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La CGEM réclame une activation urgente du Fonds Mohammed VI pour l'investissement

Pour sa première rencontre avec le patronat, le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, n’est pas venu avec de belles annonces, comme attendu et espéré vivement par la communauté des affaires. Le Chef de l’Exécutif, qui a promis, au passage, des réunions de travail dans le futur, a voulu surtout décrocher l’engagement des entreprises à exiger de leurs personnels une troisième dose du vaccin anti-Covid-19. La CGEM a dit oui, mais a tout de même profité de l’occasion pour exposer ses inquiétudes quant à une véritable relance économique.

La CGEM réclame une activation urgente du Fonds Mohammed VI pour l'investissement

Le patronat est resté sur sa faim à l’issue de sa première rencontre avec le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, le 2 février à Casablanca. Contre toute attente, le Chef de l’Exécutif est venu avec un seul et unique message à la CGEM : la nécessité impérieuse pour les entreprises d’exiger de leurs effectifs la troisième dose du vaccin anti-Covid-19. Sans cette troisième piqûre de rappel, Akhannouch estime difficile de s’engager dans une relance économique. La CGEM, par le truchement de son président Chakib Alj, a répondu favorablement à la requête du Chef du gouvernement, mais a tout de même profité de cette occasion pour partager ses inquiétudes face aux multiples incertitudes qui planent sur l’économie. «Nous sommes bien conscients que nous pouvons lancer toutes les actions économiques que nous voulons, mais sans le respect des mesures sanitaires et sans une vaccination du plus grand nombre de citoyens, une relance effective ne peut être au rendez-vous», souligne le patron des patrons.

Encore une fois, Chakib Alj a tiré la sonnette d’alarme par rapport à deux problématiques qui pèsent lourd sur les finances des entreprises et menacent leur survie : le surendettement et l’insolvabilité. «Nous savons que vous travaillez en ce moment sur la concrétisation du Fonds Mohammed VI pour l’investissement. Un Fonds très attendu par la communauté des affaires puisqu’il s’agit de la solution adéquate à ces deux problématiques liées au surendettement et à l’insolvabilité», rappelle le président de la CGEM. Selon lui, ces problématiques, qui touchent un grand nombre d’opérateurs économiques, existent depuis déjà des lustres. La crise n’a fait que les accentuer. Pour gérer leur trésorerie pendant la pandémie, plusieurs milliers d’entreprises, notamment les TPME, ont fait appel à la dette, en attendant une reprise d’activité qui n’a pas été au rendez-vous. «Ces entreprises se trouvent actuellement en situation de défaillance et ont grandement besoin de soutien», martèle Alj. Son vice-président général, Mehdi Tazi, lui, met en lumière deux grandes inquiétudes pour cette année 2022. La première est liée à la forte tension inflationniste qui touche l’ensemble des pays à travers le monde notamment les États-Unis (7%) et la Zone euro (5%). «Au Maroc, l’inflation a été contenue à 1,8%, car l’État a joué le rôle d’amortisseur en poursuivant la subvention du gaz butane, le sucre et la farine.

Les entreprises industrielles ont, elles aussi, joué un rôle d’absorption. Par exemple, les fabricants d’aliments de bétail ou encore de certains produits agroalimentaires n’ont pas répercuté les hausses des cours de certains intrants sur les prix au consommateur», explique Tazi. Le vice-président des patrons a, quand même, souligné au Chef du gouvernement que si cette tension inflationniste, due plutôt à des facteurs exogènes, se poursuit dans le long terme, elle représentera un risque indéniable aussi bien pour le Budget de l’État que pour les entreprises. La deuxième inquiétude exposée par Tazi est liée au problème de la trésorerie des entreprises. Bon nombre d’entre elles se trouvent à court de liquidités.

Car, explique-t-il, seulement 70.000 structures ont pu profiter de Damane Oxygène. Tazi affirme, par ailleurs, que la CGEM est prête à s’engager aux côtés de l’Exécutif pour l’opérationnalisation d’urgence de 4 chantiers majeurs. D’abord, une diversification des mécanismes de financement via le déploiement du Fonds Mohammed VI de l’investissement. Ensuite, s’attaquer à la problématique du foncier industriel en créant un ensemble de parcs industriels régionaux en partenariat public-privé, à prix coûtant et à but non lucratif par la CGEM, en cassant les mécanismes de spéculation sur le foncier industriel. Puis, concernant l’énergie, la CGEM estime qu’il va falloir rapidement arriver à l’objectif du 0,5 DH/kW, par l’intégration de la moyenne tension dans le périmètre libéralisé et en libérant le plein potentiel de la production décentralisée par les entreprises. Enfin, la formation où le patron entend contribuer à consacrer le Maroc en tant que nation digitale en atteignant l’objectif de former 50.000 talents par an aux métiers du numérique.

