?
Je pense que c’est plus en relation avec le regard porté sur les jeunes startupers. Si dans d’autres pays le jeune entrepreneur est traité comme un champion, au Maroc il est vu comme ce petit jeune qui cherche le financement et le soutien des grandes structures et qui est à la recherche de l’entreprise qui va le gratifier d’un bon de commande ! Ces préjugés n’ont plus lieu d’être et doivent changer. Au contraire, nous devons nous estimer chanceux d’avoir une large population de jeunes qui innovent et qui osent se lancer dans des secteurs nouveaux et notamment la technologie. Il faut donc un changement radical dans les mindsets, un renforcement de la culture entrepreneurial et une plus grande confiance dans ces jeunes. Il ne faut plus que les entreprises soient dans le rôle de l’assistanat, mais c’est plutôt une relation équilibrée et un partenariat d’égale à égale qui engage les deux parties. Nos entreprises fortes, les banques, l'État, les retailers, les groupes industriels… doivent faire davantage confiance en ces start-ups innovantes et être certains qu’avec eux on peut créer de la valeur et changer les règles du jeu pour gagner en productivité, en efficacité et/ou en attractivité. L’open-innovation, ou le recours à l’innovation en utilisant les start-ups est donc une approche qui prend tout son sens en cette conjoncture.

L’open innovation est-elle liée à l’open data ?
Le nerf de guerre pour les entreprises est la data. Si en Europe, par exemple, il existe des lois pour gérer le partage et la circulation des données, les entreprises au Maroc n’osent toujours pas franchir le pas, ce qui contribue au blocage de certaines ouvertures sur les start-ups. C’est l’innovation apportée par ces jeunes entrepreneurs qui va permettre de raffiner la data et d’en tirer profit.

Comment on peut dépasser ces freins ?
Aujourd’hui, nous avons des entreprises fortes qui ont bâti des modèles solides. Certes, elles n’avancent pas au même rythme que les start-ups et, certes, les préoccupations ne sont pas les mêmes, mais elles auront tout à gagner à s’ouvrir sur les idées nouvelles, innovantes et sur le nouveau souffle qu’apportent les jeunes entrepreneurs. C’est une responsabilité de ces entreprises envers les citoyens et envers la Nation. D’autres part, les entreprises sont obligées aujourd’hui de réinventer leurs business plans pour s’adapter aux mutations qui caractérisent le monde. La technologie et les usages drivent les changements et les entreprises sont obligées de jouer le jeu et de s’associer aux start-ups innovantes qui sont nées au milieu de la révolution technologique et qui osent bousculer les modèles classiques et s’adapter rapidement, voire anticiper les usages et leur évolution.

Souad Badri

--------------------------------------------------------------------

Avis de l’entrepreneur : Nizar Berdai, directeur de WeMash Digital et fondateur de l’application mobile «Wsselni Maak»

«Un projet de loi sur l’open innovation pourrait être bénéfique pour l’écosystème entrepreneurial»

Quelle est votre lecture du développement de l’Open Innovation au Maroc ?
Je pense que l’Open Innovation est une pratique qui commence à se développer au sein de notre écosystème entrepreneurial. Au Maroc, il y a, d’une part, des entreprises qui restent classiques et qui ne voient pas encore l’intérêt de collaborer avec des jeunes entrepreneurs, et d’autre part des entreprises marocaines et multinationales qui cherchent des entrepreneurs avec des projets innovants pour les accompagner dans le cadre d’une collaboration afin de se développer. Il y a même des entreprises qui mettent en place leurs propres incubateurs ou fonds d’investissements, l’objectif étant de financer les projets innovants et les prendre sous leurs ailes.

À quel point pensez-vous que l'Open Innovation est une approche Win-Win pour les startups et les grandes entreprises ?
À l’ère de la digitalisation, il est primordial pour les entreprises de s’engager dans des démarches de transformation agile en impliquant toutes les parties prenantes, internes et externes.
L’enjeu est de convaincre l’ensemble du tissu économique, toutes tailles confondues, de franchir le pas pour digitaliser leurs processus, réfléchir à des technologies nouvelles pour leurs activités. Ce challenge passe par la collaboration avec des startups innovantes qui vont apporter une valeur ajoutée au marché marocain.
À titre indicatif, il existe des petites startups, à taille humaine, qui ont pu convaincre des grandes structures pour collaborer ensemble sur des projets complémentaires à leurs activités classiques et qui leur ont permis de s’ouvrir sur certains marchés spécifiques.
Ceci illustre à quel point ces petites entreprises présentent une créativité et des aspects novateurs qui peuvent apporter de la valeur ajoutée aux grandes structures. À l’inverse, les petites entreprises peuvent bénéficier de la maturité et de l’expérience de leurs aînées. Donc, il s’agit d’une relation Win-Win pour les startups et les grandes entreprises. L’objectif aujourd’hui est que l’État, à travers les institutions concernées, puisse mettre en place un partenariat avec les petites entreprises pour les accompagner dans cette démarche. Par exemple, un projet de loi dans ce sens pourrait être bénéfique pour l’écosystème entrepreneurial.

Quel modèle pour réussir ce type de collaborations ?
Il existe plusieurs modèles de collaboration entre les startups et les grandes entreprises. Le plus simple consiste en une prise de participation dans les startups, en y injectant des fonds et de l’accompagnement pour contribuer à leur développement.
Le modèle le plus courant est celui des partenariats, à travers des collaborations entre les startups et les grandes entreprises. C’est le cas, par exemple, pour «Wsselni Maak» qui est actuellement en train de développer des partenariats avec plusieurs structures, notamment le tramway. L’idée serait de développer des cartes d’abonnement pour compléter le service offert par le tramway au niveau des villes de Rabat et Casablanca.
Ce type de collaborations peut également être sous forme d’un accompagnement de la part des grandes entreprises au profit des startups, à travers notamment l’incubation de leurs projets. Ceci va permettre aux startups de voir plus grand et de mettre une stratégie de développement bien définie pour garantir un développement sur les moyen et long termes.

Quels sont, selon vous, les freins au développement de l’Open Innovation ?
Parmi les éléments qui peuvent freiner l’Open Innovation, il y a la culture managériale au sein des grandes entreprises, qui est assez différente des startups. Cette situation crée un décalage entre les deux structures qui opèrent avec des mentalités différentes. Le deuxième aspect concerne l’absence de la notion de partage au sein des grandes structures qui se focalisent sur leur maturité uniquement, sans penser à l’importance de transmettre leur savoir-faire et leur expertise aux jeunes entrepreneurs. Enfin, il y a la difficulté des jeunes startups à s’imposer sur certains marchés, surtout quand il s’agit d’un marché monopolistique. Ceci rend très difficile le développement de leurs innovations. C’est pour cette raison que j’ai souligné la nécessité de l’intervention de l’État pour mettre en place les cadres de partenariats et de relations entre les grandes entreprises et les startups pour développer l’Open

S.Ba.

Lisez nos e-Papers