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Premier cas confirmé de variole du singe au Maroc : ce qu’en pensent les experts

Le Maroc enregistre son premier cas confirmé de variole du singe. En quelques heures seulement, l’information a fait le tour de la toile. Sur les réseaux sociaux, certaines personnes commencent à exprimer leur inquiétude. D’après les experts que «Le Matin» a contactés, la situation n’est pas alarmante, mais la vigilance est de mise.

Premier cas confirmé de variole du singe au Maroc : ce qu’en pensent les experts

La variole du singe est bel et bien arrivée au Maroc. Le ministère de la Santé et de la protection sociale a annoncé ce jeudi 2 juin la détection du premier cas confirmé de la maladie. Il s'agit d'un cas en provenance d'un pays européen, détecté dans le cadre du protocole établi par le Royaume depuis le lancement de l'alerte sanitaire mondiale, il y a quelques semaines.
«L'état de santé du patient est stable et ne suscite pas d'inquiétude. Il a été mis sous surveillance médicale conformément aux mesures sanitaires adoptées en la matière», indique le ministère dans un communiqué. «Dès la confirmation des résultats des analyses de laboratoire, les Centres national et régional des opérations d'urgence de santé publique ont lancé une enquête pour répertorier tous les cas contacts, afin de les surveiller et de prendre des mesures préventives pour éviter la propagation du virus. Ces cas contacts n’ont montré aucun symptôme jusqu’à présent», affirme la même source.

Le ministère a, en outre, souligné que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a été avisée au sujet de l’État de provenance du cas enregistré. Le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, a pour sa part souligné que le gouvernement, à travers le ministère de la Santé et de la protection sociale, suit de très près l'évolution de la situation, après la détection du premier cas confirmé de la variole du singe. Le responsable a également rappelé que le ministère a mis en place un protocole, depuis le lancement de l’alerte sanitaire mondiale, et va continuer à faire preuve de vigilance surtout l'approche de la saison estivale.

Pas de panique !

En quelques heures seulement, l’information a fait le tour de la toile. Sur les réseaux sociaux, certaines personnes commencent à exprimer leur inquiétude. Mais les professionnels de la santé se veulent toujours rassurants. «L’apparition de la maladie de la variole du singe ne doit pas être une nouvelle source d’inquiétude pour les citoyens marocains. Il est évident qu’il faut s’attendre à l’existence et à la propagation de la maladie. C’est tout à fait normal. Il faut simplement expliquer à la population les modalités de transmission et les mesures préventives. Il faut bien évidemment être vigilant et prudent, mais sans excès. Évitons de paniquer et de générer une situation de stress. Soyons plutôt pragmatiques !» déclare au «Matin» Jaâfar Heikel, professeur d’épidémiologie et spécialiste des maladies infectieuses. «Il est important d'assurer la surveillance épidémiologique aux frontières et de surveiller la population la plus à risque en vérifiant les symptômes comme la fièvre et les lésions cutanés. Dès l’apparition de ces symptômes, il faut absolument voir un médecin pour poser un diagnostic et prendre un traitement en plus de l’isolement de 21 jours. Il est également à noter que pour se protéger, l’hygiène, et les gestes barrières telles que la distanciation physique jouent un rôle important», développe le spécialiste.
De même, Dr Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé, insiste sur l’importance de l’hygiène pour limiter la propagation de la maladie. «La variole du singe est une maladie connue depuis plusieurs années. Nous savons qu’elle ne se transmet qu'en cas de contact étroit avec une personne infectée, ce qui est plutôt rassurant. Mais il faut rester tout de même vigilant, insister sur le lavage des mains fréquemment et se rendre chez le médecin dès l’apparition de symptômes grippaux avec des lésions cutanées. Toutefois, la détection d’un premier cas confirmé au Maroc ne nécessite pas d'imposer des restrictions ou de revenir sur l'allégement des mesures sanitaires», estime le médecin.

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L’OMS soupçonne une transmission non détectée

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé, mercredi dernier, que la flambée actuelle de cas de variole du singe dans une trentaine de pays, en dehors des zones endémiques, suggère que la transmission du virus est passée sous les radars pendant un certain temps. «L'apparition soudaine de la variole du singe dans différents pays au même moment suggère que la transmission n'a pas été détectée pendant un certain temps», a déclaré son directeur, Tedros Adhanom Ghebreyesus. «Plus de 550 cas dans 30 pays – où la maladie n'est pas endémique et n'apparaît que très rarement – ont été signalés à l'OMS depuis le début de l'éruption actuelle de cas, il y a près d'un mois», a-t-il ajouté.

L'arrivée en Europe, mais aussi en Amérique du Nord et au Moyen-Orient notamment, d'une maladie habituellement présente en Afrique a suscité une vague d'inquiétude ces dernières semaines, avec la crainte d'une nouvelle pandémie. «L'OMS exhorte les pays touchés à élargir leur surveillance, et à dépister les cas dans leurs communautés au sens large», a averti le Dr Tedros, rappelant que n'importe qui pouvait être infecté par le virus en cas de contact rapproché avec un malade.

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La vaccination destinée uniquement aux cas contacts

Pour limiter la propagation de la variole du singe, certains pays ont décidé d’instaurer une stratégie vaccinale et commandé des milliers de doses de vaccins contre la variole humaine, puisqu’il n’existe pas encore de vaccins contre la variole du singe. «Ces vaccins qui ont permis de lutter contre la variole humaine, éradiquée en 1980, peuvent aider à limiter la progression de la maladie. Selon plusieurs études, ces vaccins seraient efficaces à 85%. Ils devraient aider les personnes exposées au risque de contracter cette maladie à faire une forme très mineure en cas de contamination», déclare Dr Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré qu’il n’est pas nécessaire à ce stade de lancer des campagnes massives de vaccination. L’Organisation considère que des campagnes ciblées sur les personnes ayant été en contact étroit avec des personnes contaminées suffisent. «C’est une vaccination réactive qui permet de casser la transmission du virus. En effet, ces vaccins ne sont pas indiqués pour toute la population, mais uniquement pour les cas contact à risque. Même si la vaccination de tout le monde n’est pas envisagée et qu’à ce jour le Maroc n’a enregistré aucun cas positif à la variole du singe ????????, sur le plan médical, il est important de disposer d’un stock de doses de ce vaccin», souligne Dr Hamdi.

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