Une relation spéciale lie Assilah à feu Félix Tchicaya U Tam’si. L’écrivain et poète congolais avait été fasciné par la ville dès sa première visite à l’occasion de la création du Forum culturel afro-arabe en 1981. Séduit par le Moussem culturel international d’Assilah, feu Tchicaya U Tam’si y reviendra chaque année jusqu’à sa mort en 1989. «Assilah, je n'en finis pas d'y revenir prendre goût de sérénité, de patience», avait-il dit. La belle cité marocaine ne cesse de rendre la part belle au poète congolais. Son âme est présente dans différents recoins de la ville. À la mémoire de ce grand poète, qu'était «Tchicaya U Tam’si», et comme témoignage d’appréciation, la ville a attribué son nom à l’un de ses jardins en plein centre-ville. Aux funérailles de Tchicaya U Tam’si, le secrétaire général de la Fondation du Forum d’Assilah, Mohamed Benaïssa, décide de créer un Prix de Poésie africaine pour honorer la mémoire de son ami. «Le prix de la poésie africaine Tchicya U Tam’si est décerné tous les trois ans à Assilah lors d’une cérémonie solennelle à laquelle assistent des écrivains, des poètes et des artistes. Le lauréat reçoit le Prix sous forme d’un “Baobab” qui symbolise l’arbre préféré du feu le Président Leopold Sendar Senghor. Depuis sa visite à Assilah, la Fondation a adopté ce symbole pour tous les Prix décernés au Moussem culturel international d’Assilah», indiquent les organisateurs de cet événement. Cette année, le Festival a célébré la douzième édition du Prix Tchikaya U Tam’si pour la poésie africaine en rendant hommage à Paul Dakeyo. Une grande cérémonie a été organisée dans la soirée du 29 octobre à l’honneur du poète camerounais. Selon Mohamed Benaïssa, ce Prix est un signe de reconnaissance pour les écrits de l'écrivain, militant, éditeur et acteur culturel africain de renom. Paul Dakeyo a été choisi pour son expérience artistique exceptionnelle et sa sensibilité unique dans la sphère de la poésie afro-francophone.
«Paul Dakeyo lauréat du Prix Tchicaya U’Tamsi 2022 est un combattant de la poésie. Il incarne la poésie. Il est un maître du verbe. Le nominer c’est nominer un immense poète que le parrain Tchicaya connaissait et appréciait de son vivant. Le choix du jury que je préside est bien le bon ! Là où il repose, Tchicaya U’Tamsi en est comblé, car c’était un homme exigeant», affirme le poète sénégalais Amadou Lamine Sall, président du jury du Prix international Tchicaya U’Tamsi. Et d’ajouter que ce prix honore Assilah, le Maroc, l’Afrique et le monde. Pour lui, on doit donner toute sa place à la pensée, à l’imagination créatrice, à la connaissance. «Tout le reste est un vaste hôpital des grands accidentés de la politique, de la domination, de l’argent. Nous vivons aujourd’hui dans la quincaillerie et la tragédie. Voilà pourquoi Assilah est un refuge pour toujours ressusciter et croire en l’Homme». Pour sa part, Dakeyo s’est dit «heureux et honoré» de recevoir ce Prix en un moment où l’Afrique a besoin de consolider les relations humaines et culturelles. Cette cérémonie a été l’occasion de visiter le jardin «Tchicaya U Tam’si», un espace qui rappellera les réalisations du grand poète et poussera à découvrir ou redécouvrir ses écrits.