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Rentrée scolaire : retard d’approvisionnement en manuels et flambée des prix des cahiers

Approvisionnement long en manuels scolaires, hause des prix des cahiers, concurrence des écoles privés… Comme pour les parents, cette rentrée scolaire s’annonce mouvementée pour les libraires. En pleine préparation de la haute saison, les librairies alertent sur une insuffisance de l’offre et une augmentation drastique des prix des fournitures scolaires.

Rentrée scolaire : retard d’approvisionnement en manuels et flambée des prix des cahiers

Plus de la moitié des manuels scolaires destinés aux établissements d’enseignement public ne sont pas encore disponibles sur le marché marocain, alerte Hassan El Kamoun, vice-président de l’association des librairies indépendantes au Maroc. Cette situation s’explique, selon lui, par le retard accusé par les imprimeurs et les éditeurs de ces manuels mais également par les difficultés qu’ils ont à s’approvisionner en papier dont le prix est monté en flèche à l’échelle mondiale, passant de 8.000 DH le tonne à 18.000 DH le tonne. Le vice-président de l’ALI prévient, dans ce sens, que certains livres destinés aux lycéens sont tout simplement absents des rayons des librairies. « Certains livres ne sont pas encore disponibles dans les librairies en particulier ceux destinés aux lycéens, parce que le ministère n’a pas subventionné cette catégorie. Cela a eu un impact sur les revenus des libraires, qui ne vont pas, pour la majorité, s’aventurer à s’en procurer », indique notre interlocuteur.  

Pour ce qui est des autres manuels, M. El Kamoun rappelle que le retard accusé par les imprimeurs va certainement impacter la production nationale et par ricochet les ventes. « La décision du gouvernement de soutenir les éditeurs a été très tardive. Les éditeurs ont pourtant demandé une augmentation des prix depuis le mois de février, et le ministère n’a répondu qu’à la mi-août. La rentrée se prépare dès le mois de janvier pour les éditeurs, dès le mois de mai pour les distributeurs et dès le mois de juillet pour passer les commandes et recevoir la marchandise en quantités suffisantes », a expliqué le vice-président de l’association des librairies indépendantes au Maroc. Ainsi, et en raison de ce retard et le manque de visibilité, beaucoup d’éditeurs n’ont pas pu imprimer leurs commandes ou sont toujours en train d’y travailler à quelques jours de la rentrée scolaire, poursuit-il.  

En ce qui concerne les livres programmés pour les établissements d’enseignement privé, produits au Maroc ou importés, notre interlocuteur affirme que leur approvisionnement est quasi-normal. « Il n’y a pas un grand manque à ce niveau. Près de 80 % de ces programmes scolaires sont déjà livrés », explique-t-il.  

La concurrence des écoles privées, l’autre souci des librairies  

Certains établissements du secteur privé ont pris le rôle des librairies et procèdent à la vente des manuels scolaires et même des fournitures. Cette pratique est pourtant interdite par la loi, indique M. El Kamoun en rappelant que l’année dernière, le parlement avait validé la loi qui interdit clairement aux établissements privés de vendre les livres dans leurs enceintes. Leur mission c’est l’éducation et non le commerce, commente notre interlocuteur.  

Un autre point noir dans le secteur privé est celui des changements de manuels. Il existe une forte concurrence entre les sociétés que ce soit importatrices ou nationales pour programmer leurs livres, a déploré M. El Kamoun. Cela engendre des pratiques « illégales » par certaines écoles, déplore notre interlocuteur qui appelle à promulguer une loi qui encadre la chaîne du livre, de la production jusqu’à la vente.  

Le cahier, une hausse inédite  

Pour ce qui est des cahiers, Hassan El Kamoun confirme à « Le Matin » que ceux-ci ont subi une augmentation de 85%. « Elle concerne aussi bien les cahiers de 96 pages que ceux de 192 pages », souligne-t-il, tout en indiquant que cette augmentation « est due à la pénurie du cahier sur le marché et à la mentalité anti-nationaliste des industriels marocains », regrette-t-il. Et de noter que les prix des fournitures scolaires ont fortement augmenté depuis le mois de mai. Le cahier de 50 feuilles par exemple coûtait au début de juillet 2,90 DH et le cahier de 100 feuilles coutait 5,30 DH, ces prix ont presque doublé. EL Kamoun a expliqué cette augmentation par le monopole exercé par les industriels locaux. « Il y deux ans, le ministère de l’Industrie avait décidé d’augmenter les droits de douane sur les cahiers importés. Cette décision a été favorable aux industriels du Maroc qui sont au nombre de trois et qui n’arrivent pas à couvrir les besoins », a-t-il souligné. Importer des cahiers devient donc obligatoire pour couvrir la demande, mais les prix sont élevés. A ce sujet, El Kamoun a évoqué le problème du retard de la livraison. « Nous avons passé une commande il y a presque 25 jours que nous ne avons pas encore reçue. Cela nous pose un réel problème pour couvrir les demandes des clients », a-t-il signalé.  

Des hausses des prix qui inquiètent les parents d’élèves  

Contacté par Le Matin, Noureddine Akkouri, président de la Fédération nationale des associations de parents d'élèves du Maroc (FNAPEM) a affirmé que les fournitures scolaires ont subi une forte augmentation cette année. Cette situation nécessite, selon lui, de restaurer un contrôle sur certaines librairies qui profitent de cette conjoncture pour « pratiquer les prix qu’ils veulent ». Ce contrôle doit être pratiqué également au niveau des écoles qui demandent aux élèves d’acheter des livres qui ne rentrent pas dans leurs programmes scolaires. « Le conseil de la concurrence et le ministère de l’Education nationale doivent contrôler les prix pratiqués par certaines librairies et assurer sur le marché des fournitures scolaires à des prix raisonnables », a noté Akkouri.  

Pour les parents d’élèves, la décision de soutenir les prix des livres reste louable, mais il ne faut pas oublier les fournitures scolaires qui constituent plus de 60% du cartable scolaire. Pour éviter ces problèmes, le président de la FNAPEM recommande de remplacer certains cours classiques par ceux numériques pour assurer un accès à tous les élèves et ne pas les obliger à acheter des livres à des prix élevés, ainsi que de décentraliser la production nationale et favoriser la production dans les différentes régions du Royaume.

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