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La reprise du dialogue social se fait attendre, les syndicats s’impatientent

Les 100 premiers jours du gouvernement Akhannouch ont été franchis. Durant cette période à valeur symbolique, le dialogue social n'a pas été à l’ordre du jour. Si le gouvernement, qui met en avant le principe de «l'État social», a émis quelques signaux positifs en direction du patronat, il se mure dans le silence à l'égard des syndicats, particulièrement impatients face à une myriade de problèmes sociaux qui touchent beaucoup de secteurs.

La reprise du dialogue social se fait attendre, les syndicats s’impatientent

À bon État social, un bon dialogue social. Cette relation coule de source, surtout si l'accent est mis sur la promotion des aspects sociaux de l'État. Mais à ce jour, pas même une réunion préliminaire pour fixer le calendrier des sessions de dialogue social, les dossiers prioritaires et les axes de travail n'a été programmée. Une réunion devant se tenir à l'invitation du gouvernement bien entendu. «Pour l'instant, le gouvernement donne l'impression de privilégier le dialogue avec le patronat. Il a pris l'initiative d’aller rencontrer ses représentants lors des discussions portant sur le projet de loi de Finances 2022 et a satisfait bon nombre de leurs demandes.

Quant aux syndicats, ils sont pour l'instant mis à l'écart», indique au «Matin» Khalid Houir Alami, secrétaire général adjoint de la Confédération démocratique du travail (CDT).«Le contexte social est fortement marqué par les séquelles de la pandémie touchant plusieurs secteurs et travailleurs qui ont perdu leur emploi. À cela s'ajoute la hausse des prix de certains produits de base et la détérioration du pouvoir d'achat des citoyens», souligne le syndicaliste qui affirme que ces dossiers en lien avec la crise de la Covid se sont greffés à d'autres dossiers en suspens depuis pas mal de temps, comme celui de la raffinerie SAMIR, dont les employés se préparent à organiser des manifestations la semaine prochaine.

De l'avis de M. Houir Alami, le gouvernement a échoué à son premier examen lors des discussions sur la loi de Finances 2022 en se rapprochant des positions du patronat sur plusieurs points d'ordre fiscal et en ignorant les propositions de syndicats comme la CDT visant à repenser l'impôt sur le revenu au profit des travailleurs. «Nous avons appelé le nouveau gouvernement à insuffler un nouveau souffle au dialogue social et à rompre avec les pratiques des anciens chefs de gouvernement (Benkirane et El Otmani) avec lesquels le dialogue social était fonction des humeurs», fait savoir M. Houir Alami. Et de souligner que le plus important avec ce nouveau gouvernement est de parvenir à l'institutionnalisation du dialogue social. «La campagne électorale est maintenant terminée et les promesses balancées à tout va se heurtent désormais aux réalités.

Ce projet d'État social ne peut être mené à bien tant que les partenaires sociaux sont marginalisés, comme c'est le cas pour la généralisation de la protection sociale, où le gouvernement fait cavalier seul sans concertation avec les syndicats», dit le secrétaire général adjoint de la CDT. Le syndicaliste se plaint également d'une régression des libertés syndicales, au vu de la multiplication récemment des cas de révocation de représentants syndicaux dans certaines entreprises, alors que les commissions provinciales ou préfectorales d'enquête et de conciliation ne se réunissent plus. Et certains services relevant des autorités locales s'abstiennent même de délivrer des reçus de dépôt de constitution ou de renouvellement de bureaux syndicaux, ajoute-t-il. Et d’annoncer que la CDT, devant la persistance de cette absence de dialogue social, la remise en cause des libertés syndicales et la persistance de la flambée des prix des denrées de base, saura se mobiliser pour faire front à pareille situation.

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L’UGTM appelle à institutionnaliser le dialogue social

L'Union générale des travailleurs du Maroc a réitéré l'appel lancé à tous les partenaires sociaux pour ouvrir le dialogue social avec les centrales syndicales les plus représentatives ainsi que pour donner un nouveau souffle à ce dialogue et l'institutionnaliser. Dans un communiqué publié à l'issue de son conseil général du 5 janvier dernier, la Centrale (branche syndicale du Parti de l'Istiqlal, membre de la coalition gouvernementale) a exhorté le gouvernement à interagir favorablement avec les revendications syndicales et à respecter les engagements contenus dans la déclaration gouvernementale. L'UGTM appelle également le gouvernement à agit vite en vue de trouver des solutions équitables aux travailleurs des secteurs affectés par la pandémie de la Covid, notamment les secteurs impactés par les périodes de confinement, la fermeture des frontières et les restrictions des déplacements.

De même, la Centrale appelle à accélérer la mise en œuvre des dispositions de tous les accords précédents, avec en tête les mesures prévues par l'accord du 25 avril 2019 et celles restant à appliquer au titre de l'accord du 26 avril 2011, tout en dynamisant les dialogues sectoriels et en consolidant les libertés syndicales dans le secteur privé. Le président du groupe UGTM à la Chambre des conseillers, Abdellatif Moustaqim, avait fait part, lors des discussions générales du PLF 2022, de la demande de son syndicat d'institutionnaliser le dialogue social et de l’encadrer par une loi. Une démarche qui vise à ériger ce dialogue en une institution productive en mesure de rassurer les trois parties (gouvernement, patronat et syndicats) et de garantir la paix sociale, avait-t-il affirmé.
 

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