La question relative à l’exclusion d’une partie de l’écosystème touristique du plan d’urgence pour le soutien du secteur est restée sans réponse, en dépit de la présence de la ministre du Tourisme, de l'artisanat et de l'économie sociale et solidaire, Fatim-Zahra Ammor, au point de presse hebdomadaire tenu, jeudi, à l’issue du Conseil de gouvernement.
Ouverture des frontières : des signaux d’espoir teinté de prudence
La responsable s’est en effet contentée de ressasser les détails de ce plan déjà dévoilés mardi dernier, à savoir ses principaux objectifs et les cinq mesures qu’il apporte. Elle a également éludé une question portant sur l’ampleur des pertes que le secteur encaisse en raison de la prolongation de la fermeture des frontières jusqu’au 31 janvier 2022. Répondant à la place de la ministre, le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baïtas, a indiqué que le plan d’urgence a été dirigé en grande partie vers l’investissement, l’idée étant de sauvegarder les opportunités d’emploi. «Nous avions deux choix : soit faire un arrêt pour mesurer les effets de la crise, soit continuer à avancer et chercher des solutions. Nous avons opté pour le deuxième choix, celui de mettre en place des solutions et de préparer la relance des entreprises. Cela dit, il va falloir évaluer les dégâts au moment opportun», explique-t-il.
Réouverture des frontières, le flou règne en maître
Autre sujet brûlant qui s’est invité à cette conférence de presse : l’ouverture des frontières. En réponse à cette question, le ministre s’est référé aux déclarations du Chef du gouvernement lors de son passage, mercredi, sur les chaînes nationales. Ce dernier, rappelle-t-il, a indiqué que le sujet est actuellement à l’étude, laissant entrevoir des lueurs d’espoir sur une ouverture très prochaine des frontières, sous réserve de l'amélioration de la situation épidémiologique dans le Royaume. «Nous espérons que les comités interministériels en charge du dossier, sur la base des recommandations du Comité national scientifique et technique de la Covid-19, placeront bientôt ce dossier sur une trajectoire positive», déclare évasivement le porte-parole du gouvernement.
Programme «Awrach» : la société civile, un partenaire fiable
Younes Sekkouri a défendu avec force arguments le projet phare de son ministère, balayant d’un revers de main les inquiétudes exprimées par un journaliste concernant le programme «Awrach» qui pourrait instaurer un système de «rente» au profit des associations, coopératives et entrepreneurs. Pour rappel, ces trois parties seront chargées de conclure les contrats de travail en faveur des personnes ayant perdu leur emploi à cause de la pandémie, et ce dans le cadre de la mise en œuvre du premier volet d'«Awrach» relatif aux «chantiers généraux temporaires». Le responsable a expliqué que cette décision a fait l’objet d’une profonde réflexion préalable. «Seuls trois choix s’offraient à nous pour la gestion de ce volet : l’État, le secteur privé ou la société civile», souligne-t-il. «Cette mission ne relève pas des prérogatives de l’État, alors que le secteur privé est un secteur fondé principalement sur la recherche du profit. Le budget alloué à ce programme étant un budget social, on ne pouvait pas s’offrir le luxe d’en allouer une partie à la rétribution des entreprises privées. Ceci ne nous laisse qu’un seul choix : la société civile», explique-t-il. Younes Sekkouri a exprimé sa confiance dans ses partenaires de la société civile, précisant que l’État a établi les «garde-fous» nécessaires pour que le soutien atteigne sa cible.
Agression des ressortissantes étrangères : quid de la responsabilité de l’État
Interpellé sur l’assassinat d’une ressortissante française à Tiznit et l’agression d’une touriste belge à Agadir, par un déséquilibré mental, des crimes qui remettent sur le tapis la question de la responsabilité de l’État, Mustapha Baïtas a répondu : «D’habitude, je ne commente pas les affaires qui sont toujours en cours de traitement par la justice. Mais je tiens à signaler que ce genre d’incidents arrive aussi dans d’autres pays. Mais est-ce devenu un phénomène dans le nôtre ? Je ne le pense pas. Ce sont des incidents isolés qui arrivent de temps à autre et qui sont en lien avec l'état psychique particulier de celui qui les commet», affirme-t-il. Il ajoute que les spécialistes en droit pénal et administratif sont mieux placés pour traiter de la question de la responsabilité de l’État dans ces affaires. Le rôle du gouvernement, poursuit-il, est plutôt de surveiller ces incidents et d’agir au cas où cela devient un phénomène.