En réaction à une information sur un éventuel relèvement de l’âge de départ à la retraite, les magistrats organisés au sein du Club des magistrats (association professionnelle regroupant une partie des magistrats) affichent leur mécontentement. Et ils expliquent cela par deux principales raisons. Ils dénoncent, tout d’abord, le fait qu’il n’y ait pas eu de concertations préalables à ce sujet. «Il n’y a pas eu d’approche participative au sujet de la révision des lois organiques relatives au pouvoir judiciaire. Nous n’avons été aucunement associés en tant qu’association professionnelle.
Alors que les amendements projetés touchent de manière directe les droits des magistrats et leurs intérêts. Et ce tout particulièrement en ce qui concerne l’âge de départ à la retraite», explique le secrétaire général du Club des magistrats, Abderazak Jbari, pointant du doigt le ministère de la Justice. Il faut souligner que la loi organique portant statut des magistrats indique dans son article 104 que «la mise à la retraite des magistrats est fixée à 65 ans. Cette limite d’âge peut être prorogée pour une période maximale d’une année renouvelable quatre fois pour la même durée». Selon le Club des magistrats, les informations dont il dispose font état d’une volonté de prolonger l’âge de retraite jusqu’à 70 ans. Le but étant de pallier le manque de ressources et de compétences pour couvrir l’ensemble des institutions judiciaires. Mais cette association des magistrats s’oppose à cet amendement parce qu’elle considère qu’il porte atteinte au principe de l’indépendance dont jouissent les magistrats et qui incarne l’indépendance de la justice. «Le problème n’est pas dans la volonté du magistrat ou non de voir l’âge de départ à la retraite prolongé. Mais il vient du risque de porter atteinte au principe universel de l’indépendance des magistrats et, par ricochet, de l’indépendance du pouvoir judiciaire.
La nomination provisoire d’un magistrat pourrait toucher ce principe. Car il s’agit, dans le projet, d’une durée limitée dans le temps qui est renouvelable sur la base d’une évaluation préalable du rendement du magistrat concerné», commente le secrétaire général du Club. Cependant, cette vision n’est pas partagée par l’Amicale Hassania des magistrats marocains, une corporation plus ancienne qui regroupe une partie des magistrats. En effet, les propos d’Abdelhak El Aiassi, président de l'Amicale, semblent plus nuancés à ce sujet. Celui-ci indique, tout d’abord, que les amendements en question ont été conçus sur proposition du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire.
Ensuite, tout en affirmant qu’il n’y a pas eu de concertation avec l’Amicale à ce sujet, il estime qu’ils n’apporteront pas un profond changement au statut du magistrat. Il estime qu’actuellement, en raison des manques qu’il y a, les magistrats travaillent au-delà de 65 ans, conformément à l’article 104 du statut des magistrats. «En plus, le magistrat concerné aura toujours la possibilité de refuser, s’il le souhaite, de travailler au-delà de 65 ans», considère-t-il, voyant d’un bon œil de tels amendements qui seront salutaires pour faire face au manque en ressources humaines.