Tourisme : un manque à gagner de 180 milliards de DH

Hamid Bentaher, président de la Confédération nationale du tourisme (CNT), qui était de la partie, a bien voulu profiter de la présence du Chef du gouvernement pour lancer un appel pour demander que «ce soit la dernière fois qu’on ferme les frontières !» Selon lui, la crise a mis en lumière le poids réel du secteur touristique. «Nous traversons depuis 22 mois, la crise la plus longue, la plus grave que nous n’avons jamais vécue. À ce jour, 80% des entreprises touristiques sont à l’arrêt. Elles ont besoin de notre solidarité. Le manque à gagner pour notre industrie est estimé à 180 milliards de DH», déplore Bentaher. Ces chiffres sont lourds de conséquences. Car, poursuit-il, derrière ces chiffres, il y a des agents de voyage, des transporteurs touristiques, des guides, etc., qui se sont retrouvés dans la précarité. Pis, dans certaines régions à vocation touristique, c’est toute l’activité économique qui est mise à l’arrêt. «C’est pour cela que nous devons tous nous mobiliser pour que ce soit la dernière fois qu’on ferme les frontières», réitère le patron de la CNT qui regrette, au passage, que le plan d’urgence de 2 milliards de DH accordés dernièrement au secteur ne soit pas élargi à l’ensemble de l’écosystème touristique.

Secteur bancaire : un taux d’emploi dépôts-crédits historique en 2021

Mohamed Kettani, en sa qualité de vice-président du Groupement professionnel des banques marocaines (GPBM), a rappelé au Chef du gouvernement la disposition de l’écosystème bancaire à poursuivre sa mobilisation pour soutenir l’activité économique et en traitant les problématiques des secteurs sinistrés. Kettani a révélé qu’à fin décembre 2021, le secteur a dépassé les 1.000 milliards de DH aussi bien au niveau des dépôts et des crédits. «Nous sommes à un taux d’emploi dépôts-crédits de 100% c’est-à-dire que chaque centime collecté auprès de la clientèle est placé en crédit à l’économie. Nous avons enregistré en dépit des difficultés une croissance des crédits à l’économie de 3% et plus 6% au niveau de la collecte des dépôts avec un élan de solidarité exceptionnel de la diaspora marocaine puisque ses transferts ont dépassé les 90 milliards de DH», indique le vice-président du GPBM en s’adressant à Akhannouch. De même, le GPBM affirme avoir renoncé à travers les moratoires à encaisser 123 milliards de DH (11% du PIB), puisqu’il a accordé 515.000 crédits qui ont bénéficié de moratoires. À cela s’ajoute, entre les programmes Damane Oxygène, Intelaka, relance, 113.400 entreprises qui auront bénéficié de l’équivalent de 63 milliards de DH injectés en l’espace de 18 mois. Soit 6% du PIB. En additionnant ces deux chiffres, la facture s’élève à 17% du PIB. «Nous demeurons vraiment derrière les entreprises. Toutes les structures en difficulté peuvent négocier avec leurs banques. Le secteur reste ouvert pour l’ensemble de la clientèle pour un reprofilage de la dette», rappelle Kettani qui promet de renoncer aux actions de recouvrement dans le tourisme.

CMR : les actifs cotisants en progression de 1,6% en 2021

Khalid Cheddadi, président de la Caisse interprofessionnelle marocaine de retraite (CIMR), a préféré, lui, livrer au Chef de l’Exécutif des annonces positives. «Nous avons constaté en 2021 une augmentation des effectifs dans les entreprises de 0,53%, certes modeste, mais supérieure à celle de 2020 où elle était de 0,26%. Cette augmentation est plus sensible dans les grandes entreprises (2%) que dans les PME et TPE où nous avons relevé une baisse de 1,5%», annonce Cheddadi. De même, ajoute-t-il, «nous avons enregistré une progression des actifs cotisants au régime de la CIMR (1,6%), conséquence des recrutements opérés par les entreprises adhérentes à la CIMR. Cela veut dire que même dans cette crise, il y a des entreprises qui sont financièrement suffisamment fortes et d’autres qui pensent à l’intérêt de leurs salariés».

Secteur cimentier : une surcapacité qui menace le secteur

En prenant sa casquette de président de l’Association professionnelle des cimentiers, Cheddadi a souligné que, sous le signe de la reprise, les volumes de ciments écoulés en 2021 sont en progression de 14% par rapport à 2020, année où les ventes avaient chuté de 10%. Mais, alerte-t-il, le secteur cimentier est soumis à deux grandes menaces. La première est liée à la surcapacité qui est de l’ordre de 100% par rapport à la taille du marché. «Il est assez curieux de constater que des investissements se poursuivent dans ce secteur en surcapacité alors que notre économie a besoin de capitaux à mobiliser dans d’autres secteurs», regrette-t-il. La deuxième menace, selon Cheddadi, est l’importation de clinker. «Nous constatons ces dernières années une prolifération des stations de broyage. Ces plateformes ont la possibilité d’importer du clinker, un produit intermédiaire entre le ciment et la roche de calcaire laquelle est disponible en grande quantité au Maroc». Problème : le clinker représente 80% de la valeur ajoutée du secteur cimentier. «Importer du clinker, c’est exporter 80% de la valeur ajoutée du secteur. C’est aussi épuiser les réserves en devises du pays et affaiblir l’outil industriel marocain», s’alarme Cheddadi.

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