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Raja Aghzadi : «Le Maroc doit mettre en place une politique de prévention pour soulager le système de santé»

Réformer le système de santé, mettre en valeur des ressources humaines, réussir le chantier de la généralisation de la protection sociale, etc. Autant de sujets abordés avec l’invitée de L’Info en Face, Raja Aghzadi, chirurgienne praticienne et présidente de l’Association marocaine «Cœur des femmes».

Raja Aghzadi : «Le Maroc doit mettre en place une politique de prévention pour soulager le système de santé»
Raja Aghzadi. Ph Sradni

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, l’invitée de l’Info en Face, Raja Aghzadi, chirurgienne praticienne et présidente de l’Association marocaine «Cœur des femmes», s’est arrêtée sur la question de la parité et l’égalité hommes-femmes dans le monde professionnel, en soulignant le grand rôle de la femme marocaine dans le secteur de la santé, «ce secteur prometteur pour la femme et où elle occupe une importante place, notamment dans les postes de responsabilité».

Interrogée sur la situation épidémiologique au Maroc, la chirurgienne a exprimé son optimisme, grâce notamment aux indicateurs positifs relevés ces derniers jours. Elle note toutefois que la vigilance est toujours de mise et qu’il faut continuer à lutter contre ce virus qui n’a pas encore complètement disparu. «Ce virus est incontrôlable, il peut paraitre maitrisé, mais il peut muter et resurgir d’une autre manière, la vigilance et les gestes barrières sont la clef de voûte pour éviter toute rechute épidémiologique», insiste-t-elle.

Sur un autre registre, celle qui a été membre de la Commission spéciale sur le nouveau modèle de développement a partagé sa lecture de la nouvelle réforme du secteur de la santé. Elle estime d’abord que cette refonte est «obligatoire et urgente» et qu’elle doit tenir compte des leçons tirées de la pandémie. Pour elle, la réforme est à mener de manière équilibrée à tous les niveaux sans privilégier un maillon de la chaine aux dépens d’un autre.

À la question de savoir si la récente annonce qui concerne les augmentations des salaires des médecins est le signe d’un début de changement, la responsable explique que «certes la motivation, l’épanouissement et la performance passent par la rémunération, mais il ne faut absolument pas faire le focus sur la seule question des salaires des professionnels de la santé. Cela représente un facteur parmi d’autres». Le plus important à ses yeux est le statut du médecin qui doit être «différent de celui d’un fonctionnaire», vu la nature de la responsabilité des professionnels de la santé. L’autre défi à relever dans le cadre de la réforme du système de la santé est celui de freiner la migration des médecins vers l’étranger. Un sujet qui revêt une grande importance et dont l’une des pistes de solutions est justement la réforme du statut du médecin. En effet, plus des deux tiers des étudiants en dernière année de médecine rêvent de faire carrière à l’étranger, selon une étude réalisée par cinq chercheurs de la Faculté de médecine et de pharmacie relevant de l’Université Hassan II de Casablanca. Le manque de valorisation, la recherche de meilleures conditions de travail et de plus d’opportunités pour s’épanouir professionnellement sont les principales raisons évoquées. Des éléments qui représentent, pour Mme Aghzadi, les bases pour redonner toute sa noblesse à cette profession.

L’invitée de L’Info en Face a également mis l’accent sur l’importance du chantier Royal de la généralisation de la couverture sociale qui permettra à 22 millions de personnes de bénéficier de la couverture médicale, en soulignant que «cette couverture sociale va donner un nouveau souffle au système de santé, soulager le citoyen et contribuer à reprendre confiance de tout l’écosystème». Parmi les maux auxquels la réforme doit également apporter des solutions, il y a le problème du refus des médecins d’exercer dans des régions reculées du Royaume.

À la question de savoir si les médecins auront toujours le droit de refuser des mutations dans des endroits enclavés du pays, l’invitée a répondu que «le médecin est obligé de soigner partout, c’est un devoir ! sauf que c’est une question de régulation et de communication, à savoir que le résultat souhaité est généralement lié au confort du médecin et à son bien-être». Par ailleurs, la chirurgienne Raja Aghzadi dit regretter la pénurie des ressources humaines dans le domaine de la santé et surtout le manque de formateurs. Elle a également appelé à une mise à niveau des hôpitaux, en expliquant que c’est le seul moyen qui permettra un soin juste et égal des citoyens.

Toujours dans le cadre des solutions à faire prévaloir pour relever le défi de la réforme du secteur de la santé, la responsable met en avant le rôle important de la prévention comme facteur primordial pour soulager la pression sur le système et sur les dépenses des ménages. «Prévenir les maladies permet de réduire de 40% les dépenses des ménages», note l’invitée. Elle va jusqu’à dire que le Maroc devra travailler sur une politique de prévention basée en particulier sur la sensibilisation des citoyens à adopter une hygiène de vie saine et un style de vie équilibrée. «Ceci va permettre de réduire sensiblement le nombre de maladies liées au stress, à l’obésité, à la tension…», insiste l’experte.

Pour conclure, et dans un contexte post-Covid-19, l’invitée s’est arrêtée sur le rôle du digital pour apporter des solutions pratiques à des problèmes réels. «La télémédecine est un moyen de prévention et d’économie, qui permet notamment des prises de rendez-vous à distance et offre le moyen d’élargir les possibilités de consultation par des médecins», indique la responsable. Et d’ajouter que «la télémédecine est un investissement très rentable qui doit être encadré».

Salma Kyla

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