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Recherche académique sur l'histoire du Maroc : l'avis de Rahal Boubrik

Fort de trois décennies de recherche sur l'histoire et l'anthropologie dans l'espace ouest-saharien, Rahal Boubrik, professeur chercheur à l’Institut universitaire des études africaines à l’Université Mohammed V, revient dans cet entretien accordé au «Matin» sur les plans de l'Espagne pour créer un État fantoche au Sahara marocain. M. Boubrik s'exprime également, non sans amertume, sur la situation actuelle du Centre d'études sahariennes, aujourd'hui inactif.

Recherche académique sur l'histoire du Maroc : l'avis de Rahal Boubrik
Rahal Boubrik.

Le Matin : Vous avez été directeur du Centre des études sahariennes au sein de l'Université Mohammed V. Quels sont les principaux axes des recherches ayant été menées dans le cadre de ce Centre ?

Rahal Boubrik : Nous avons dirigé ce Centre depuis sa fondation en 2013 jusqu’en 2017. Avec nos partenaires, nous avons réussi à créer une dynamique dans le domaine des études sahariennes qui s’est traduite par l’édition de plus de 60 ouvrages et l’organisation de plusieurs manifestations académiques (colloques internationaux, tables rondes...) en plus du financement de projets de recherche scientifique. Les axes des recherche étaient principalement focalisés sur la culture et les sciences humaines et sociales. Le Centre a également initié deux cycles universitaires (master et doctorat). Notre objectif était de former des jeunes chercheurs spécialisées dans les études sahariennes. Malheureusement, le Centre n’existe plus sur le plan fonctionnel.

Sur quels sujets avez-vous travaillé vous-même et sur la base de quelles sources d’archives ?

Depuis trois décennies, je travaille sur l’espace ouest-saharien en histoire et anthropologie. En ce qui concerne les sources documentaires écrites, outre les manuscrits en arabe, ce sont généralement les archives, notamment les fonds des archives françaises (Aix-en-Provence, Nantes, Vincennes et la Courneuve...) et espagnoles (Fondo documental de Sahara, Luis Rodrigues de Viguiri y Gil) et les Archives historiques nationales d'Espagne. Ces fonds sont les principales sources pour les chercheurs sur l'histoire du Sahara marocain pendant la période coloniale. Bien évidemment, les archives ne sont qu’une source parmi d’autres, et doivent être explorées et exploitées avec une démarche critique selon les règles méthodologiques de la discipline.

La conjoncture étant ce qu'elle est, pourrait-on vous demander votre évaluation des positions de l'Espagne, ancienne puissance coloniale, sur la question du parachèvement de l'unité territoriale de notre pays ?

Le Fondo documental de Sahara (Luis Rodrigues de Viguiri y Gil) offre des «matériaux bruts» de grande valeur historique sur le Sahara sous la colonisation espagnole. Nous pouvons vraiment constater à travers ces archives que l’Espagne, non seulement a entravé le parachèvement de l'unité territoriale de notre pays en 1956, mais elle a œuvré entre 1958 et 1975 à inventer une «identité politiques sahraouie». Dans une première étape, son projet visait à créer une entité territoriale et la notion de «peuple sahraoui» pour passer à l’étape suivante consistant à créer un État fantoche au Sahara. Nous sommes en train de réaliser une étude pour prouver ces faits.

Sur le plan proprement académique, quel bilan peut-on établir des études sahariennes menées au sein de l'université marocaine ?

Je constate que l’université marocaine n’a pas encore relevé le défi dans ce domaine. Le bilan est mitigé, voire modeste, vu les enjeux et la centralité de la question du Sahara marocain pour notre pays. Les rares initiatives entreprises n’ont pas été soutenues dans la durée. Le cas du Centre des études sahariennes est une illustration frappante à cet égard. Il n'existe plus depuis 2017.

 

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