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Depuis plus de quatre semaines, les agriculteurs scrutent l’horizon, dans une attente fébrile, rongés par l’inquiétude. Alors que les pluies ne sont toujours pas au rendez-vous, l’espoir de sauver une campagne agricole qui s'annonçait déjà très moyenne s’amenuise de jour en jour. La très faible pluviométrie, voire son absence dans plusieurs régions durant le mois d'octobre, a fait que l’emblavement des terres a accusé beaucoup de retard. Certes, les précipitations enregistrées durant le mois de décembre dernier avaient encouragé les agriculteurs à prendre le chemin des champs, mais la sécheresse du mois de janvier les a fait vite déchanter. Le doute et l'incertitude quant à l’aboutissement de la campagne agricole s’installent petit à petit. Mais peut-on dire que la saison actuelle est compromise ?
Abdelmoumen Guennouni, ingénieur agronome, ne fait pas dans la dentelle. Pour ce professionnel, la saison agricole est déjà condamnée, même avec l'arrivée des pluies. «La situation est compliquée, voire catastrophique. On est en train de vivre un scénario similaire à celui des années 1980. Les céréaliculteurs du Maroc se préparent encore à une mauvaise récolte, tout comme l'avant dernière saison agricole (2019). Si on met à part la campagne agricole très moyenne enregistrée l'année dernière, nous pouvons dire que le Maroc revit les scénario de sécheresse de ces dernières décennies», déplore-t-il.
Et bien qu’il soit encore tôt pour prédire à quel point les récoltes seront affectées, on peut déjà être assuré que la production connaîtra fatalement une baisse importante par rapport à l’année précédente. Et s’il n’y a pas de pluies bientôt, le pays sera obligé de se tourner vers l’ importation de céréales. «On espérait que le nord du pays serait plus épargné, vu que cette région connaît la plus forte concentration des précipitations, mais ce n'est pas le cas cette année. Les professionnels de cette région que nous avons contactés ont affirmé que les cultures bours comme les céréales et une grande partie des légumineuses sont déjà affectées par la sécheresse. À cela s'ajoutent les fourrages et les parcours destinés au pâturage du bétail qui sont également touchés. Ces cultures sont affectées non seulement par la sécheresse, mais également par le changement de climat et l'alternance entre le froid la nuit et une forte chaleur accompagnée de vent d'est le jour», explique le même expert.
Selon M. Guennouni, cette situation a conduit de nombreux agriculteurs à ne pas investir dans l'élevage de bétail, en l'absence de parcours de pâturage, sachant que le recours à l'alimentation complémentaire coûte très cher, vu la flambée des prix des matières premières sur le plan international. «Certains éleveurs se mettent déjà à vendre leur cheptel pour ne pas essuyer des pertes plus lourdes et, sauf miracle, la saison agricole est presque condamné», regrette notre interlocuteur.
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Les barrages en détresse
Le taux de remplissage moyen est estimé à seulement 34,1% au niveau national à la fin du mois de décembre, contre un taux de 36,8% il y a un an, et 44% voici deux ans. Dans le sud du Royaume, plusieurs barrages importants sont dans une situation critique. Selon les données de la Direction générale de l'eau, relevant du ministère de l'Équipement, les retenues des principaux barrages nationaux au cours de la même période se sont limités à 5,49 milliards de mètres cubes sur une capacité totale de 16,1 milliards de mètres cubes.
