Le discours adressé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI à la Nation à l’occasion du 69e anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple a remis sur le tapis la centralité de la question des Marocains résidant à l’étranger et l’importance de leur contribution aux chantiers ouverts par le Royaume ces dernières années. Pour beaucoup de MRE, le moment est propice pour relancer le débat sur leur participation politique et donc l’application des dispositions constitutionnelles, notamment l’article 17 de la Loi fondamentale. «Les Marocains résidant à l’étranger jouissent des droits de pleine citoyenneté, y compris le droit d’être électeurs et éligibles. Ils peuvent se porter candidats aux élections au niveau des listes et des circonscriptions électorales locales, régionales et nationales. La loi fixe les critères spécifiques d’éligibilité et d’incompatibilité. Elle détermine de même les conditions et les modalités de l’exercice effectif du droit de vote et de candidature à partir des pays de résidence», dispose cet article.
Discours historique
Mohamed Saoud, membre du comité exécutif du Parti de l’Istiqlal, en charge des Marocains du monde et des affaires migratoires, estime à juste titre que le discours de S.M. le Roi le 20 août est historique, «car il réhabilite les MRE dans leur dignité. Nous espérons qu’il sera suivi d’actes et de mesures concrètes qui marqueront une rupture et qui mettront fin à l’anarchie institutionnelle et surtout à la marginalisation des Marocains du monde. S.M. le Roi insiste sur le fait que cette communauté a ses propres spécificités qui ne sont pas prises en considération», expliquet-il. Et d’ajouter qu’il est essentiel que les MRE puissent «bénéficier des droits politiques qui leur sont refusés jusqu’à aujourd’hui». Pour sa part, Ali Zbir, chercheur dans le domaine politique migratoire et président de l’Observatoire européen marocain de la migration, estime que le Discours Royal à l’occasion de l’anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple est exceptionnel puisqu’il envoie des signaux plaidant pour l’implication des MRE dans tous les dossiers qui les concernent, y compris la participation politique. «Il s’agit notamment de la mise en application des dispositions constitutionnelles, plus particulièrement les articles 16 et 17», insiste-t-il. Ces articles appellent à assurer la représentativité des Marocains du monde dans les institutions élues. Il s’agit également, ajoutet-il, de la mise en application de l’article 18 de la Loi fondamentale incitant les pouvoirs publics à assurer une participation aussi étendue que possible des MRE aux institutions consultatives et de bonne gouvernance créées par la Constitution ou par la loi. Il s’agit également d’œuvrer pour une application effective des dispositions prévues par l’article 163 de la Constitution. Ce dernier stipule que «le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) est chargé notamment d’émettre des avis sur les orientations des politiques publiques permettant d’assurer aux Marocains résidant à l’étranger le maintien de liens étroits avec leur identité marocaine, les mesures ayant pour but de garantir leurs droits et préserver leurs intérêts, ainsi que de contribuer au développement humain et durable de leur pays d’origine et à son progrès».
Participation politique
Par ailleurs, Mohamed Saoud met en garde contre le retour aux débats dont les recommandations restent lettre morte. «D’après ce qu’on comprend du Discours Royal, on a besoin aujourd’hui d’une mise en œuvre des Recommandations Royales et non pas de relancer un nouveau débat comme cela a été suggéré par certains. La solution est que les partis politiques aient assez de courage pour s’approprier les orientations de Sa Majesté le Roi et agir pour leur mise en œuvre. On compte sur le Chef du gouvernement pour mettre en place dans les meilleurs délais une commission dédiée, non pas pour trouver des solutions, mais pour mettre en application les solutions», plaide-t-il. M. Saoud appelle également à la nomination, en urgence, d’un ministre ou d’un secrétaire d’État chargé des MRE et de se pencher sur la réforme du CCME et des différentes lois relatives aux Marocains du monde. «Il faut donner une vision, une fois pour toutes, relative à Al Jaliya pour savoir si elle pourra ou non participer aux réformes politiques du pays», déclare-t-il. Dans le même sens, le chercheur Ali Zbir rappelle que S.M. le Roi a toujours insisté sur l’intégration des MRE dans la vie politique. «Je souligne à cet égard le discours du 6 novembre 2005, puis il y a eu la création du CCME, puis il y a eu l’élaboration de la nouvelle Constitution qui a explicitement mis en avant le droit de la participation politique… C’est aujourd’hui le rôle des partis politiques de militer pour assurer une représentativité des MRE à la Chambre des représentants, mais aussi à la Chambre des conseillers», propose-t-il.
