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Cette native de la région du Rif est entrée dans l’univers des arts plastiques malgré le refus de son père. Puis, elle est passée par plusieurs étapes avant de devenir ce qu’elle est actuellement. Au début de sa carrière, avant de s’installer en France, ses thématiques étaient toutes inspirées de son environnement et de sa culture. Mais, comme elle le précise, sa résidence en France a changé son regard et ses sources d’inspiration sont devenues autres. «En France, j’ai bousculé ma façon de penser. Certes, la rencontre avec des peintres importants a marqué ma façon de peindre, de créer, de livrer des secrets au plus profond de mon intimité… La société et, tout particulièrement, la condition de la femme sont devenues mon leitmotiv». D’où cette nouvelle expérience qu’elle a entièrement consacrée à la femme à travers l’intitulé «Rêves de femmes»
Cette création, selon le psychologue et écrivain Rahim Faiq, s’inspire des changements et des bouleversements qui se sont opérés dans la vie de l’artiste en lien avec le désir d’émancipation des femmes marocaines du monde. «Les sujets abordés expriment la réalité vécue au quotidien par les femmes depuis ledit “Printemps arabe”. Son travail artistique pose et observe sa propre vie et celles des femmes qui revendiquent le droit d’exister en tant qu’être humain». Cette décision de placer la femme au cœur de son travail est la conséquence d’un vécu où l’artiste Asmae El Ouariachi a pris conscience des conditions de vie des femmes et des inégalités sociales. «Le retour sur des images de mon enfance, vécue au couffin d’une famille de paysans rifains, dans une ferme où la solitude meublait mon quotidien, m’a amenée à me poser sans cesse une question primordiale : pourquoi la femme ne peut-elle pas être considérée à sa juste valeur ? Mon travail essaie de démontrer que la femme a évolué dans tous les domaines. Je crois beaucoup à une prise de conscience généralisée et un changement des mentalités dans les décennies à venir».
Ce sont ces propos qu’elle essaye de transmettre à travers sa riche palette d’une artiste engagée pour l’épanouissement de la femme, afin qu’elle soit l’égale de l’homme et qu'elle puisse prendre les mêmes responsabilités que lui. Comme l’explique Rahim Faiq, le corps reste pour Asmae le symbole de cette égalité recherchée basée sur la vision d’autrui. Il définit l’exposition en trois axes : le premier inspiré des femmes de l’Oriental, portant le haïk orné de bijoux berbères, source de son enfance rifaine. Le second représente une création expérimentale, s’inspirant des corps féminins rappelant la femme oujdie au haïk. Puis le troisième qui met en relief ses réalisations où elle déclenche le désir de bousculer les traditions en empruntant le chemin de la liberté d’expression, poursuivant son œuvre et son combat de femme et artiste. «On devine une certaine intimité, un regard perdu vers l’infini laissant apparaître la courbe d’un dos nu, signe d’une expression sous parole… Dans cette série composée de douze toiles, les “Rêves de femmes” creusent l’idée de la construction d’un nouveau type de société… On comprend parfaitement le passage chez Asmae de l’imaginaire au réel. Le message de l’artiste n’est jamais explicite, sa création plastique bannit la lecture simpliste et la passivité du spectateur. Au contraire, elle met en valeur la réflexion et l’effort que doit fournir celui-ci afin d’aboutir à une prise de conscience…», conclut Rahim Faiq.
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Biographie
Native du Rif, à Bni Sidal au nord-est du Maroc, Asmae El Ouariachi est une artiste-plasticienne et professeure d’arts plastiques. À l’âge de trois ans, elle s’installe avec sa famille à Oujda. Après le secondaire, Asmae poursuit ses études en «Arts plastiques». Elle obtient, en 1990, son diplôme d’enseignant d’arts plastiques au Centre pédagogique régional (CPR) de Tanger. Sa première exposition date de 1988 à l’Institut français d’Oujda. Puis d’autres prestations suivent, tout d’abord au Maroc, puis dans les pays du Maghreb (l’Algérie et la Tunisie). Ensuite l’Europe qui ouvre ses portes à l’artiste marocaine Asmae El Ouariachi à partir de 2004, à travers plusieurs expositions en France, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Allemagne, et ce avant de s’installer, en 2008, en France.
