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Rapport entre le crédit et la croissance: la causalité est bidirectionnelle au Maroc, selon la Banque centrale

Analyse édifiante de Bank Al-Maghrib sur la relation entre le crédit bancaire et la croissance économique au Maroc. L’Institut d’émission, qui a analysé le rapport entre ces deux variables sur la période 1999-2019, fait état d’un lien de causalité bidirectionnelle entre ces deux agrégats. Ainsi, sur la période 1999-2007, le sens de la causalité allait du crédit vers la croissance, traduisant l’existence d’un besoin important de financement de l’activité économique. Durant la période 2008-2019, le sens de la causalité s’est inversé, laissant indiquer que le financement ne serait pas une contrainte effective pour la croissance. Une situation caractérisant d’ailleurs les pays ayant un niveau de développement du secteur financier relativement important.

Rapport entre le crédit et la croissance: la causalité est bidirectionnelle au Maroc, selon la Banque centrale
Le secteur financier du Royaume est caractérisé par la prédominance du système bancaire, alors que les marchés des capitaux et de la dette privée demeurent étroits.

La relation entre la croissance et le crédit bancaire au Maroc aura connu une évolution relativement synchrone, avec une corrélation de 65%. La conclusion est de Bank Al-Maghrib (BAM) qui a réalisé une étude de causalité entre la croissance économique et l’évolution du crédit bancaire sur la période 1999-2019. En appliquant la méthodologie de Granger, les analystes de l’Institut d’émission constatent une relation de causalité bidirectionnelle entre ces deux agrégats. Rappelons au passage que la méthode de Clive Granger est un test d'hypothèse statistique pour déterminer si une série chronologique est utile pour en prévoir une autre, proposé pour la première fois en 1969. Dans son analyse, la Banque centrale fait la distinction entre les périodes d’avant et d’après la crise financière internationale. Ce qui montre des résultats contrastés. Sur la période 1999-2007, le sens de la causalité allait du crédit vers la croissance, traduisant l’existence d’un besoin important de financement de l’activité économique. Durant la période 2008-2019, le sens de la causalité s’est inversé, laissant indiquer que le financement ne serait pas une contrainte effective pour la croissance, une situation caractérisant les pays ayant un niveau de développement du secteur financier relativement important et qui corroborerait les conclusions d’une étude du Fonds monétaire international (FMI) publiée en 2015. Le même exercice mené au niveau sectoriel pour la période 2008-2019, montre des résultats contrastés par branche d’activité. La causalité est ainsi significative du crédit vers la croissance pour les branches de l’agriculture et pêche, des industries chimiques et parachimiques et des bâtiments et travaux publics. En revanche, la causalité est plutôt significative dans le sens de la croissance vers le crédit pour la branche hôtels et restaurants.

Selon BAM, la relation entre la croissance économique et le développement du secteur financier d’une manière globale, et le crédit bancaire en particulier, a fait l’objet d’une littérature économique abondante. L’une des problématiques fréquemment abordées dans ce cadre est celle du sens de la causalité pour déterminer si c’est la disponibilité du financement qui favorise la croissance et/ou si c’est cette dernière qui génère le besoin de financement. L’une des premières études dans ce sens a été réalisée par H. Patrick (1966) qui a mis en évidence deux modes d'interaction possibles. Le «demand-following» qui se réfère à une situation dans laquelle la finance est essentiellement passive et ne fait que répondre aux besoins en ressources induits par la croissance et le mode «supply-leading» qui, à l’inverse, suppose que les institutions financières accumulent l'épargne et la canalisent vers l’investissement générateur de croissance.

Au lendemain de la crise financière internationale de 2008, plusieurs études se sont focalisées sur l’identification des conditions dans lesquelles le développement financier a un impact significatif sur la croissance. Les résultats montrent notamment l’existence d’un seuil pour le crédit bancaire distribué au secteur privé au-delà duquel l’économie passe d’un mode «demand-following» à celui de «supply-leading». Ce seuil varie selon les contextes économiques entre 80% et 135% du PIB. L’étude du FMI qui avait porté sur 128 pays, dont le Maroc, sur la période 1980-2013, avait situé le développement du secteur financier du Royaume à une phase intermédiaire entre les deux modes. Une situation qui indiquerait qu’il serait globalement en avance par rapport au niveau du développement économique du pays. Le secteur financier reste cependant caractérisé par la prédominance du système bancaire, alors que les marchés des capitaux et de la dette privée demeurent étroits. À fin 2020, les actifs des banques représentaient l’équivalent de 137,5% du PIB et les crédits accordés au secteur non financier 70,9% du PIB, niveau au-dessus de la moyenne des pays à revenu intermédiaire tranche inférieure ou encore de la région MENA (Moyen-Orient/Afrique du Nord).

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