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Baisse des prix des médicaments : Ce que proposent les génériqueurs

Le ministère de la Santé organise du 28 juin au 1er juillet une série de rencontres avec les acteurs du secteur pharmaceutique en vue d’aboutir à des propositions pour faciliter l’accès aux médicaments à des prix convenables. L’Association marocaine du médicament générique (AMMG) a été la première à présenter ses propositions qui consistent à adopter des solutions innovantes, outre la baisse des prix des médicaments.

Baisse des prix des médicaments : Ce que proposent les génériqueurs
Pour l'AMMG, la baisse des prix des médicaments seule ne donnera pas de grands résultats.

Le gouvernement veut accélérer la mise en œuvre du chantier de généralisation de la protection sociale, qui devrait avoir un impact direct et tangible sur les conditions de vie des Marocains. C'est ainsi que le ministère de la Santé et de la protection sociale a lancé mardi dernier une série de rencontres et d'ateliers pour étudier les propositions des acteurs du secteur pharmaceutique en vue d'amender le décret n°2-13-852 relatif aux conditions et aux modalités de fixation du prix public de vente des médicaments fabriqués localement ou importés. L’Association marocaine du médicament générique (AMMG) a été la première à passer, mardi dernier, devant la commission composée de représentants du ministère de la Santé, du département du Chef du gouvernement, du ministère délégué auprès du ministre de l’Économie et des finances, chargé du Budget et de l'Agence nationale de l'assurance maladie (ANAM).

Mohamed Houbachi, président de l’AMMG, affirme que les industriels du médicament générique sont honorés d’être un acteur incontournable auprès des pouvoirs publics pour assurer la pérennité des systèmes de sécurité sociale et de participer activement à la réussite du chantier de la généralisation de la protection sociale. «Nous sommes pleinement inscrits dans ce projet qui a été érigé au rang des priorités nationales et pour lequel notre Souverain a donné une importance capitale. Nous nous réjouissons donc de l’ouverture des discussions avec les pouvoirs publics pour essayer de trouver les moyens d’avoir des médicaments de bonne qualité et à des prix raisonnables aussi bien pour les citoyens marocains que pour les caisses de l'État», déclare-t-il. «Lors de notre rencontre avec la commission, nous étions satisfaits de voir que les différents acteurs sont conscients du rôle indispensable de l’industrie marocaine du médicament générique dans le système de santé et l’économie du pays. D’autant plus qu’il faudra dorénavant porter les remboursements annuels de l’ANAM de 3 à 10 milliards de dirhams, ce qui fait que le développement du médicament générique avec les économies qu'il engendre de 30 à 40% par rapport au prix normal, est crucial pour la pérennité de ces régimes», souligne le président de l’AMMG.

Contrat-programme
S’agissant des propositions soumises à la commission interministérielle, Houbachi insiste sur l’importance de trouver des solutions innovantes outre la baisse des prix des médicaments. «Il a été prouvé par le passé que la baisse du prix des médicaments n’apporte pas de grands résultats. Elle devait engendrer une augmentation de volume, ce qui n’a jamais été le cas. En revanche, cette baisse a eu un impact négatif sur les pharmaciens d’officines qui ont une marge sur la base du prix de vente et finira par toucher l’équilibre économique des industriels et des grossistes. C'est pourquoi nous avons plaidé pour des idées innovantes qui permettent à la fois de pérenniser le régime des caisses de remboursement sans impacter les pharmaciens», affirme-t-il. Et d’ajouter : «nous avons ainsi proposé d'accorder des baisses de prix pour les médicaments essentiels qui sont remboursés par les caisses de l'État et libéré, voire même permettre des augmentations de prix pour les produits conseils, tels que les vitamines, qui ne sont pas remboursables. Cela va donner un souffle économique aux pharmaciens, aux grossistes et aux industriels».
L’AMMG a également proposé d’adopter un contrat-programme avec les caisses de l'État et les pouvoirs publics. «Dans ce contrat, on pourrait par exemple augmenter la part du médicament générique de 40 à 70% ; en contrepartie, les laboratoires reverseraient une part des gains à l'État. Nous avons aussi plaidé pour que le mode de rémunération des pharmaciens soit revu, de sorte qu’ils n’aient plus intérêt à vendre le médicament le plus cher», fait savoir Houbachi.Il est à rappeler que l’ensemble des propositions recueillies lors de ces ateliers, qui se poursuivront jusqu’au 1er juillet, contribueront à faciliter l'accès aux médicaments à des prix convenables, à même de maintenir la pérennité des fonds de protection sociale et préserver le pouvoir d'achat des citoyens.

