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Plateforme de streaming : Les histoires d'arnaque séduisent

Plateforme de streaming : Les histoires d'arnaque séduisent
Disney+ propose actuellement une nouvelle imposture : «The Dropout», une série qui adapte l'histoire d’Elizabeth Holmes brillamment incarnée par Amanda Seyfried.

Les documentaires et séries basés sur de vraies affaires d’escroquerie sont les nouvelles stars des plateformes de streaming. Cette catégorie du true crime surpasse les crimes de sang. Les récits d’arnaque défraient la chronique. Après l’«Arnaqueur de Tinder», «Inventing Anna» ou encore «Bad Vegan» sur Netflix, Disney+ propose actuellement une nouvelle imposture : «The Dropout». La série disponible depuis mercredi adapte l'histoire d’Elizabeth Holmes brillamment incarnée par Amanda Seyfried. Il s’agit d’une ancienne étoile montante de la Silicon Valley qui a fait les gros titres de la presse américaine entre 2003 et 2021. Fondatrice de la société Theranos, cette jeune milliardaire américaine a été récemment condamnée pour fraude après avoir fait croire qu'elle avait créé une nouvelle machine capable de révolutionner les tests sanguins. Apple TV+ vient à son tour de dévoiler la bande-annonce de sa prochaine série : «The Big Conn». Ce docu-série conte l’escroquerie montée par celui que l’on appelait «Monsieur Sécurité sociale» au pays de l’Oncle Sam.

Eric C.Conn a arnaqué le gouvernement américain et le montant de la fraude était d’un demi-milliard de dollars. L’engouement pour les récits rocambolesques de ces escrocs sans limites prouve que les humains entretiennent une fascination pour les histoires à caractère sordide. «L'arnaque représente à mon avis un fantasme d'évasion et d'infinies possibilités, explique Bernard Corbel, psychologue. Le climat angoissant et délétère créé des stimulations importantes». Et d’ajouter que la jouissance en tant que téléspectateur – qui est à la fois à distance et en même temps dans le feu de l'action – comble un manque à être. Ce genre de thriller remplace le film d'aventures, car les stimulations y sont plus fortes et le rythme plus soutenu.

S'identifier à un arnaqueur est une forme de pacte avec l'ombre en soi, et cela crée un sentiment de toute-puissance. D’autres spécialistes affirment que les personnes les plus exposées aux risques d’agression sont les plus intéressées par les histoires de true crime. C’est ce qui explique que de nombreuses femmes suivent les aventures du play-boy qui séduit et dépouille les utilisatrices de Tinder. Le fait de suivre ce genre de série les aiderait à développer des stratégies de défenses et à éviter de tomber dans le même piège. «En regardant les séries d’escroquerie et de crime, on développe les bons réflexes et on acquiert une barrière face aux manipulations des escrocs. Enfin, c’est l’impression que j’ai», nous confie une adepte de ce genre de série. Des experts internationaux insistent également sur l’importance de raconter ces histoires. Pour eux, c’est important de dévoiler les faces sombres de la société et de montrer le côté obscur de la course après la richesse et le luxe.

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Avis de Hicham Abkari, membre de la Fédération des industries culturelles et créatives (FICC), interne à la CGEM

«Ces productions réussissent dans le meanstream parce qu'elles sont réputées inspirées de faits réels (le spectateur se dit que cela aurait pu lui arriver), mettent en scène des rapports compliqués d'hommes et de femmes pris dans l'engrenage du crime. Tous les ingrédients qui mettent au défi le spectateur lambda et l'obligent à répondre et à réagir : l'un va se dire que ces victimes sont stupides et que lui est trop intelligent pour que lui arrive, l'autre va se rappeler des cas de mensonges similaires, le parallèle va être fait avec des personnes proches... Ainsi de suite. On retrouve les fameuses “mimesis” et “catharsis” qui sont toujours d'actualité quand il s'agit de cibler la grande masse.»

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