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Maroc-Etats-Unis : place au renforcement des relations économiques (Experts)

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken vient d'achever sa visite au Maroc, durant laquelle le responsable américain a réitéré la position des États-Unis en faveur de l'initiative marocaine d'autonomie des provinces du Sud sous souveraineté marocaine. La question du Sahara, grâce à ce soutien américain, est, aux yeux des analystes, en passe d'être définitivement close. L'heure à présent est au renforcement de la coopération économique. Voici ce qu’en pensent trois experts.

Maroc-Etats-Unis : place au renforcement des relations économiques (Experts)
Ph : MAP

Nabil Adel : «Après la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara, l'accent est désormais mis sur le développement des relations économiques»

«Après la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara, nous pouvons dire aujourd'hui que ce dossier est scellé. Ce qui se passe maintenant, on va dire, c'est la gestion de ce qui reste de ce dossier. Et d'ailleurs, on voit beaucoup de pays rejoindre la position américaine, comme l'Allemagne et l'Espagne», affirme l'économiste Nabil Adel. À présent, poursuit l'économiste, l'accent sera mis sur le développement économique, notamment dans les provinces du Sud. On va essayer d'en faire un levier de développement comme certains pays ou émirats du Golfe, à l'instar du Qatar ou de Dubaï. Ainsi, la volonté aujourd'hui est de faire de ces provinces du Sud, une fois ce conflit artificiel définitivement clos, une locomotive pour le développement économique du Royaume, souligne M. Adel. Ainsi et selon Nabil Adel, cette visite d'Antony Blinken tend à donner un coup d’accélérateur à la coopération entre le Maroc et les États-Unis. «Nous avons signé un accord de libre-échange en 2004, mais ses retombées sont encore en deçà de ce que nous pouvons en tirer», fait-il remarquer. «Le Maroc joue un rôle de stabilisation et de développement des investissements étrangers dans la région et je pense que la cadence va s'accélérer dans les années à venir.

Il est question avant tout de dynamiser l'accord de libre-échange avec les États-Unis pour qu'il devienne un véritable fer de lance du développement économique du Royaume», soutient l'économiste. Pour s'en convaincre, dit M. Adel, «il suffit de prendre l'exemple du Mexique par rapport aux États-Unis, où le marché américain a été un véritable levier pour le développement du pays. Ce même marché américain a été un levier extraordinaire pour le développement de l'économie chinoise. Le Maroc doit donc saisir cette opportunité et essayer de renforcer sa collaboration avec les États-Unis». Cela étant, le Maroc, d’après l’économiste, doit maintenir d'autres partenariats avec d'autres pays, comme la Chine ou la Russie, et doit rester un terrain neutre où l'on vient faire des affaires, sans prendre le parti d'un partenaire au détriment d'un autre.

Taïb Aisse : «Des efforts sont encore à consentir pour tirer pleinement parti de l'ALE avec les États-Unis»

Tout en soulignant la dimension stratégique que les relations maroco-américaines ont toujours eue, l'économiste Taïb Aisse estime qu'en matière économique, de nombreuses opportunités s'offrent encore pour chacun des deux pays. Se référant à l'accord de libre-échange, M. Aisse a indiqué que les échanges entre le Maroc et les États-Unis sont plus profitables à la partie américaine et qu'il existe un grand potentiel à explorer à ce niveau pour le Maroc. «Nos exportations vers les États-Unis ne sont pas soumises à des quotas et cela est très important», fait observer l’économiste, notant que les exportateurs marocains doivent s’investir davantage pour répondre aux normes américaines, qui, bien que compliquées, restent abordables. «Nous devons donc consentir plus d'efforts pour capter des parts de marché pour nos produits sur ce marché, lequel demeure le plus important au monde», dit-il. Par ailleurs, concernant le programme «Compact II» conclu entre le gouvernement marocain et le gouvernement des États-Unis d'Amérique, représenté par la Millennium Challenge Corporation (MCC), M. Aisse a indiqué qu'il serait opportun de renouveler ce programme (qui arrivera bientôt à son terme), étant donné qu'il a pour objectif de financer des projets de grande importance tels que l'employabilité des jeunes et la valorisation du capital humain.

Azzedine Hanoune : «Le gouvernement devrait dans les prochaines semaines initier une dynamique visant à exploiter le potentiel réel des relations avec la première puissance mondiale»

«Il ne faudrait pas ignorer le contexte de cette visite qui vient juste après le sommet du Néguev qui a accentué le statut du Maroc en tant qu’acteur de premier ordre dans la région MENA. Le Maroc est un acteur primordial et non un bon élève, agissant selon sa propre vision et ses propres intérêts», indique le professeur de droit public à la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université Ibn Tofaïl, Azzeddine Hanoune. Cette visite vient également dans le contexte de la guerre qui secoue l’Europe de l’Est et qui installe un climat de tension impactant les relations internationales. Enfin, cette visite vient quelques jours seulement après la lettre du Président du gouvernement espagnol adressée à Sa Majesté le Roi et qui a annoncé un changement significatif dans la position de son pays sur la question du Sahara, relève M. Hanoune.

D’après lui, ce déplacement du secrétaire d’État américain à Rabat consolide les acquis du Royaume. «M. Antony Blinken, en réitérant l’appui des États-Unis au plan marocain d’autonomie pour les provinces du Sud, a répondu de manière indirecte aux allégations des adversaires suggérant un revirement dans le soutien américain», affirme-t-il. «La décision de l’ex-président est une position de principe et l’engagement américain n’a jamais depuis été remis en cause». Ensuite, les déclarations pourraient avoir un caractère politique et diplomatique visant à ménager les autres parties afin de protéger les intérêts américains dans la région. Le timing de cette visite est révélateur de l’alignement des positions des différents acteurs internationaux concernés par le conflit du Sahara. Le plan marocain d’autonomie devient le leitmotiv de tout le processus de recherche de solution et l’Envoyé personnel du SG de l’ONU ne pourrait et ne devrait nullement ignorer cette donne, souligne le professeur de droit public. Au-delà de la question de l’intégrité territoriale du Royaume, la visite du Chef du département d’État est, de l’avis de M. Hanoune, une étape importante dans le processus de consolidation de la confiance entre les deux pays : la coopération et les échanges restent en deçà du potentiel. La rencontre avec le Chef du gouvernement est un signal politique fort dans ce sens. «Le gouvernement devrait d’ailleurs dans les prochaines semaines initier une dynamique visant à exploiter le potentiel réel de ces relations avec la première puissance mondiale», dit M. Hanoune.

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