Protection des enfants en ligne : L’implication des parents est primordiale

Internet fait partie intégrante de notre vie. Et nos enfants sont nés avec le web. Il est pratiquement impossible de les empêcher d’utiliser des objets connectés. Ils s’en servent quotidiennement pour étudier, apprendre de nouvelles choses, communiquer, se divertir… Mais cela les expose malheureusement à différents dangers tels que la cybercriminalité et cyberharcèlement. C'est pourquoi il est très important de sensibiliser les enfants et adolescents sur les risques encourus sur Internet. À cet effet, Kaspersky a organisé, mardi 27 septembre à Casablanca, une rencontre sur le thème «La sécurité numérique des enfants au Maroc». Cette rencontre a été l’occasion de rappeler les résultats de la dernière enquête réalisée par Kaspersky sur les perceptions des parents des activités en ligne de leurs enfants. On souligne ainsi que 9 parents sur 10 se disent dépassés par leurs progénitures en termes de numérique, 78% d’entre eux pensent ne pas être suffisamment informés sur la manière de protéger leurs enfants des dangers de la toile et 60% déclarent ne pas se fier à leurs enfants quant à l’usage responsable des appareils et contenus digitaux. Moins d’un parent sur deux a déjà utilisé un système de contrôle parental et concernant les contenus à caractère sexuel, 9% des parents marocains reconnaissent que leurs enfants sont régulièrement les cibles de ce type de contenus.

«Il est clair que les parents ne sont pas suffisamment impliqués pour assurer une bonne protection de leurs enfants en ligne. Cette problématique est malheureusement très sous-estimée au niveau national. Les parents doivent assumer leur responsabilité en surveillant de plus près l’activité de leurs enfants sur Internet et en les sensibilisant», a indiqué Youssef Bentaleb, président du Centre marocain de recherches polytechniques et d’innovation (CMRPI). «Des efforts doivent également être fournis au niveau de l’éducation au numérique. Des initiatives ont été lancées par le ministère de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports, au niveau de la direction du programme Génie, en partenariat avec le Centre marocain de recherches polytechniques et d’innovation et le Conseil de l’Europe dans le cadre de l’Espace Maroc Cyberconfiance. Ces programmes, lancés avec l’appui des sociétés du numérique tels Instagram et Kaspersky, visent à instaurer dans les écoles cette culture de vigilance numérique, et lutter contre les cyberviolences et le cyberharcèlement dans le milieu scolaire», a-t-il ajouté. Le président du CMRPI a, en outre, souligné que des campagnes de sensibilisation aux risques du numérique et formations au profit des enseignants sont organisées régulièrement.

Cet événement a également été l’occasion d’annoncer le lancement prochain d’un centre de signalement et une ligne d’assistance au service des enfants victimes de cyberviolence, initié par la plateforme Espace Maroc Cyberconfiance.

De son côté, Kaspersky a présenté la nouvelle version d’un de ses meilleurs outils de protection des enfants en ligne «Safe Kids 2022». Ce dernier participe à la protection des mineurs lorsqu’ils sont en ligne et hors-ligne en bloquant l’accès aux contenus inappropriés ou dangereux et en définissant une limite de temps d’utilisation pour chaque enfant et appareil. Il permet également de localiser les enfants grâce au suivi GPS et alerte les parents lorsque les enfants sont sortis de la zone sécurisée prédéfinie.

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Questions au président du CMRPI et initiateur de l’Espace Maroc Cyberconfiance

Youssef Bentaleb : «Des efforts doivent encore être fournis en sensibilisation et en éducation numérique»

 

Quels sont les principaux dangers auxquels sont exposés les enfants sur Internet ?

Internet est d’abord un espace qui offre d’importantes opportunités aux enfants pour apprendre, se divertir, communiquer entre eux…, mais compte tenu de leur jeune âge et leur ignorance des règles de base de cybersécurité, ils peuvent facilement être victimes de personnes mal intentionnées. En effet, lorsqu’ils sont en ligne, les enfants sont exposés à différents dangers : vol de données personnelles, piratage de compte des jeux en ligne, usurpation d’identité sur les réseaux sociaux, publication de photos et vidéos intimes ou privées, le cyberharcèlement ou moqueries, ou encore l’exploitation sexuelle en ligne voire même le recrutement dans des bandes de criminalité... sans parler des répercussions d’une surexposition sur leur santé physique et mentale.

Est-ce que le Maroc dispose des moyens nécessaires pour les protéger ?

Sur le plan juridique, le Maroc dispose d’un bon arsenal pour faire face à la cybercriminalité enfantine et protéger les enfants en ligne. En effet, le Maroc a ratifié la convention internationale de Budapest, sur la cybercriminalité ainsi que son protocole additionnel. Cette convention représente un instrument essentiel de coopération internationale pour lutter contre la cybercriminalité. En effet, pour assurer une bonne protection des enfants en ligne, nous avons besoin d’une collaboration entre les services de protection des différents États. Le Maroc a également signé la convention Lanzarote relative à la protection des enfants contre l’exploitation sexuelle, qui couvre entre autres le volet numérique. Le Royaume a, en outre, adopté la loi 103.13 relative à la lutte contre la violence à l'égard des femmes, qui a été la première à aborder le problème de cyberharcèlement, en spécifiant le cas des mineurs, ainsi que la loi 27-14 qui prévoit des sanctions vis-à-vis des personnes impliquées dans des cas de traite des êtres humains, particulièrement les enfants en ligne. * Il est aussi important de signaler que le Maroc dispose de services spécialisés en lutte contre la cybercriminalité au niveau de la direction générale de la sûreté nationale et la gendarmerie royale. Sans oublier la Direction générale de de la sécurité des systèmes d’information (DGSSI) qui veille sur la cybersécurité globale de l’Etat. Ainsi, d’une manière générale le Maroc est en avance en termes de moyens juridiques et organisationnels pour protéger les enfants en ligne. En revanche, un grand effort reste à faire au niveau de la prévention, surtout sur le volet sensibilisation et accompagnement des enfants victimes en impliquant les parents. Un effort doit être fourni au niveau de l’éducation au numérique.

Quels conseils pouvez-vous donner aux parents pour mieux sensibiliser leurs enfants ?

Il ne faut pas hésiter à contrôler sans cesse ce que font vos enfants sur Internet ! C’est le premier conseil qu’on peut donner aux parents. Ces derniers sont, en effet, appelés à assumer leur responsabilité vis-à-vis leurs enfants lorsqu’ils sont en ligne. Après avoir mis à leur disposition un smartphone ou un ordinateur connecté à Internet, les parents doivent être conscients des risques et des dangers qu’encourent leurs enfants. On ne peut pas les laisser seuls dans un monde virtuel face à des personnes du monde entier, dont les cybercriminels. Les parents doivent protéger leurs enfants des contenus et des sites inappropriés aux mineurs. D’après l’enquête publiée en 2021, par le CMRPI, seuls 25% des enfants en recours à leurs parents quand ils rencontrent des problèmes en ligne, la plupart préfèrent garder le silence ou raconter leurs problèmes en ligne à leurs camarades, ceci veut dire qu’un effort de communication est fondamental. On recommande souvent aux parents d’essayer de comprendre l’environnement numérique et participer aux activités en ligne avec leurs enfants.