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Comportements inciviques : les plages sous pression

Très prisées en été, les plages sont un atout qu’il convient de valoriser tout au long de l’année. Pourtant, plusieurs d’entre elles sont à la merci de comportements inciviques et de déchets qu’on trouve sur le sable et même dans l’eau. Ce genre de comportements irresponsables contribue à la dégradation de l’environnement et met en danger la santé des océans et des êtres humains. Explications du Dr Abderrahim Haidar, spécialiste en Sciences de l’environnement.

Comportements inciviques : les plages sous pression

Qui dit vacances d’été dit plage et détente face à la mer, les pieds dans le sable… des moments de pur plaisir durant cette saison chaude que s’offrent un grand nombre d’estivants chaque année. Mais ces moments peuvent malheureusement être gâchés par des comportements inciviques témoignant d’un manque de respect envers la nature. En effet, malgré les campagnes de sensibilisation organisées régulièrement durant cette période, certaines personnes agissent avec irresponsabilité et transforme les belles plages en dépotoir. En marchant sur le sable ou même en se baignant, on peut tomber sur des bouteilles vides, sacs en plastique, gobelets, canettes, épluchures de fruits, couches pour bébé… Des déchets, majoritairement en plastique, qui s’ajoutent à ceux qui sont déversés directement dans la mer, constituant ainsi un grand danger pour les milieux marins. «Chaque année, les humains produisent 300 millions de tonnes de déchets plastiques, dont 11 millions finissent par se retrouver dans les océans.

Environ 80% de ces débris plastiques proviennent d'activités terrestres tandis que les 20% restants proviennent des estivants, des plates-formes pétrolières offshores et des grands bateaux qui déversent ou lâchent des débris directement dans l'eau», déclare au «Matin» Dr Abderrahim Haidar, spécialiste en Sciences de l’environnement. «Si le Maroc produit annuellement, 1 million de tonnes de déchets plastique, il n’en recycle ou réutilise au mieux que 40% y compris le secteur informel. Par conséquent, nous estimons qu’au moins 22.000 tonnes de déchets plastiques sont rejetées d’une façon ou d’une autre dans nos deux profondeurs maritimes. Néanmoins, dans son contexte africain, l’ensemble des estuaires du Maroc ne draine qu’une hauteur de 10% des déchets plastiques que seuls les fleuves Nil et Niger transportent jusqu’aux profondeurs des océans. Ceux-ci, sont qualifiés de contributeurs majeurs à la pollution des océans», explique-t-il. Selon le dernier rapport national de surveillance de la qualité des eaux de baignade et du sable des plages 2022, 70 à 80% des déchets proviennent de sources terrestres et les déchets du plastique et du polystyrène en constituent environ 88%. Et comme les produits en plastique ne sont malheureusement pas biodégradables, leur danger est plus grand, non seulement pour les animaux marins, mais aussi pour l’homme. «Les déchets plastiques ne se dégradent pas, mais se décomposent en petits morceaux. Ces matières plastiques fragmentées sous forme de micro-plastiques engendrent des effets indésirables chez les animaux marins, mais aussi les humains qui considèrent que le poisson fait partie des aliments les plus sains.

De ce fait, l'exposition humaine aux micro-plastiques se produit tout simplement par ingestion», explique Dr Haidar. «Les données actuelles suggèrent que l'accumulation à long terme de ces micro-plastiques dans les tissus humains aurait une toxicité cellulaire et des conséquences négatives. Par ailleurs, les profondeurs sous-marines chargées par les polluants plastiques connaissent une faible concentration en oxygène dissous, ce qui traduit l'existence d'un danger toxique potentiel qui peut provoquer un déséquilibre biologique chez les poissons et la communauté d'invertébrés». L’expert souligne, par ailleurs, que les déchets marins et la pollution plastique constituent une menace existentielle pour la santé des océans et celle de l’être humain. «L'océan rend la vie sur terre possible, aidant à réguler notre climat, fournissant la principale source de protéines à plus d'un milliard de personnes et générant une grande partie de l'oxygène que nous respirons», indique-t-il. «La perte des poissons, de la communauté d'invertébrés et de la biodiversité affecte de plus en plus la capacité de l'océan à fournir à l’Homme, de la nourriture et d'autres services. La pollution plastique menace la sécurité alimentaire, les moyens de subsistance et la sécurité de l'emploi des communautés des poissonniers», déplore le spécialiste.

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 Lutte contre la pollution plastique au Maroc

Pour lutter contre la pollution dans les plages, la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement a lancé en juin dernier la 23e saison du programme «Plages propres». Cette édition concerne 106 plages, dont 28 labellisées «Pavillon bleu», pour offrir aux estivants un espace propre, équipé, sécurisé et animé. En plus des opérations de nettoyage des plages, la Fondation sensibilise des enfants aux dangers des déchets plastiques dans le cadre de l’opération #b7arblaplastic. Cette action a pour objectif de les aider à prendre conscience du volume des déchets plastiques sur le sable et même sur les fonds marins. «Ce genre de programme est très important. Il permet de mettre en valeur notre littoral dans une vision de développement durable», souligne Dr Abderrahim Haidar, spécialiste en Sciences de l’environnement. Et d’ajouter que : «le Maroc a également adopté une loi en matière de lutte contre la pollution plastique depuis le 1er juillet 2016. Malheureusement, cette loi ne montrait aucun engagement réel des autorités locales quant à son application et sa mise en œuvre effectives. Il faut plus d’actions et de mobilisation pour lutter efficacement contre la pollution plastique au Maroc».

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