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Questions à le président de l’Association marocaine du médicament générique

Mohammed Houbachi : «Si on doit parler de baisse des prix, cela ne doit concerner que les médicaments remboursés par les organismes de protection sociale»

Le Matin : Le gouvernement a lancé les concertations pour la généralisation de la couverture médicale. Comme se positionne l’Association marocaine du médicament générique (AMMG) ?
Mohammed Houbachi : Nous sommes prêts et nous adhérons à ce processus, car comme vous le savez, le médicament générique peut jouer un rôle fondamental pour la maîtrise des dépenses médicales. Les médicaments génériques sont de qualité égale et beaucoup moins chers que les médicaments d’origine. Ils permettent une économie de plusieurs milliards de dirhams aux caisses de l’État et contribuent à l’amélioration du pouvoir d’achat du citoyen. En plus, nous disposons de laboratoires perfectionnés et d'installations de fabrication d'avant-garde.

À combien estimez-vous la réduction en termes de dépenses d’un médicament générique ?

En moyenne, le générique est moins cher de 30%. Si on augmente son taux de pénétration de 40% actuellement à 60%, cela aura un impact très positif. Au sein de l’AMMG, nous militons pour que le générique ait une position lui permettant de jouer son plein rôle dans l’accès aux soins, tout en préservant les équilibres financiers des organismes de sécurité et de protection sociale. Ce rôle devient encore plus important avec le grand chantier de la généralisation de la couverture médicale, lancé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI.

Quelle est votre position par rapport à une éventuelle baisse des prix des médicaments ?

Aujourd’hui, si on doit parler de baisse des prix, cela ne doit concerner que les médicaments remboursés par les organismes de protection sociale. Les prix de ceux qui ne le sont pas doivent rester libres. Cela dit, il faut bien entendu veiller à la préservation de l’industrie pharmaceutique. Si on décide de baisser les prix des médicaments, il ne faut pas oublier que derrière ces médicaments, il y a des entreprises qui sont également soumises au jeu des équilibres financiers.

Comment préserver alors les équilibres financiers des industriels ?

Le chiffre d’affaires des entreprises pharmaceutiques dépend bien entendu des prix des médicaments. Si on veut développer le générique, il faut intervenir et faire des efforts pour les investisseurs. Il faut aussi développer les crédits recherche et développement. Autrefois, nous avions droit à ces crédits au taux de 20%, mais cela a été malheureusement supprimé. Il faut revoir à la baisse la taxe pour la production locale, et ce en fonction du chiffre d’affaires.

Des baisses des prix des médicaments ont déjà été opérées. Quel en est l'impact ?

Il y a eu des baisses drastiques des prix des médicaments, mais en évaluant l’impact de cette mesure, nous constatons que cette dernière n’a pas eu l’effet escompté. Il n’y a pas eu d’augmentation des volumes. Pire encore, cela a mis les pharmacies d’officine dans une situation très compliquée. Il a fallu que les industriels leur augmentent les marges à 34%. Aujourd’hui, si on opère des réductions de prix, est-ce que les industriels pourraient procéder une fois de plus à une compensation, sans que cela affecte leurs équilibres financiers ? 

Propos recueillis par Jalal Baazi

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