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Plan d’urgence pour le tourisme : les professionnels à moitié satisfaits

Pour Hamid Bentahar, président de la CNT, le plan d'urgence de 2 milliards de dirhams pour le soutien du tourisme reste «un effort à saluer», mais pour une bonne partie des professionnels du secteur, notamment ceux qui ont été exclus de certaines mesures, il est plutôt «décevant» et «inéquitable». Les détails.

Plan d’urgence pour le tourisme : les professionnels à moitié satisfaits
Ph. AFP

Bien que bienvenu, le plan d’urgence en faveur du secteur du tourisme, dévoilé mardi par le ministère de tutelle, n’a pas été à la hauteur des attentes à en juger par les réactions qui ont déferlé après l’annonce. Pour certains professionnels du secteur, ce plan ne correspond pas au seuil des attentes et ne répond que partiellement aux réclamations formulées par la Confédération nationale du Tourisme (CNT). Mais ce qu’ils décrient le plus, c’est que ce plan prive une partie de l’écosystème de certaines mesures de soutien, tels que les transporteurs touristiques et les voyagistes. «C’est un effort louable que nous saluons. Mais nous regrettons aussi l’exclusion d’une partie de l’écosystème qui est importante de certaine mesures», déclare au «Matin» Hamid Bentahar, président de la CNT.

Le responsable fait remarquer que l’effort du ministère, pour qu’il soit efficace, doit inclure tous les métiers de l’écosystème et être accompagné impérativement par l’ouverture totale et définitive des frontières, comme le réclament à cor et à cri l’ensemble des professionnels. «Ce que les professionnels souhaitent avant tout, c’est pouvoir se remettre au travail. Et pour ce faire, il faut l’ouverture des frontières», souligne-t-il. «Le montant de ce plan restes en-deçà des attentes des opérateurs qui ont revendiqué un vrai plan Marshall pour reconstruire un secteur ruiné. Il demeure en outre très loin de panser les plaies dues à la fermeture des frontières ayant causé d'énormes pertes pour le secteur», confirme Zoubir Bouhout, expert dans le domaine du tourisme. Il s’agit selon lui d’«un petit plan pour un secteur grandement sinistré». De son côté, la Fédération nationale du transport touristique du Maroc (FNTTM) a exprimé sa déception face à ce plan d’urgence qui reste en deçà des aspirations des acteurs du secteur.

Celle-ci a dénoncé avec force l’exclusion du secteur du transport touristique de la prise en charge par l’État de la taxe professionnelle mais aussi de la subvention d’un montant global de 1 milliard de dirhams, deux mesures uniquement dédiées au secteur hôtelier. Par contre, elle a salué la décision de prolonger le versement de l’indemnité forfaitaire de 2.000 DH jusqu’au mois de mars 2022, tout en réitérant son appel pour que cette prolongation se poursuive jusqu’à reprise de l’activité. L’organisation a également saisi l’occasion pour réclamer une solution pour les salariés qui ne bénéficient pas de cet appui. La FNTTM a par ailleurs invité le gouvernement à fixer tous les détails relatifs au report des échéances bancaires et à établir des clauses obligatoires pour les institutions bancaires et les sociétés de financement afin d’éviter les erreurs commises dans le contrat-programme 2020-2022. Les voyagistes eux non plus ne sont pas très satisfaits du nouveau plan d’urgence qui, estiment-ils, devrait être révisé. L’Union nationale des agences de voyages (UNAV) a en effet dénoncé «la marginalisation du secteur des agences de voyages par son ministère de tutelle», rappelant que le secteur a été parmi les plus touchés par la pandémie.

La représentation syndicale a appellé à une intervention urgente du Chef du gouvernement et de la ministre de tutelle en vue de revoir cette décision «inéquitable» de manière à faire bénéficier les voyagistes de l’ensemble des mesures citées dans le plan d’urgence et de soutien. «Le secteur des agents de voyages n'a bénéficié que de deux volets du programme d'accompagnement gouvernemental : les indemnités forfaitaires de 2.000 dirhams allouées aux salariés d’une part , et le report du paiement des cotisations dues à la CNSS pour une durée de 6 mois d’autre part», déplore-t-on. « Les secteurs du transport touristique et de l’hôtellerie eux, ont bénéficié de deux autres mesures supplémentaires à savoir le report des échéances des prêts bancaires et l’exonération de la taxe professionnelle due au titre des années 2020 et 2021. Par ailleurs le secteur hôtelier a bénéficié du soutien de l'Etat pour un montant de 1 milliard de dirhams», ajoute l’UNAV. L’Organisation démocratique du travail (ODT) a également joint sa voix à celles des professionnels du secteur touristique pour réclamer plus d’équité, de transparence et de justice dans le cadre de ce nouveau plan de sauvetage, appelant à ce que l’ensemble des acteurs de l’écosystème puissent bénéficier de tous ses volets. L'ODT réclamé de son côté l’ouverture des frontières et la levée les restrictions de voyages, affirmant qu’à la lumière des changements épidémiologiques en cours, il n’existe plus aucune justification scientifique objective pour prolonger cette mesure.

Fermeture des frontières : Le choc des chiffres

Selon Zoubir Bouhout, la fermeture des frontières a eu un impact néfaste sur l'activité qui a chuté de 80 % en 2020 et de 70% à 75% en 2021. L expert du domaine indique que Maroc a perdu 10,4 millions d'arrivées en 2020 par rapport à 2019 et presque autant en 2021. Le volume des nuitées, ajoute-t-il, a subi le même sort puisqu'il est passé de plus de 25 millions en 2019 a environ 6,9 millions en 2020 (8,5 millions au maximum en 2021). Quant aux recettes du tourisme international, elles se sont effondrées durant les deux dernières années. La balance de paiement a perdu quelque 82 milliards de dirhams au niveau des recettes de voyages alors que la part des recettes du tourisme interne a reculé de plus de la moitié.

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