Les banques offshore installées à Tanger devraient cesser d'exister. Le ministère de l’Économie et des finances planche sur ce dossier depuis un moment. Selon nos informations, une lettre datée de ce mois-ci aurait été adressée aux banques, leur proposant de fermer leurs filiales ou succursales offshore. Pourquoi mettre un terme à ces banques ? Les dispositions de l'Office des changes en 2021 et 2022 ont autorisé les établissements de crédit marocains à financer les opérations des sociétés installées dans les zones d'accélération industrielle (jusqu'alors appelées zones franches). Les banques marocaines ont, par ailleurs, eu accès aux salles des marchés internationales pour assurer leurs besoins en liquidité en devises étrangères à des taux compétitifs. «Ces éléments ont rendu l'offre des banques offshore au semblable à celle de leurs maisons-mères qui se retrouvent, par conséquent, dans un double processus de gestion et de financement du même type d'opérations que ce soit en termes de gestion des flux ou d'offre de crédits», explique au «Matin» Tarik Akharaz, en sa qualité de chercheur en économie et gestion et écrivain-expert en Offshore.
En outre, les banques offshore ne représentent plus aucun intérêt fiscal pour leurs maisons-mères puisque les exonérations sur l’IS, pour une période de 15 ans, dont bénéficiaient ces filiales sont arrivées à terme. La loi de Finances 2019 a soumis ces banques offshore au régime de la TVA. De plus, détaille notre expert, «les process, les audits, le commissariat aux comptes et les systèmes d’information sont en double dans ces établissements. Fermer les espaces offshore permettrait de supprimer ces doublons». Et donc d'opérer des économies. Au-delà de ces facteurs, le Maroc dresse une frontière supplémentaire avec la fameuse liste grise de Bruxelles. Que va-t-il arriver en cas de suspension de ces banques offshore ? Ces établissements opérant dans la zone d’accélération industrielle de Tanger sont au nombre de six, dont 5 ont le statut de Société anonyme, la sixième étant une succursale. Les six banques sont rattachées à leur maison-mère.
En cas de suspension, leurs portefeuilles clients et d’activités devraient être repris par les maisons-mères. La réintégration des ressources humaines ne devrait pas poser problème. Au total, une cinquantaine de personnes font tourner ces banques offshore (en moyenne, une banque offshore compte 7 personnes) à travers des contrats de détachement. «En cas de suspension des banques offshore, ce personnel sera certainement redéployé par les maisons-mères», nous apprend Akharaz. Pas non plus de réagencement des agences bancaires offshore, puisqu’il s’agit, en général, d’espaces dédiés à cette activité dans des agences classiques. «Une fois la décision officielle de suspension prise par le ministère de l’Économie et des finances, l’exécution dépendra de la vitesse de chaque banque, de la taille de son portefeuille et de son organisation», estime Akharaz.
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Banques offshore : 643 millions de DH de PNB en 2020
Selon le rapport 2020 sur la supervision bancaire de Bank Al-Maghrib, les banques offshore ont enregistré un PNB de 643 millions de DH, soit une baisse de 2,2%, après celle de 10,7% en 2019. Et pour cause, la baisse du résultat des opérations de marché qui est passé d’un solde excédentaire à un solde déficitaire de 23 millions et du recul de la marge sur commissions de 3,2% à 48 millions de DH. En revanche, la marge d’intérêts a enregistré une hausse de 2,5% pour s’établir à 599 millions de DH. Le résultat net dégagé par les banques offshore, lui, s’est amélioré de 1,8% à 352 millions de DH, après un repli de 28,9% en 2019. Représentant 0,34% des crédits, l’encours des créances en souffrance porté par les banques offshore a baissé de 7% à 57 millions de DH.
Les dettes envers les établissements de crédit et assimilés des banques offshore, elles, se sont établies à 27 milliards, en recul de 15,3%. Ces dettes, constituant 71% de leurs ressources, sont levées à hauteur de 72% auprès d’établissements de crédit au Maroc et de 28%, auprès d’établissements de crédit étrangers. Pour leur part, les fonds propres comptables des banques offshore ont progressé de 17% à 698 millions de DH. Un niveau faible vu que les risques encourus par ces banques sont principalement couverts par les fonds propres des banques-mères.
