Les prix des produits alimentaires resteront à des niveaux élevés jusqu’à la fin de l’année 2024, indique la Banque mondiale dans un nouveau rapport sur la sécurité alimentaire. “La guerre en Ukraine modifie la physionomie des échanges, de la production et de la consommation des produits de base, ce qui devrait maintenir les prix à des niveaux élevés jusqu’à la fin de l’année 2024, aggravant ainsi l’insécurité et l’inflation alimentaires”, souligne l’institution financière internationale, basée à Washington.
“On assiste depuis le début de la guerre en Ukraine à une vague de mesures sur les exportations et les importations de denrées”, ajoute le document, notant que la crise alimentaire mondiale a été en partie aggravée par l’intensification des restrictions commerciales mises en place par les pays dans le but d'accroître l’offre intérieure et de faire baisser les prix. “À la date du 10 octobre 2022, 21 pays avaient imposé 26 interdictions d'exportation sur certains produits agricoles et huit pays avaient adopté 12 mesures limitant les exportations,” précise la Banque mondiale, notant qu’après un bref répit au cours de l'été 2022, les prix des engrais sont repartis à la hausse.
“En plus de l'augmentation des prix de l’énergie, les mesures de restriction des exportations ont contribué à limiter l’offre mondiale de fertilisants”, selon l'institution de Bretton Woods. “L’inflation des prix alimentaires intérieurs reste élevée à travers le monde”, relève la même source, notant que les données disponibles entre mai et septembre 2022 font état d’une forte inflation dans la quasi-totalité des pays à revenu faible et intermédiaire : 88,9 % des économies à faible revenu, 91,1 % des économies à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et 96 % des économies à revenu intermédiaire supérieur ont enregistré des taux d’inflation supérieurs à 5 %.
La part des pays à revenu élevé touchés par la montée de l’inflation dans l’alimentation atteint désormais 85,7 %. L’indice des prix des produits agricoles a augmenté d’un point de pourcentage par rapport au niveau observé il y a deux semaines. Les cours du blé, du maïs et du riz en octobre 2022 sont supérieurs de 18 %, 27 % et 10 %, respectivement, à ceux d’octobre 2021, indique l’institution financière.
Par rapport aux prix enregistrés en janvier 2021, les cours du blé et du maïs affichent une hausse de 38 % et 4 % respectivement, et ceux du riz une baisse de 21 %. “La flambée des prix alimentaires est à l’origine d’une crise mondiale qui entraîne plusieurs millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté et aggrave la faim et la malnutrition,” prévient la Banque mondiale, ajoutant que les hausses de prix de l'alimentation et de l'énergie causées par les chocs climatiques et les conflits ont mis un coup d'arrêt à la reprise.
Selon une étude récente du FMI, il faudra mobiliser entre 5 et 7 milliards de dollars de dépenses supplémentaires pour aider les ménages vulnérables des 48 pays les plus durement touchés par la hausse des prix des importations de denrées et d'engrais. Et 50 milliards de dollars seront nécessaires pour mettre fin à l’insécurité alimentaire aiguë au cours des 12 prochains mois. Le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë et qui auront besoin d’une aide urgente pourrait grimper à 222 millions dans 53 pays et territoires, selon un rapport FAO-FMI.
Afin de lutter contre la crise qui touche actuellement la sécurité alimentaire, le Groupe de la Banque mondiale déploie une réponse de grande envergure qui comprend notamment une enveloppe de 30 milliards de dollars sur une période de 15 mois pour des financements dans des domaines tels que l’agriculture, la nutrition, la protection sociale, l’eau et l’irrigation. Ces financements visent à encourager la production de nourriture et d’engrais, à améliorer les systèmes alimentaires, à faciliter les échanges et à soutenir les ménages et les producteurs vulnérables.