Vous le connaissez grâce à son film «Kirikou et la sorcière» ou encore «Azur et Asmar», le réalisateur français Michel Ocelot a marqué le cinéma d'animation en France. Après «Kirikou», de nombreux talents et films français ont vu le jour. Selon le réalisateur, ce film sorti en 1998 représente un nouveau début pour le cinéma d’animation français, mais aussi une grande lancée pour sa carrière artistique. «C’était la première fois qu’un long métrage d’animation tourné en France ait un si grand succès avec 1,5 million d’entrées».
Premier invité du Festival international de cinéma d’animation (Ficam) en 2002, Michel Ocelot revient à Meknès, «malgré les complications de voyage liées à la Covid-19», pour célébrer les 20 ans d’un événement cher à son cœur. «Le Ficam est d’une grande générosité qui ne s’arrête pas à l’Institut français de Meknès, mais montre les films ailleurs. Son directeur artistique, Mohamed Beyoud, fait du très bon travail et attire les gens ici par humanité. L’évolution du Ficam ne me surprend pas. Cet événement a toujours été ainsi», nous confie Michel Ocelot.
La transmission, une grande valeur pour Michel OcelotLe réalisateur est au Ficam pour partager en exclusivité avec le public marocain des images de son prochain film «Le pharaon, le Sauvage et la Princesse» qui sortira en France en octobre 2022. «C’est du nouveau, je n’ai jamais présenté ces images avant». Ce partage généreux de l’artiste français a créé l’événement au sein du Ficam. Les étudiants et fans étaient nombreux à venir rencontrer celui qui a créé un nouveau début dans le cinéma d’animation français. En dehors des ateliers inscrits dans le programme officiel du festival, il est toujours entouré par des étudiants et professionnels marocains. Tout le monde veut bénéficier de ses savoir-faire. Avec une grande humilité, le réalisateur français n’hésite pas à partager ses connaissances. «Tout à l’heure, je vais apprendre à des étudiants comment maltraiter un conte traditionnel (rires). Il ne faut pas trop respecter les contes. On peut les réécrire à notre manière», précise-t-il. «Faire un atelier avec Miche Ocelot c’est gagner plusieurs années d’apprentissage. C’est une immense opportunité», nous confie Ali Rguigue, directeur général du studio marocain Artcoustic. L’expérience de Michel Ocelot est tellement inestimable que le Musée du Louvre lui a consacré récemment une rétrospective : «Les mondes animés de Michel Ocelot». Cette rétrospective fait écho à la nouvelle exposition «Pharaon des Deux Terres. L’épopée africaine des Rois de Napata», présentée jusqu’au 25 juillet au musée. Elle célèbre également la coproduction avec le Louvre du conte «Pharaon !», un court métrage thématique, qui s’intégrera au nouveau film de Michel Ocelot : «Le Pharaon, le Sauvage et la Princesse».Un travail universelLe travail du père des personnages de «Kirikou», «Azur et Asmar» ou encore «Dilili» est universel. On y touche une volonté de transmission pour les grands et les petits. «L’animation fascine les enfants et nous permet de leur dire beaucoup de choses plus ce qu’une vie réelle». À travers ses films, Michel Ocelot apaise les esprits. «Mes films ont fait beaucoup de bien à ceux qui ont des problèmes d’autisme. Plusieurs enfants ont retrouvé la parole en les regardant. De jeunes personnes qui, pendant trois ans, ne bougeaient pas ou souffraient de crises de colère se sont mises à bouger en imitant “kirikou”. Une jeune fille qui ne bougeait pas, ne parlait pas et faisait des crises d’épilepsie se calmait en regardant “Princes et Princesses”. Au bout d’un an, elle a dit “la princesse c’est moi”».Les films de ce réalisateur français transmettent des histoires universelles. Son enfance «équilibrée» entre l’Afrique et la Côte d’Azur lui a permis d’avoir un regard artistique au-delà de son appartenance et de sa nationalité. Michel Ocelot raconte à sa façon des histoires humaines «tout en étant honnête et en respectant les autres cultures».*************
Synopsis du film «Le Pharaon, le Sauvage et la princesse»
3 contes, 3 époques, 3 univers : une épopée de l'Égypte antique, une légende médiévale de l'Auvergne, une fantaisie du XVIIIe siècle dans des costumes ottomans et des palais turcs, pour être emporté par des rêves contrastés, peuplés de dieux splendides, de tyrans révoltants, de justiciers réjouissants, d'amoureux astucieux, de princes et de princesses n'en faisant qu'à leur tête- dans une explosion de couleur.
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Un parcours atypique
Michel Ocelot écrit ses propres histoires, dessine lui-même les personnages de ses films et crée leur univers graphique, mais son parcours n’était pas du tout facile au début. Parmi ses courts métrages, il réalise notamment «Les Trois Inventeurs» (Bafta 1980 du meilleur film d’animation, Londres), puis «La Légende du Pauvre Bossu». La carrière de cet artiste autodidacte change en 1998 quand le grand public découvre son premier long métrage «Kirikou et la Sorcière». Un grand succès qui sera suivi de «Princes et Princesses», d'anciens contes en silhouette et «Kirikou et les Bêtes sauvages», co-réalisé avec Bénédicte Galup, et «Azur & Asmar» (2007). Son long métrage «Les Contes de la Nuit», sorti en juillet 2011 est le seul long métrage français sélectionné en compétition à la 61e édition du Festival international du film de Berlin. En 2012, «Kirikou» revient avec «Kirikou» et les Hommes et les Femmes". Son long métrage «Dilili à Paris» remporte le César 2019 du meilleur film d'animation. Actuellement, il travaille sur le film «Le Pharaon, le Sauvage et la Princesse» pour une sortie programmée le 19 octobre prochain. Néanmoins malgré ce succès, Michel Ocelot a affirmé lors d’une conférence de presse au Ficam 2022 qu’il a de plus en plus du mal à trouver du financement pour ses projets.