La Fédération nationale d’électricité, de l’électronique et des énergies renouvelables (FENELEC) entrevoit de belles perspectives de développement au Maroc et en Afrique. Motif de cet optimisme : en dépit d’un contexte marqué par l’envolée des cours de l’énergie et les effets de la sécheresse, l’État compte mobiliser 300 milliards de dirhams d’investissement en 2023, dont 10% (soit 30 milliards) iront au secteur de l’énergie. «Cela se traduira par une augmentation nette de la valeur ajoutée du secteur et la création de pas moins de 5.000 emplois additionnels», se réjouit Ali El Harti, président de la FENELEC, qui était l’invité de l’émission «L’Info en Face», diffusée le 27 octobre par «Le Matin TV». Selon lui, le fait que l’État maintienne son effort d’investissement dans un contexte difficile avec un foisonnement d’incertitudes, est un signal positif pour l’ensemble de l’écosystème industriel national.
En attendant la montée en puissance de l’investissement porté par le privé, El Harti affirme que l’État doit continuer d’investir pour contribuer à la consolidation des acquis du secteur énergétique. «Notre secteur a du potentiel en termes d’investissement, certes, mais il faudra un certain nombre de principes pour qu’il y ait une libération de la capacité d’investir de notre industrie. Nous appelons ainsi à l’instauration de la notion de préférence nationale», réclame El Harti. À ses yeux, il s’agit là d’une décision prioritaire qui aura comme conséquences une montée en gamme du produit «Made in Morocco» et une percée à l’export. «Ce principe de préférence nationale permettra in fine l’émergence d’un écosystème industriel en énergie capable d’adresser la demande nationale, mais aussi étrangère notamment en Afrique qui recèle encore des opportunités en or, surtout quand l’on sait qu’une personne sur deux sur le continent n’est pas connectée à l’électricité et que la demande en électricité devra doubler dans les 20 prochaines années», développe le patron de la FENELEC, fédération qui regroupe 5 associations couvrant les différents maillons de la chaîne de production.
Des onduleurs made in Morocco
À en croire El Harti, la filière industrielle spécialisée dans les onduleurs est capable de faire des merveilles si toutefois l’État protège ce marché. «Aujourd’hui, nous sommes capables de concevoir des onduleurs made in Morocco. Mais là se pose le problème de la compétitivité. Si l’on veut être compétitif, il faut un levier de marché. C’est-à-dire qu’il va falloir protéger cette industrie le temps que celle-ci atteigne la taille critique qui lui permettrait de se positionner à l’export. Car, il est inconcevable aujourd’hui pour un industriel marocain de démarrer au Maroc et rester uniquement sur ce marché. Il ne pourra pas survivre», explique le président de la FENELEC. Selon lui, la crise sanitaire a remis à l’ordre du jour l’importance de la souveraineté industrielle.
Ce qui fait qu’aujourd’hui il y a un intérêt pour la découverte du produit marocain. «Nous avons tout intérêt aujourd’hui à protéger notre industrie parce que tous les autres pays le font. Si on ne le fait pas, nous aussi, on va le payer très cher», alerte El Harti. Un autre vent d’optimisme vient, selon lui, de l’ouverture de la moyenne tension aux énergies renouvelables produites par le privé. «C’est une opportunité en or pour notre secteur. L’opération porte sur un volume de 400 MW, ce qui pèse pour 4% de la puissance installée», fait valoir El Harti. En plus de permettre la création d’emplois additionnels, cette ouverture donnera un véritable coup d’accélérateur pour la création d’un écosystème solaire au Maroc. «Ce que nous demandons aujourd’hui pour que ce chantier réussisse c’est que ces 400 MW permettent l’émergence d’une véritable industrie du renouvelable. C’est ainsi que nous pourrons adresser des marchés à l’export notamment en Afrique», souligne l’industriel.