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Carburants : le Maroc gagnerait à négocier des contrats de 6 mois à un an

Pour faire face aux aléas et sécuriser son approvisionnement en carburants à des prix moins chers, le Maroc doit opter pour la négociation des contrats de 6 mois à un an à des prix connus à l’avance, estime Tarik Akharaz, chercheur en économie et gestion. Actuellement, le Royaume couvre ses besoins en carburants à travers des contrats couvrant les 3 prochains mois. Cependant, il s’approvisionne en flux tendu avec des stocks de sécurité couvrant 30 jours seulement. Cet expert attribue, par ailleurs, la flambée des prix des carburants à plusieurs facteurs. Il s’agit notamment du renchérissement des tarifs du fret maritime et des tarifs des assurances sur ce fret à cause de la guerre en Ukraine et de récents incidents en mer.

Carburants : le Maroc gagnerait à négocier des contrats de 6 mois à un an
Les contrats d’approvisionnement du Royaume sont bouclés jusqu’en juin prochain.

Au vu du contexte actuel marqué notamment par la guerre en Ukraine, comment le Maroc pourrait-il faire pour sécuriser davantage son approvisionnement en carburants ? «Actuellement, le Maroc couvre ses besoins en carburants à travers des contrats couvrant les 3 prochains mois. Cependant, il s’approvisionne en flux tendu avec des stocks de sécurité couvrant 30 jours seulement», explique au journal «Le Matin» Tarik Akharaz, chercheur en économie et gestion. Et d’ajouter : «la neutralité du Royaume face au conflit qui oppose la Russie à l’Ukraine pourrait cependant jouer en sa faveur en positionnant la Russie comme source d’approvisionnement plus importante et moins chère que le marché». En 2021, déjà, les importations marocaines depuis ce pays ont atteint 1,93 milliard de DH pour les gas-oils et fuel-oils et 1,33 milliard pour l’essence de pétrole, selon l’Office des changes. Pour cet expert, il s’agit d’une piste qu’il serait intéressant de creuser.

Car une sécurisation des prix pourrait jouer positivement sur l’inflation et assurer un certain degré de maîtrise des prix qui pourraient continuer à gonfler vu le contexte international actuel. «Tout l’enjeu serait de négocier des contrats d’approvisionnement de 6 mois à un an, à des prix connus à l’avance», indique Akharaz. Car, jusqu’ici, près de la moitié des importations marocaines de carburants proviennent d’Europe (France, Espagne et Italie), des États-Unis (20% maximum), des pays du Golfe (15 à 20%) et d’Inde & reste du monde (7 à 10%). Or, l’Europe importe elle aussi de la Russie. Et le prix du baril a plus que doublé au cours des deux derniers mois en raison de plusieurs facteurs. D’abord, les tarifs du fret maritime qui ont triplé ces deniers mois à cause d’une flambée des prix des carburants et de la baisse des échanges commerciaux due à la Covid-19. Ce repli des échanges fait que les navires font plus souvent, vides, le voyage de retour.

Ensuite, il y a eu une flambée des tarifs des assurances sur le fret maritime (eux aussi ont triplé) au vu de la guerre en Ukraine et de récents incidents comme le naufrage, début de ce mois, du Felicity Ace, sur les côtes du Portugal alors qu’il se dirigeait vers les États-Unis. Victime d’un incendie, le gros navire transportait 4.000 voitures : Volkswagen, Porsche, Bentley, Lamborghini et une Bugatti. Les pertes sont estimées à près de 400 millions d'euros. «Les assureurs font montre de frilosité et cela impacte désormais leurs tarifs», nous explique Akharaz. Cette flambée fait qu’actuellement le prix du gasoil, par exemple, est aux alentours de 11,20 DH le litre. «Cela reste cependant 50% moins cher que le marché européen», fait remarquer Akharaz. En réponse à cette hausse, le gouvernement prévoit de soutenir financièrement les transporteurs, notamment de marchandises, pour qu’ils ne répercutent pas la hausse des carburants sur leurs tarifs.

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