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Les répercussions économiques de la guerre en Ukraine pour l'Afrique et le Maroc, selon le PCNS

La guerre russo-ukrainienne aura sans doute des répercussions économiques et politiques dans les années à venir. Pour le Maroc, l'impact de ce conflit est certain. D'abord, par rapport aux ses importations de pétrole, de gaz et de charbon qui représentent près de 6,4 % du PIB, mais également les importations des céréales. "L’effet combiné de la hausse des cours du pétrole et des céréales, s’il se maintient, pourrait coûter au Maroc entre 1 et 2 % du revenu national cette année", indique Policy Center for the New South (PCNS) dans sa note consacrée aux conséquences économiques de la guerre pour les 54 pays africains, avec une attention particulière accordée au Maroc.

Les principaux effets de la guerre russo-ukrainienne se manifestent déjà dans la volatilité des marchés financiers et des produits de base et ils seront visibles dans les semaines et les mois à venir dans les agrégats relatifs à l’inflation et compliqueront les calculs des banques centrales déjà déterminées à resserrer leur politique monétaire, souligne le PCNS dans une note intitulée "Les répercussions économiques de la guerre en Ukraine pour l'Afrique et le Maroc".

Les effets de la guerre au niveau sectoriel sur l’Afrique, qui sont négatifs pour la plupart des pays, seront probablement amplifiés par l’effet de la détérioration des conditions macroéconomiques. En effet, la hausse des cours du pétrole et des taux directeurs à l’échelle internationale pour lutter contre l’inflation, le creusement des écarts sur les actifs à risque en raison de la persistance de l’incertitude, et le ralentissement de l’économie européenne, se répercuteront éventuellement sur le continent.

Par ailleurs, les effets de cette guerre sur les importateurs d’énergie africains, qui ont également tendance à être des importateurs de produits alimentaires, sont fortement négatifs, explique la même source. Dans ce sens, le Maroc est la plus grande économie africaine la plus susceptible de subir un choc négatif important du fait de la guerre, car ses importations de pétrole, de gaz et de charbon représentaient 6,4 % du PIB en 2019, soit environ le double de celles de l’Égypte et de l’Afrique du Sud, qui réalisent également d’importantes exportations d’énergie.

Le Maroc est également un gros importateur de céréales. Le coût des céréales importées en tant que part du PIB s’élevait à 1,4 % en 2019, mais en raison d’une mauvaise récolte attendue en 2022, les importations pourraient être deux fois plus importantes, soit trois fois plus importantes que celles de 2021. Cela signifie que l’effet combiné de la hausse des cours du pétrole et des céréales, s’il se maintient, pourrait coûter au Maroc entre 1 et 2 % du revenu national cette année. Au-delà de l’impact sur la balance extérieure du Maroc, la flambée des cours du pétrole et des denrées alimentaires aggravera le déficit budgétaire déjà élevé, estimé à 6,5 % du PIB cette année, dans la mesure où le gaz butane est subventionné.

La hausse des prix intensifiera également les pressions inflationnistes, comme dans le cas de l’essence et des autres carburants dont les prix sont libéralisés. Avec les syndicats qui font pression sur les autorités pour qu’elles ajustent les salaires afin de compenser la hausse des prix, l’inflation semble destinée à être encore plus élevée, relève la note.

Le document note également que la plupart des importateurs d’énergie africains sont des économies pauvres et peu industrialisées, avec des secteurs agricoles importants. Ils ne sont pas relativement aussi dépendants des importations d’énergie et de céréales que le Maroc, mais ils ont moins de marge de manœuvre budgétaire pour réagir. De plus, une proportion plus importante de leur population est proche des seuils de pauvreté et plus exposée aux chocs des prix alimentaires que ce n’est le cas au Maroc.

En outre, le rapport fait observer que l’Afrique pourrait voir se présenter de nouvelles opportunités d’exportation vers l’Europe (son marché le plus important) et la Russie, avec une réorientation des exportations européennes vers la Russie et des exportations russes vers l’Europe. Parmi les secteurs qui pourraient être ainsi affectés figurent les fruits et légumes et le poisson en Russie, et les engrais en Europe.

En effet, les exportations marocaines d’engrais, par exemple, qui représentent 4,5% du PIB en 2019, concurrencent celles de la Russie sur les marchés européens, alors que les exportations marocaines de fruits et légumes et de poisson, qui représentent 2,6% du PIB du Maroc, concurrencent les exportations européennes en Russie. Un autre exemple est celui de l’Afrique du Sud, dont les exportations de fruits et légumes représentent 1,1 % du PIB. 

La note rappelle également que les pays africains qui ont accès aux marchés internationaux pourraient voir leurs coûts d’emprunt augmenter de 1 ou 2 %. Cela ne devrait pas poser de problème aux pays ayant une faible dette extérieure et des déficits courants gérables, dont le Maroc. Cela étant, de nombreux pays d’Afrique, en particulier ceux qui sont tributaires des financements publics, ont atteint des niveaux élevés de dette extérieure dans le sillage de la pandémie et sont désormais particulièrement exposés.  

Pour consulter l'intégralité de la note, cliquez sur télécharger.

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